Voici la 150e note du blog de Didier Jacob...
Cela va commencer à faire sérieux...
Dans la quantité...
Le problème chez ce garçon c'est que la quantité et la qualité sont intimement liées...
Pas comme chez Sorin...
Raphaël c'est tout l'inverse: rien pendant longtemps et puis un trait de génie...
Et puis c'est fini pour un moment!
Chez Didier, un peu comme chez Pierre Assouline, c'est l'inverse:
comme disait comme ami (si, c'est vrai!) Frédéric Dard, c'est en écrivant qu'on devient écriveron!
Et bien c'est en critiquant que l'on devient critiqueron!
Par ailleurs le sieur bartleby (découvert par hasard sur le site France-Bucarest de mon ami écatarina) est l'illustration du contraire! Venu de nulle galaxie connue de nous , il fait des étincelles géniales -il suffit de lire la note intitulée-Une vraie découverte- sur ce blog pour s'en rendre compte!
Donc la littérature permet tout et son contraire et c'est peut-être, sûrement pour cela que nous l'aimons ous aussi passionnément!
Et maintenant, Mesdames et Messieurs, la 150e de DIDIER JACOB!
21 février 2008
150ème !
Non pas comment ils travaillent, mais où. C’est la question que j’ai souvent posée, depuis quelques années, en fin d’interview, aux écrivains que j’ai rencontrés. Je me suis aperçu que, dans cette question, posée parfois à des milliers de kilomètres de leur lieu de travail, ils se sentaient à l’aise. Cette question, ils l’habitaient. Mises bout à bout pour l’occasion de cette cent-cinquantième chronique, leurs réponses n’ont pas valeur scientifique, bien sûr, mais elles témoignent de la manière singulière dont chacun, en somme, se prépare à affronter ce moment de l’écriture. Assis, couché, debout ? J’ai pensé qu’il y aurait, pour nous, lecteurs, un petit plaisir à surprendre, dans leur intimité, ces écrivains dont, pour la plupart, nous aimons les livres. De Lovay à Crichton, de Coetzee à Butor, je me suis imaginé tous ces écrivains d’aujourd’hui, ici réunis comme Rimbaud ou Verlaine dans le célèbre tableau de Fantin-Latour.
Je remercie, pour sa participation généreuse, Philippe Beck, qui a accepté de raconter (et pour la première fois de photographier) le bureau où il travaille. Merci à Jean Rouaud, pour son beau texte et à Joséphine Rouaud, qui a accepté d’immortaliser le bureau de son père. Un très chaleureux merci, également, à la grande romancière israélienne Zeruya Shalev, qui a photographié spécialement pour cette occasion sa table de travail. A tous les trois, mon amicale pensée.
Dave Eggers (2003)
J’écris la nuit, de 10 heures du soir à 3 ou 4 heures du matin. J’écris sur un canapé, le portable sur mes genoux, sinon j’ai mal au dos. Je lis beaucoup aussi : Nabokov, Saul Bellow, Hemingway... Je les lis pour la beauté de leurs phrases. J’aime que la phrase soit fluide comme un morceau de musique. Voilà. Je m’allonge à moitié, je mets de la musique et je commence à écrire.
Donald Antrim (2008)
Depuis un certain temps, l’endroit où j’écris d’habitude est surchargé de papiers, de factures, de tout et n’importe quoi. C’est une petite pièce, chez moi, et c’est là que j’ai écrit le meilleur de tout ce que j’ai écrit. Est-ce un hasard si cette pièce est pour l’instant impraticable ? Non, sans doute. C’est bien le signe qu’une page est tournée. Du coup, je travaille en ce moment sur le canapé du salon, confortablement installé, avec mon portable. Mon bureau n’est rien de plus qu’un débarras, pour l’instant.
Jean-Marc Lovay (2002)
J’ai écrit « Polenta » la nuit, à la bougie. Je descendais de temps à autre pour les chèvres. « La Conférence de Stockholm », je l’ai écrit en Australie, chez l’habitant. Du soir jusqu’au matin, avec une bouteille de gnôle. A une époque, j’avais un minuscule alambic que mon frère m’avait fabriqué avec une cocotte-minute. Je la mettais sur un poêle à gaz, avec mon pruneau que j’avais mis à fermenter. Avec cet équipement, il me fallait deux heures et demie pour faire une bouteille. J’ai corrigé le « Colonel Fürst » comme ça: je travaillais deux heures et j’avais mon litre de prune. Quand je travaillais bien, j’en faisais trois dans la soirée.
Arundhati Roy (2001)
Je refuse d'avoir une secrétaire, même si le courrier m'arrive du monde entier. Parfois, j’attrape une pile de lettres, et je la fourre dans la corbeille.
Gamal Ghitany (2004)
Sur mon bureau sont gravés des poèmes de la tradition arabe sur le temps. A côté de moi, j'ai toujours sous la main les grands livres de ma vie: Ibn Arabi, « Le Livre des morts », « Moby Dick », « Les Frères Karamazov », « A la recherche du temps perdu », « Le Désert des Tartares ». Des albums de peinture, aussi. Magritte, Balthus, Picasso, les miniatures persanes, des ouvrages sur les tapis.
Richard Ford (2002)
Je conserve mes notes au congélateur. Ce sont des cahiers entiers. J’ai aussi une boîte en carton, où je stocke des petits bouts de papier, qui sont des romans en puissance.
Frederick Forsyth (2004)
C'est dans une grange, sous les toits, au-dessus du garage. Il y a un canapé, une machine pour faire le café. Au fond de la pièce, j'ai une très grande table où je peux étaler mes documents autour de la machine à écrire. Je n'ai pas de téléphone. J'écris pendant cinquante jours après environ six mois de recherches. Je commence à 6 heures du matin, et je termine à midi. Ma ration, c'est 10 pages par jour. Je prépare longuement et je tape vite. C'est tellement ennuyeux d'écrire!
Ian McEwan (2003)
Comme tous mes collègues, je suis harcelé par toutes sortes de demandes. J'aimerais que l'endroit où je travaille ne soit pas le même que celui où je reçois mon courrier. Mais j'ai 55 ans et je n'ai toujours pas résolu le problème. J'ai des amis qui sont beaucoup mieux organisés, comme Julian Barnes. Il répond à ses lettres tous les matins avant de commencer à travailler. Il m'a montré son bureau récemment. Pas un seul bout de papier qui ne soit à sa place. J'adorerais être aussi ordonné, mais j'en suis incapable.
David Albahari (2004)
Ce roman, je l'ai écrit la nuit, à la main, sur la table de la cuisine. J'étais assis d'un côté, ma femme était assise de l'autre. Elle travaillait dans la journée, et je voulais passer plus de temps avec elle. Elle était donc là, pendant que j'écrivais, occupée à ses affaires ou lisant un livre. Le lendemain, je retapais le travail de la veille sur mon ordinateur.
Paul Auster (2004)
J'écris toujours avec un porte-plume, parce que l'encre coule bien, que les mots sortent facilement du stylo. Parfois aussi avec un criterium, quand j'hésite encore. Je gomme alors beaucoup. Mais toujours dans des carnets Clairefontaine. Il y a aussi ma vieille machine à écrire. Ce n'est pas que je suis tombé amoureux d'elle, mais elle me convient. Je n'ai jamais éprouvé le besoin de travailler sur ordinateur. J'écris donc lentement, à la plume, guère plus d'une ou deux pages par jour, trois dans les journées miracles.
J. M. Coetzee (2004)
Mon bureau est au deuxième étage ; il est tourné vers l'ouest, et surplombe une vallée de pierres sur laquelle des hauts pins jettent leur ombre. J'écris sur une table face à un mur blanc. Derrière moi, des étagères avec des livres. A ma droite se trouve le bureau que j'utilisais quand j'étais à l'école. Dans ses tiroirs, je range mon papier à écrire.
Michael Crichton (2003)
Je loue une petite maison qui me sert de bureau, à quelques kilomètres de chez moi. C'est assez petit. Les stores sont fermés. Il y a trois images au mur: une photographie de Cartier-Bresson, une autre de Clark Gable et de Gary Cooper en train de rire et, derrière ma chaise, une lithographie de David Hockney. Je travaille sur un grand bureau en bois, en désordre, avec des papiers, des livres, et mon ordinateur au centre. Il y a aussi une radio que je n'allume jamais. Et j'ai toujours sur ma chaise des vêtements qui restent là pendant des semaines. Je dépose ma fille à l'arrêt de bus avant d'aller travailler, et je suis à mon bureau de 7 heures 30 à 13 heures. Parfois aussi l'après-midi, et le soir. Toujours à peu près le même nombre. J'ai établi un graphique, que je surveille tous les jours, pour savoir où j'en suis de ma progression. C'est une manière de me récompenser de ma journée de travail. Depuis mes premiers livres, la courbe de créativité était toujours la même. Un assez lent démarrage, et puis un arrêt. Après quoi la courbe ne cesse d'augmenter jusqu'au point final.
Richard Powers (2004)
J'écris couché. Je dicte à l'ordinateur qui reconnaît ma voix et transcrit la parole en mots. Quand j'ai commencé, j'écrivais encore au stylo. Puis j'ai travaillé au clavier, pour utiliser finalement une tablette graphique, retrouvant ce plaisir d'écrire à la main tandis que l'ordinateur reconnaissait mon écriture. La technologie, c'est capital. Terrifiant même parfois : songez que Balzac aurait pu écrire deux fois plus, s'il avait possédé un ordinateur!
Philippe Beck (2008)
Merci de l’invitation à définir ou décrire le Bureau. Il est un grand oublié présent. Je ne parlerai pas du tertiaire privé. Bureau est en même temps la partie et le tout. A) La partie : une table publique et non visitable (en principe). Etendue de bois marron ici, un tremplin dur et solide. Comme la ronce de noyer du piano centenaire. B) Le tout : une chambre de poésie, composée du lit derrière le bureau même, parallèlement, et d’une bibliothèque de poésie devant le plan, le long du mur principal. (La table de nuit, dans l’intervalle, est bureau continué.) Debout, je peux m’arrêter au « Bureau de Poésie » (si l’expression passe). Les livres sont classés alphabétiquement - ou ils risquent de se perdre. Assis, je suis dos au lit. Au clavier, j’ai sous les yeux ou sur eux (devant, en haut, en face, à main gauche et main droite) un pan des efforts pour faire des phrases de rythme, les chants plus ou moins contenus. « Nous sommes les sujets d’une tentative. » (Thoreau) Derrière le mur, et dans la bibliothèque même (dans l’idée), il y a l’horizon. Le reste de Bibliothèque se répartit dans l’appartement (en chantier). C’est donc une Chambre-Bureau, et l’inverse. Il y a deux plans de repos et de non repos. Repos travaillant, et travail reposant. Le repos du pacifique relatif. (« Put up your bright swords or the dew will rust them », Othello, I, 2) Du lit, je vois le bureau ; face à lui, un lit est invisible, temporairement.
Tim Winton (2004)
Tout ce dont j'ai besoin pour écrire, c'est de calme. Et surtout pas de vue. Pendant des années, j'ai écrit dans une cabane au fond du jardin. Maintenant, je me suis embourgeoisé, j'ai une vraie bibliothèque avec une échelle. Il y a une fenêtre qui a vue sur un mur. Sinon je ne peux pas travailler. Quand je vois qu'il fait beau, je ne peux pas m'empêcher d'aller sur la plage, de prendre mon bateau ou bien ma voiture et de rouler dans le désert, d'aller m'allonger par terre, de rester là des heures en regardant le ciel.
Vikram Seth (2007)
J'habite partiellement en Grande-Bretagne, et j'écris le plus souvent dans une chambre d'hôtel. Couché, d'ailleurs. C'est ma position favorite pour écrire.
Monika Fagerhom (2007)
Je vis à la campagne, dans les bois. Mon mari construit des maisons, et il a construit la nôtre, qui est très ouverte sur l'extérieur. J'écris parfois dans cette maison, parfois dans la maison d'été, celle de mon enfance, qui est très isolée. Bizarrement, elle est située à seulement vingt minutes de Helsinki, mais vous pouvez passer des semaines là-bas sans voir littéralement personne. Donc il n'y a rien à faire d'autre qu'écrire. Je n'ai qu'une seule règle : écrire tous les jours. C'est ce que je fais. Je me lève très tôt, vers 5 heures, et j'écris. Mon problème est que l'écriture peut devenir obsessionnelle. J'écris trop. Je peux écrire pendant neuf, dix heures, quasiment sans pause. Etre dans un livre pendant dix heures. C'est épuisant. Je ne cherche pas à savoir si ce que je viens d'écrire est bon ou non, la technique. Je m'en occupe beaucoup plus tard. J'écris plusieurs versions, ça fait très vite des milliers de pages. Je me méfie des plans. Je préfère commencer à écrire, raconter l'histoire que j'ai en tête, j'écris pendant un mois, j'ai ma colonne vertébrale. Puis je commence à explorer tous les possibles, mais en écrivant, pas en y pensant. J'accumule beaucoup de pages. Je travaille à l'ordinateur, mais je tire souvent une version papier, et si je dois couper, je coupe avec des ciseaux. Je suis attachée au côté sensuel de l'écriture. Et au jeu. L'écriture doit être un jeu. C'est parfois aussi un cauchemar. Je suis tellement dans mon livre. Avalée par lui. Immergée. Oui, c'est fatigant. Comme de se perdre dans une forêt. C'est la même sensation, et elle n'est pas très agréable. Se perdre dans sa propre création pendant toutes ces années, sans que personne ne puisse venir vous chercher, et revivre cette sensation chaque fois qu'on commence un autre livre, qui voudrait vivre ainsi ?
Pierre Michon (2007)
J'ai longtemps écrit pour ma mère. Pas de façon déclarative, mais on m'a dit récemment, et ça m'a fait réfléchir : « Tu écris comme ta mère parlait. » Ma mère est morte en 2001. Elle parlait juste et bien. L'hystérique qui se met à ma place et me dit « pousse-toi abruti », cet hystérique en moi, ça pourrait être ma mère. C'est une femme qui avait 20 ans en 1934. C'est cette langue-là qu'elle parle. Il se peut que tout ce que j'écris soit une manière pour moi de faire une place à ma mère en moi.
Mark Z. Danielewski (2007)
Un grand bureau, un ordinateur, une fenêtre qui donne sur les toits de Los Angeles. Je note des choses directement sur le plateau de mon bureau, qui est en bois. Je peux inscrire des idées ou un numéro de téléphone. Et je change de plateau chaque fois que je commence un nouveau livre. Pour « La Maison des feuilles », mon bureau était couvert d'inscriptions de toutes sortes. Et, de même, j'ai su que j'avais vraiment terminé « O Révolutions » quand j'ai remplacé le plateau de mon bureau par un neuf, complètement vierge, comme une page blanche.
Derek Walcott (2004)
Dans les Caraïbes, j'ai une maison avec une vue extraordinaire. Mais pas quand j'écris. C'est mon seul conseil : n'écrivez jamais avec une fenêtre donnant sur la mer. Car vous finirez comme un de ces idiots qui se croient poètes parce qu'ils ont l'air inspiré.
Philippe Djian (2005)
C'est abominable. Pendant près d'un an, tous les matins, c'est terrible. C'est une souffrance mais aussi un plaisir sans cesse renouvelé. Il suffit d'un rien, une petite phrase réussie, pour avoir l'impression de toucher à quelque chose. Une sorte de maîtrise. C'est ce que j'avais dit à propos de Richard Brautigan - qu'il avait réussi à faire tenir une tragédie grecque dans un dé à coudre. Voilà pourquoi tous les matins je suis à ma machine en train de me demander si ça va marcher encore une fois. Et ça marche. Ça revient. Je sens quand ça revient. Et je sens que ça va me faire du bien. Et quand c'est là, je ne fais rien. Je reste assis. Je suis bien. Chacune de mes phrases est écrite comme si elle devait être la dernière. Ça a l'air très prétentieux. Mais c'est vrai. Je ne reste jamais sur quelque chose de moyen, en me disant : je verrai demain. Jamais. Tant que je ne suis pas sûr de mon affaire, je ne me lève pas de mon bureau. Parce que je sais qu'un jour ma dernière phrase viendra. Et il y a intérêt à ce que cette phrase soit la bonne.
Nick Hornby (2005)
J'ai acheté un deux-pièces il y a huit ou neuf ans, à cinq minutes de la maison. J'aime la séparation des deux. De mon bureau, je vois les petites maisons et le nouveau stade d'Arsenal, actuellement en construction, qui mange peu à peu l'horizon. Je ne m'y attendais pas en achetant cet appartement : de ma fenêtre, je vois l'ancien stade, et maintenant le nouveau. Vous voyez, je ne vais pas me désintéresser du foot de sitôt!
Cinthya Ozick (2005)
J’écris jusqu'à 3 ou 4 heures. Puis je dors jusqu'à midi. Je dois, ces jours-ci, rencontrer des journalistes dès 10 heures le matin, mais je n'ai pas été debout à une heure pareille depuis des décennies. 10 heures... C'est l'aube, pour moi.
Jean Rouaud (2006)
C'est la première fois que je ne travaille pas devant un mur. C'est une pièce mansardée qui donne sur les toits et la campagne. J'écris à l'ordinateur, face à la fenêtre, je tire les rideaux l'hiver parce que le soleil m'aveugle, sinon. J'ai une ancienne table de cuisine sur laquelle j'ai tous mes fétiches. Une statuette de Don Quichotte que j'ai mise en couple avec une figurine malgache. En face de moi, il y a une photo de Malcolm Lowry, pris de profil au bord d'un lac, un portrait de Stevenson, une photo de Tchekhov et une de Cassavetes, une carte postale de Chateaubriand que j'ai intégrée dans un tableau, une image de Hiroshige. J'ai mes dictionnaires Larousse et Robert, quelques histoires de la littérature française, et derrière moi, dans une bibliothèque, mes « happy few ». Mes livres de coeur. J'ai ainsi l'impression, quand je m'installe à ma table, d'intégrer mon domaine de rêverie. C'est toute ma famille d'esprit ; oui, mon portrait chinois en trois dimensions.
Jean Rouaud (2008)
Je travaille sous la haute protection de Stevenson (portrait en haut à gauche, sur lequel j’ai rajouté un phylactère reprenant une phrase de lui que j’avais mise en exergue de « L’Imitation du bonheur » : « Il est plus honnête de confesser immédiatement à quel point je suis peu accessible au désir d’exactitude »), Malcolm Lowry (portrait de profil au-dessus de l’ordinateur, auteur de mon livre de coeur « Ecoute notre voix, ô Seigneur », recueil dans lequel on trouve une absolue merveille : « Le sentier de la source »), et Cervantès via une statuette de Don Quichotte achetée à Tolède au milieu de trois mille autres, pour ne jamais oublier son extraordinaire liberté de ton et d’esprit. Et puis tout à droite, fixant de profil notre grand cinglé, celle que j’appelle ma princesse malgache, petite statuette en bois provenant de Madagascar d’une très jeune femme portant un bébé dans son dos. Et qui est d’une beauté recueillie. Pour le reste, ça fait un peu autel, mais après tout, j’en tiens pour la présence réelle du monde dans le texte.
Michel Butor (2006)
Quand je suis à Lucinges, je me lève vers 7 heures du matin, j'ouvre les volets, et je regarde les informations à la télé en buvant beaucoup de thé. Puis je m'habille, et le chien me sort. C'est lui qui l'exige. Donc tous les jours, nous allons marcher. C'est très important. C'est ainsi que les idées me viennent. Ensuite j'épluche le courrier. Et je consacre une ou deux journées par semaine à répondre à ceux qui m'écrivent. Je suis plus lent qu'autrefois. Je fabrique des petits collages, qui m'évitent les longues lettres. Le reste du temps, j'écris mes livres. Le soir, je dîne ; parfois nous regardons un film avec ma femme à la télé. Et voilà, je me couche et je lis. En ce moment, je suis dans un énorme ensemble de contes indiens qui date du Moyen Age, « Océan des rivières de contes ».
Martin Amis (2007)
Je perds moins de temps. Autrefois, je pouvais passer des heures à me heurter à un mur sans pouvoir trouver de solution. A présent, je m'assois dans un fauteuil, et je lis un livre. Quand au bout de quelques heures, ou de quelques jours, mes pieds m'emmènent d'eux-mêmes à mon bureau, c'est que je suis enfin prêt. Les écrivains expérimentés savent comment utiliser leur énergie sans la dilapider bêtement.
Jean Rolin (2006)
Je bouge moins. Ça me manque. Quand j'écris des livres, je ne vis pas à Paris. J'ai besoin de silence, d'éloignement. Je travaille beaucoup à Saint-Nazaire, j'aime cette ville. Je navigue aussi, dès que je le peux. Mon rêve serait d'avoir un arrangement avec une compagnie maritime, en échange d'un service à définir, qui me permettrait de disposer en permanence d'une cabine à bord d'un de leurs navires. Me satelliser de manière quasi permanente, sur des lignes différentes, serait pour moi idéal. Je ne me sens nulle part mieux que sur un cargo.
Zeruya Shalev (2007)
L'écriture est un luxe. Je peux rester à la maison ; je ne vois personne. Moi et l'ordinateur. Oui, quel privilège. Moi et ces vies sans fin que je peux inventer.
@ Solal,
j'aimerais bien savoir qui se cache sous ce pseudonyme qui n'est pas innocent, loin de là...
je suis certain de pouvoir transmettre des amitiés à ce "Solal"...
Rédigé par : Gillou le Fou | 27 février 2008 à 08:29
@ peu importe,
désolé pour cette erreur dommageable à deux auteurs que j'admire mais je l'ai trouvée (la phrase , donc l'erreur!) en exergue d'un livre de F.Dard sans qu'il cite le nom de l'auteur (ce qui n'était pas son genre-la preuve il a même cité Albert Benloulou qui pour être son ami n'était pas moins un non-auteur(de livres, pas de phrases- faut suivre merde!)donc mille excuses!
Rédigé par : Gillou le Fou | 27 février 2008 à 08:27
Tant que la flamme brille, il est encore de temps de ...
Rédigé par : Solal | 26 février 2008 à 21:27
"c'est en écrivant qu'on devient écriveron", c'est de Raymond Queneau, pas de F. Dard !
Rédigé par : peu importe | 26 février 2008 à 20:08