Alors que j'étais en train de préparer une note sur Francfort arrive ce joli papier d'Évelyne Bloch-Dano.
Préférant ma femme à la foire (ce que ne confirmeront pas tous mes copains, les vrais et les faux, j'ai voulu vous faire partager ce joli moment.
Et puis le temps étant un peu maussade et les affaires tristes, je me suis dit qu'un petit rayon de soleil , représenté par Héloïse, ne pourrait faire de mal à personne.
Pour les chaudes soirées d'Outre Rhin il va falloir attendre encore un peu, le temps peut-être que les atmosphères enfumées et alcoolisées des bars aient finies de m'embrumer la tête...
Mais que ceux qui s'impatientent ne désespèrent pas il y en aura une fois de plus pour tout le monde...
D'ici là très bonne lecture!
"La surprise d'O" par Evelyne Bloch-Dano
Murs immaculés, mobilier minimaliste, le décor de son bureau au 87, boulevard Saint-Michel, à Paris, est à son image, zen. Connue dans le métier sous l’acronyme H2O, Héloïse d’Ormesson paraît sereine à l’heure d’entrer dans la bagarre de la rentrée littéraire. D’autant plus qu’elle a limité les risques d’ensevelir sa production sous les piles des libraires en ne publiant, en septembre-octobre, que quatre livres, dont l’excellent Les Liens du sang, de Ceridwen Dovey (lire Le Magazine Littéraire n° 478, p. 43). Tranquille, discrète même, quand son compagnon, Gilles Cohen-Solal, tourbillonne dans la pièce et s’emporte à tout propos. « L’édition, explique Héloïse d’Ormesson, est un mode de vie qui vous dévore. Alors autant le partager en couple si l’on veut se voir de temps en temps! »
C’est avec ce zébulon qu’elle a décidé, en 2005, de créer sa propre maison d’édition. Si l’on en croit Tatiana de Rosnay, une de leurs auteurs fétiches, ils seraient les « Richard Burton et Liz Taylor du livre ». Théâtral, Gilles Cohen-Solal, ancien représentant chez Robert Laffont, affirme en tout cas s’être donné pour tâche de mettre « dans la lumière ce soleil qui se tenait dans l’ombre ». Dans l’ombre de son père, surtout, l’espiègle Jean d’Ormesson, dans l’hôtel particulier neuilléen duquel elle a vécu bien au-delà de l’âge légal d’émancipation. Un Jean d’O qui n’hésite pas à déclarer: « Ce que j’ai fait de mieux dans ma vie, c’est ma fille. Je suis plus fier d’elle que de moi. » Sa proximité admirative avec son père en a fait le témoin précoce des états d’âme de l’écrivain, de ses angoisses au moment de la publication. Aujourd’hui, elle connaît d’ailleurs les besoins des auteurs et n’a pas hésité à aménager, sur le même palier que ses bureaux, un appartement qui leur est entièrement dédié.
Sans doute est-ce aussi pour contourner la pression paternelle qu’elle a longtemps hésité avant de baptiser sa maison de son nom. Elle n’y a consenti que sur les conseils avisés d’Anne Carrière, fille de… Robert Laffont. « Je sais qu’elle ne voulait pas publier son père de peur de se fâcher avec lui », confie un de ses intimes, ajoutant qu’Héloïse d’Ormesson ressentait le besoin de faire ses preuves en tant qu’éditrice. Un métier auquel, malgré ses vingt ans d’expérience (au service de la collection Bouquins, chez Flammarion ou chez Denoël), elle n’avait jamais directement songé. « Si j’avais été seule dans cette aventure, je serais peut-être devenue agent littéraire à mon départ de Denoël », explique l’intéressée qui, enfant, rêvait de devenir patineuse ou infirmière. À cette époque, fascinée par « l’objet-livre », elle dévorait Croc-Blanc et n’a cessé depuis de croire en ce qu’elle appelle le « romanesque de qualité ».
Si sa mère l’a conseillée pour la création de sa maison d’édition et lui a transmis son goût de l’entreprise, sa référence absolue demeure son grand-père maternel, l’industriel du sucre et du papier Ferdinand Béghin. Elle doit à leurs discussions son tempérament et son aptitude à se construire dans l’opposition. « Raisonnable, volontaire, n’ayant jamais dit “oui” à un homme »: ainsi se décrit-elle, à bientôt 46 ans, aux antipodes du portrait de petite fille modèle que l’on a toujours voulu dresser d’elle. « C’est vrai qu’Héloïse vient de la grande bourgeoisie, mais elle est à mille lieues de l’image de ses parents. Elle peut organiser des dîners avec des convives importants pour ses affaires et leur servir un banal plat de pâtes », s’amuse une amie.
Bien que très courtisée, la fille unique de Jean d’Ormesson ne s’inscrit guère dans la comédie germanopratine. Pas de jeu de séduction, pas d’engouement circonstanciel, pas de « coup » éditorial, mais des liens dans la durée qui constituent la base de son travail. « C’est Gilles Cohen-Solal qui m’a arraché le manuscrit d’Elle s’appelait Sarah, que je ne voulais plus montrer tant j’avais essuyé de refus, et Héloïse s’est acharnée. Elle l’a vendu dans le monde entier avant d’en faire un best-seller en France », raconte encore Tatiana de Rosnay. Une fidélité qui sera également récompensée pour Celle qui plante les arbres, de Wangari Maathai, grand prix des lectrices d’Elle 2008. Pas mal pour celle qui rêvait d’exister par elle-même…
Évelyne Bloch-Dano & François Aubel
Merci au "Magazine Littéraire"
numero d''Octobre 2008
Photo Sandrine Roudeix
C'est vrai, Héloïse est très belle. Qui ne peut l'aimer, elle prend tellement de son temps pour écouter les auteurs inconnu(e)s. Aujourd'hui, cela en fait une fleur rare.
Quoique, avec toi, Héroïse serait plus approprié.
Rédigé par : martingrall | 22 octobre 2008 à 08:14