À lire un bon article du Figaro concernant le désamour qui touche la filière littéraire...
Bref, comment la société va fabriquer des gens qui ne sauront plus ni lire, ni écrire...
L'avenir de l'édition et de la littérature sentirait il le sapin?
Jadis considérée comme la plus prestigieuse, la filière L est aujourd'hui boudée par les lycéens.
LA SÉRIE littéraire est « menacée d'une extinction rapide ». Tel est le constat alarmant dressé par les inspections générales de l'Éducation nationale dans un récent rapport, « Évaluation des mesures prises pour revaloriser la série littéraire au lycée ». En quinze ans, les effectifs de la série L ont baissé de 28 % quand ceux de la filière économique et sociale (ES) augmentaient de 18 %, et ceux de la série scientifique (S) de 4 %. Ils se rapprochent du seuil des 10 % du total des effectifs des formations générales, « seuil en deçà duquel la série serait menacée d'extinction », observent les inspections générales. Pourtant « exigeante », cette filière est souvent présentée de façon caricaturale comme une série sympathique, où l'on a du temps pour soi, peuplée pour l'essentiel de jeunes filles fâchées avec les maths, et qui ne mènerait à rien, hormis à l'enseignement.
Cette évolution ne date certes pas d'hier. Depuis 1882, date à laquelle une filière « moderne » est créée, pour laquelle l'apprentissage du latin n'est plus obligatoire, l'histoire du lycée français traduit l'apparition puis l'hégémonie des disciplines scientifiques au détriment des humanités classiques. « Les enjeux ne sont pas minces », pour les inspections générales. Car derrière le déclin de cette formation se profile la menace « de voir disparaître un pan essentiel de notre culture ».
« D'autres approches du réel »
Depuis quinze ans, les autorités ont vainement tenté de contrecarrer l'hémorragie. Les résultats du bac contribuent à rendre la série L moins attractive. Aussi bien les taux de succès que la proportion des mentions sont inférieurs à celle des autres séries : il est plus facile d'obtenir une très bonne note en mathématiques ou en sciences physiques qu'en philosophie ou en histoire. Désormais, même les prépas littéraires recrutent autant dans les autres séries qu'en L. Et le niveau d'exigence des concours est tel que seulement 10 % des élèves des prépas littéraires intègrent une formation d'excellence comme les ENS ou les IEP alors que 95 % des élèves des prépas scientifiques intègrent une école de commerce ou d'ingénieur.
L'adjectif « littéraire » lui-même a pris une connotation péjorative, « qui l'identifie à une approche approximative du réel ». À tort, selon les inspecteurs, qui relèvent que la rigueur n'est pas exclue de la filière L, qui « valorise d'autres approches du réel, la prise de distance critique et la problématisation ».
Les inspections accusent une « nouvelle hiérarchie des valeurs » qui privilégie « les domaines scientifiques et techniques ». Une hiérarchie accentuée par une évolution divergente des séries S et L.
Si la première s'est affirmée comme une «vraie » série générale, ouvrant de très larges débouchés, la seconde s'est spécialisée, « sans s'en donner vraiment les moyens », sur un champ « littéraire difficile à identifier ». Parallèlement, la série ES crée une « concurrence directe » à la série L en préparant « largement » aux études de droit et de sciences humaines. Aujourd'hui, seuls quelques établissements de création relativement récente ou des lycées de centre-ville réputés et pourvus de classes préparatoires aux grandes écoles savent attirer de bons élèves en L. Les inspections générales, qui plaident pour un plan de sauvetage, proposent de préparer les choix professionnels des lycéens, notamment grâce à des enseignements optionnels. La mission imagine ainsi des pôles, centrés sur une dominante comme « communication et maîtrise des langages », « arts et cultures » ou « institutions et droit ». Surtout, elle recommande de redonner aux mathéma tiques et aux sciences la place qu'elles ont totalement perdue en série L, pour rééquilibrer cette série par rapport à S et à ES.
tant mieux !
Quand les vents du désert souffleront à qui mieux mieux dans les filières littéraires, que l'art de la composition écrite s'apparentera au culte oublié d'une civilisation perdue au moins de vue, que "Les Métamorphoses" d'Ovide seront prises pour une nouvelle marque de lingerie féminine, alors, un jour, de pauvres hères aux têtes farcies de formules mathématiques et de messages SMS ressentiront comme un manque au niveau de leur dure-mère, comme un épaississement de leur langue (épar)pillée, comme une brume impénétrable et butée entre l'idée conçue et son expression.
Alors, se mettant à genoux et penchant leurs fronts comme les croyants vers La Mecque, ils imploreront, ces béotiens, les quelques littéraires rescapés du massacre, qui sortiront à petit pas du maquis où ils s'étaient planqués, tenant pieusement l'ordonnance de Villers-Cotterêts sous le bras et récitant, sans se tromper, un poème de Verlaine dans son entier (sisi).
Et on s'ra ach'ment mieux payés que n'importe quel intermittent du spectacle...
Clopine, pour la sélection naturelle
Rédigé par : Clopine Trouillefou | 07 décembre 2006 à 16:45
merci ! interesting but sad. :(
Rédigé par : Account Deleted | 07 décembre 2006 à 14:27