Moi, vous me connaissez comme dirait l'autre...!
Donc je ne résiste pas à vous proposer cette critique du dernier livre de Jérôme Garcin (que je ne connais pas) par Pierre Assouline(que je connais).
Il n' y a pas si longtemps Pierre Assouline signait, il le fait peut-être encore , une chronique dans le Nouvel Observateur.
Pierre Assouline est l'un des rares auteurs français à avoir un agent...
Cette critique est un bijou...
Vraiment...
Et il n' y a pas besoin d'être serrurier pour en avoir les clefs...
Je pense qu'une critique littéraire écrite par P.A d'un livre de J.G traitant du milieu littéraire c'est de l'humour au troisième degré...si ce n'est au cinquiéme...à moins que cela ne soit au...septième arrondissement...chez...Gallimard?
P.Assouline souhaite très gentiment sur son blog une bonne année à ses amis, à ses ennemis, aux nomades et aux sédentaires...
Moi je lui souhaite une très bonne année à lui, Pierre Assouline, qui est pétri de talent et de culture et dont je me demande ce qu'il cherche à vouloir en permanence être bien avec tout le monde...
Surtout lorsque l'on sait à quel point il a souffert de la médiocrité et de la jalousie de ce milieu...
Pierre, si tu me lis, ce dont je doute, être bien avec tout le monde ne sert qu'à être encore plus déçu qu'on ne l'a déjà été...
Car tous ces gens, et tu le sais mieux que moi , sont là lorsque l'on a pas besoin d'eux et absents dès que l'on pourrait en avoir besoin...
Je ne vise personne en particulier...
J'ai éprouvé cela il y a longtemps...
Être courtisé par tous et puis dans la seconde suivante oublié de tous...
C'est pour cela qu'aujourd'hui je te souhaite sincèrement , à toi, une bonne année, mais je n'ai pas ta magnanimité avec "les autres" en général...
Tu sais ce que disais A.Camus,
"On aime l'humanité en général pour ne pas avoir à aimer les êtres en particulier"
Moi j'aime les êtres en particulier...
L'humanité c'est un trop gros chantier pour moi!
P.S: j'aime beaucoup ton blog...
Madame 10%
Depuis le temps que je me demande sans trop oser le demander d’où vient le générique du “Masque et la plume”, j’ai enfin trouvé la réponse : de Romance sans paroles de Mendelssohn. Je n’en espérais pas tant en ouvrant le nouveau roman de Jérôme Garcin Les soeurs de Prague (175 pages, 14,50 euros, Gallimard). En fait, je n’espérais rien, ignorant tout de l’histoire, malgré l’amitié qui me lie à l’auteur (non, ça ne me dérange pas de critiquer son livre malgré cela). Rien n’est agréable comme de pénétrer dans un texte sans rien en savoir, chose impossible avec les classiques précédés par leur légende.
Le narrateur est un journaliste qui écrit des romans, donne ses rendez-vous au Lutetia, abhorre l’expression ” se ressourcer”, se prescrit la lecture de Vie d’Henry Brulard comme un antidépresseur et ne sacrifie rien à sa passion du cheval (toute ressemblance etc.). Cavalier de l’allant et écrivain de la retenue, il est entrepris et même happé dès le début du récit par le personnage qui va le dominer de bout en bout, Klara Gottwald. Un certain Paris lui mange dans la main. Cette femme cynique et amorale qui ne croit en rien et ne respecte rien, est la principale agent littéraire et artistique sur le marché, intermédiaire incontournable des plus gros contrats d’édition et de cinéma. On croit qu’elle prend 10% en moyenne sur les affaires de ses clients alors que, selon elle, ce sont eux qui lui prennent 90% de ses revenus. Question de point de vue. Sa déontologie très particulière du métier la pousse à être également selon les circonstances une go-between attentionnée pourvoyant ses clients en chair fraîche importée de sa Tchécoslovaquie natale, DRH de soirées échangistes qui se veulent le prolongement naturel de son agence. Entre le festival de Cannes et celui de Deauville, elle est bientôt rejointe par Hilda, sa soeur de Prague. L’aînée règne, la cadette essaie d’être à la hauteur. Elles s’équilibrent, l’une aussi malsaine que l’autre est saine, leur relation étant fondée sur un pacte : le non-dit, l’oubli, l’amnésie de certaines années praguoises. Elles ont vécu l’invasion et l’exil et cela suffit à leur donner une autre acuité du monde. Les caractères sont très justes, jusque dans l’évocation des replis de l’âme. Si le narrateur emprunte quelques traits à l’auteur (et dans ce cas là, il ne se ménage guère), il est difficile de ne pas songer à la feue éminence grise Françoise Verny en Klara Gottwald, et pas uniquement pour les “chéris” d’adoubement. C’est elle qui le déssille au cours d’une soirée de dépucelage sociétal, et le sauve de l’engourdissement. Il ne s’agit pas d’un roman à clefs même s’il se veut très marqué par son époque, ainsi qu’en témoignent les noms (Angot, Nothomb, Sollers), les marques, les références, choix assumé au risque que ce roman paraisse un jour daté ; rien ne dit que de telles évocations aient encore un sens dans vingt ans, mais il n’est pas nécessaire de savoir qui était le producteur Humbert Balsan pour apprécier son beau portrait à la veille de son suicide.
On ne s’arrache pas facilement de ces pages car la peinture de la comédie littéraire, avec ses ridicules et ses travers, y est exempte des lieux communs habituels. Le prisme de l’agent, souvent accusé d’être responsable de tous les maux du grand mercato éditorial (surenchère, transferts…), est déjà original pour en démasquer les acteurs. Il représente ses clients et, pour ceux qui ne voient que la dimension du spectacle en toute société, tout est dit. C’est sombre et cruel, mais il est vrai que le milieu dans lequel ces gens évoluent n’est pas très clair. Pour être féroce, l’étude des moeurs n’en sonne pas moins juste. On verrait bien un film de Chabrol se profiler derrière le roman, un agent saurait monter ça (10%…). Au fond, en dépit de la naïveté affichée du narrateur, c’est un roman dur et c’est ce qui lui donne sa valeur, au-delà du seul plaisir du texte. D’autant qu’en contrebande, entre les pages 80 et 84, Jérôme Garcin s’offre le luxe de se débarrasser d’un autre désir de roman qui a certainement dû le hanter, ce genre de pulsion irrépressible qui prend un écrivain par une matinée de septembre au cours d’une promenade pluvieuse dans une ville de Normandie, lorsque d’une vieille carte postale en noir et blanc évoquant une remise de décorations militaires en 1915 sur la plage face au Casino, surgit une Atlantide.
Mais peut-être que Pierre Assouline aime très sincèrement le livre de Jérôme Garcin. Ce serait bien son droit, non? ça doit être fatigant à la fin, quand on est critique, on doit plus pouvoir rien aimer (et dire qu'on a aimé) sans que quelqu'un prenne ça pour du fayotage ou un truc pour se placer là où il faut.
Et puis, d'ailleurs, personne n'a jamais fait jamais d'articles sur vos livres dans les journaux juste pour faire plaisir à HélOîse d'ormesson??
Ca marche pour tout le monde, et si en plus les livres sont bons, tant mieux. S'ils sont nuls, c'est autre chose, moi, je n'ai pas encore lu celui de Garcin, je me prononcerai après.
Rédigé par : whynet | 04 janvier 2007 à 12:37