Pianissimo
Paris matin. Attablée dans un café du Quartier latin, j'observe ce monde si différent du mien, un monde en perpétuel mouvement.
Les images des derniers mois me reviennent en mémoire. Cet après-midi de juillet, sur la plage, l'appel de Valentine. La surprise, laissant place à une joie qui me submerge. Les mois qui défilent pour laisser place aux paysages fugaces du train, hier soir. Ce jeudi 3 novembre, je l'attendais avec impatience. Et pourtant, tout est passé si vite.
Nous sommes sans doute les lycéennes les plus fébriles en ce jour de rentrée.
Scherzando
Accompagnée de mes parents, je me dirige vers le siège des éditions situé à quelques pas de l'hôtel. Après avoir traversé la ravissante verrière, nous sommes accueillis par Héloïse d'Ormesson et Valentine - notre mystérieuse correspondante depuis plusieurs mois. Estelle est déjà là, je peux enfin mettre un visage sur celle avec qui j'échange depuis l'été. Dans une petite salle située en contrebas, Irène nous attend sagement, Clara et Ysaline arrivent peu après. Seule Zoé manque à l'appel, son train ayant du retard. Si les premiers mots sont empreints d'une légère gêne, rapidement la conversation se fluidifie, ponctuée d'éclats de rires - en grande partie grâce au sens de l'humour de Clara. La séance des dédicaces officielles se révèle plus délicate que nous ne le pensions, manquant cruellement d'inspiration pour la formulation. J'ai l'étrange sensation que nous nous connaissons depuis toujours, comme si autre chose que le hasard nous avait réuni là et maintenant.
Con brio
Après l'arrivée de la pétillante Zoé, nous partons à l'assaut de la capitale en vue du fameux "shooting photo". Le soleil brille ce matin, et même le ciel semble nous sourire. Les arènes de Lutèce, le Jardin des Plantes... Sous le regard parfois étonné des passants, Gérard, le photographe, parvient à nous arracher quelques sourires pas trop crispés. Pas trop.
Sur un banc, sur les marches, de face, de profil, avec l'affiche... Nous enchaînons les clichés telles des mannequins professionnels - les jambes interminables en moins. Nous dérogeons tout de même à la traditionnelle photo en train de sauter dans l'air, inaugurant la nouveauté 2016 : en file indienne dans les buissons, un moment épique. Ne cherchez pas à comprendre, nous n'avons nous-même pas très bien saisi le concept.
Dolce
Nous arrivons essoufflées aux éditions, pile à l'heure du déjeuner, où nous partageons un délicieux repas grec en compagnie de l'équipe des éditions. Nous profitons de ce moment convivial pour échanger avec ces professionnels de l'édition, poser des questions quant à l'organisation du prix, aux coulisses de la sélection. Mais trêve de bavardages : après une pointe de gourmandises (les fameux macarons !), nous filons à l'hôtel nous préparer pour l'interview vidéo avec les journalistes de Lechtot.
Vivace
Accompagnées par Valentine et Juliette, l'attachée de presse, nous quittons les éditions direction de la librairie Gilbert Jeunes, dernier étage, pour la séance de dédicaces. Arrivent peu à peu des anciens lauréats fidèles au rendez-vous, des proches, ou encore des passants curieux. Nous nous prêtons allègrement à l'exercice, plus fatiguant que je ne l'imaginais. Au bout de presque deux heures à griffonner des "bonne lecture !" et autres formules débordantes d'originalité, nous quittons non sans regrets notre stand pour rejoindre l'Hôtel de ville. Paris by night, so beautiful ! Malheureusement pour Zoé et moi, pourtant armées de notre appareil photo, nous n'avons pas une minute à perdre - tant pis pour les magnifiques clichés.
Crescendo
Nous pénétrons dans l'enceinte de l'Hôtel de ville. Des lustres aux peintures, du parquet ancien au tapis rouge... C'est encore plus grandiose que je ne l'imaginais. Je n'ai pas de mots pour d'écrire l'émerveillement que je ressens à cet instant précis, alors que nous gravissons non sans fierté les marches menant à la salle de réception. Autour de nous, que du beau monde : journalistes, écrivains, éditeurs... La foule se remplit au fur et à mesure que la pression monte.
Forte
Sur scène, la maire de Paris Anne Hidalgo ouvre la cérémonie avec un discours plein de justesse sur la culture et l'écriture. Elle est suivie par Erik Orsenna et son humour légendaire - j'en profite pour transmettre un message de sa part aux garçons : bon sang, que faites-vous ?
Puis l'intervention émouvante de la mère de Clara nous rappelle à chacune pourquoi nous sommes ici, que derrière ce prix, il y a des vies...
Fortissimo
Enfin arrive le moment fatidique : la remise du tant convoité sésame, suivi par LA question posée à chacune d'entre nous. Pour ma part, je ne me souviens pas précisément de ce que j'ai dit - même si la vidéo sur le téléphone de mon père est là en cas de besoin pour me le rappeler. Je me souviens surtout du bonheur que j'ai ressenti à cet instant, de la légèreté qui s'est emparée de mon corps tandis que les mots sortaient de ma bouche. Des silhouettes floues autour de moi, des applaudissements assourdis par les battements de mon cœur.
Diminuendo
Il y a eu les petits fours, les félicitations, les innombrables photos. Il y a eu les au revoir, l'after chez Anne-Élise. Il y a eu le retour en train, le lendemain, morose, à me repasser en boucle les dernières vingt-quatre heures, comme si ce précieux trésor pouvait m'échapper à tout moment. Mais il reste encore plein de belles choses à venir, l'aventure du Prix Clara ne s'arrête jamais vraiment. Elle est comme un point d'orgue pour nos années à venir, une symphonie de souvenirs et de rencontres que je n'oublierai pas. Merci aux Éditions Heloïse d'Ormesson d'avoir organisé cette inoubliable journée et à mes co-lauréates de l'avoir rendue plus merveilleuse encore.
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