François Nourissier quitte le jury Goncourt pour raisons de santé.
Est la fin d'une époque?
Oui, sans aucun doute comme dirait Julien Courbé!
Bon il y a surement des choses à dire pertinentes, intelligentes voir éclairées...
Moi, personnellement, j'aime bien François et pas Nourissier alors franchement ça m'arrange!
pour le reste j'ai retrouvé une note de Didier Jacob datant du 23 novembre 2006 et s'intitulant :
Goncourassik Park,
Je ne sais pas pourquoi mais cela me semble de saison....
Bien évidemment après les communiqués officiels, faut pas déconner!
L'écrivain, 80 ans, est contraint de laisser son siège qu'il occupait depuis 30 ans « pour raisons de santé ».
L'Académie Goncourt perd un de ses jurés. François Nourissier, citant des «raisons de santé » en a démissionné. C'est la fin d'une histoire de 30 ans. L'écrivain, âgé de 80 ans, avait été élu à l'Académie Goncourt en 1977 au couvert de Raymond Queneau avant d'en devenir secrétaire général en 1983 puis président de 1996 à 2002. Un poste auquel Edmonde Charles-Roux l'a remplacé.
Auteur d'une vingtaine de romans, souvent autobiographiques, François Nourissier publie en 1951 son premier livre l'Eau Grise. La consécration vient en 1966 avec une Histoire française qui reçoit le Grand Prix du Roman de l'Académie Française. Quatre ans plus tard c'est le Femina qui couronne La Crève. Son dernier ouvrage, la Maison Mélancolie, est sorti en 2005. En 2003, dans le Prince des Berlingots, il avait évoqué son combat contre la maladie de Parkinson. Son successeur au jury Goncourt sera désigné dans les prochains mois.
L'Académie Goncourt se réforme
La démission du romancier coïncide avec le déjeuner de rentrée de l'Académie Goncourt. Les membres de l'Académie ont profité, mardi, de ce rendez-vous mensuel pour modifier son règlement intérieur. Dorénavant, seul le vote des membres du jury présents sera pris en considération lors du vote pour le prix Goncourt. Le scrutin ne pourra se porter que sur les ouvrages figurant sur la dernière sélection. Un débat sur la composition du jury avait surgi lors de l'attribution du dernier Goncourt à Gilles Leroy. Alabama Song avait émergé vainqueur à l'issue de quatorze tours de scrutin en novembre dernier.
Edmonde Charles-Roux souhaite que le débat, les plaidoiries des académiciens soient au centre des délibérations. « Il n'y aura rien de confidentiel, ce seront des choses racontables après la proclamation du résultat, chacun pourra connaître la teneur du débat, qui a voté pour qui » souligne-t-elle. Une réforme des statuts de l'Académie Goncourt «prévoyant un passage automatique à l'honorariat à partir d'un certain âge» va aussi être engagée.
Goncourassik Park
2006, annus horribilis des prix littéraires. Il y a d’abord eu Brenner, dont le «Journal», sorti par Fayard à l’heure de son attribution, vengeait Houellebecq de son échec au Goncourt l’année dernière. Le Brenner conte en effet par le menu les dessous pas très chics de cette institution, montrant comment les maisons ont pratiqué l’achat de juré, aux très riches heures du Sultan Galligrasseuil. Il y a eu la viande de Christine Jordis, jurée Femina qui nourrissait son chien en douce, lors des déjeuners du prix, si l’on en croit sa consoeur Madeleine Chapsal, exclue du jury par d’autres élégantes dans un concours de lancer de sac Lancel à la tête de la copine qui restera dans les annales du woman wrestling – un sport un peu brutal dont on n’imaginait pas qu’il avait ses adeptes à Saint-Germain-des-Prés. Il y a eu Littell, sauvant un Goncourt exsangue sans pourtant y mettre les pieds, comme si le pire qui pouvait arriver à un écrivain, aujourd’hui, était de l’avoir. Car le Goncourt, désormais, ça fait tache dans un CV.
Bernard Pivot (des Goncourt) a compris qu’il était temps de sortir la serpillière. Dans une récente chronique du JDD, il proposait une mesure simple pour moraliser l’institution, mesure susceptible de prendre effet dans tous les grands prix : «Interdiction pour un salarié d’une maison d’édition d’accéder aux jurys, interdiction à un juré de devenir le salarié d’une maison d’édition. » Rien d’extraordinaire en soi. Comme si les jurés étaient simplement priés, entrant chez Drouant, de laisser l’endroit aussi propre qu’ils l’avaient trouvé.
Si la proposition de Bernard Pivot est bien une bombe à retardement, c’est que la ridicule principauté des jurys littéraires constitue la dernière république bananière, sur le sol français, avec rente à vie et à-valoir garanti. Pour aller dans le bon sens, la proposition de Bernard Pivot est cependant encore largement insuffisante. Car les auteurs d’une maison n’ont pas à être salariés, à proprement parler, pour être soumis à forte pression de la part de leur éditeur, et conduit à pousser tel livre qui leur aura été recommandé. Les maisons d’édition, à coup de chèques d’à-valoir, ou de simples promesses de continuer à publier un auteur qui ne vend plus beaucoup, ont le moyen de le faire voter comme elles l’entendent. Que des auteurs médiocres et vieillissants, qui ne publieraient plus nulle part, soient encore accueillis chez les grands éditeurs parce qu’ils ont une voix à monnayer, est en effet le secret le moins bien gardé du milieu éditorial. Il faudrait donc ajouter un amendement à la loi Pivot, pour remédier à ce problème : « Obligation pour un jury de faire tourner, chaque année, un tiers de ses membres ». Un peu d’équité dans ce monde de brutes.
Les réactions, en tout cas, ne se sont pas fait attendre. Un très bon article du Monde des livres, par Alain Beuve-Méry, en faisait état (édition du 17 novembre) dans un petit florilège qui évoquait Cyrano, la tirade du nez.
Mathématique : « Dans notre jury, il y a des personnes qui appartiennent à des maisons d’édition [il s’agit du Femina, Chantal Thomas et Christine Jordis y sont salariées de Gallimard, Danièle Sallenave, salariée du Seuil], mais je me demande ce que l’on ferait sans elles, car ce sont elles qui lisent» (c’est Diane de Margerie qui parle).
Irrité : « Je suis outrée par les accusations de Bernard Pivot. Salarié ne veut pas dire vendu. Il désigne des faux coupables. S’il y a des gens sous influence dans les jurys, ce ne sont pas les salariés, car ceux-ci sont moins fragiles économiquement » (Christine Jordis).
Ingénu : « Je suis profondément choquée par une telle proposition. Lorsque Laure Adler m’a demandé en janvier de devenir conseiller littéraire au Seuil, il n’a jamais été question de mon appartenance au jury du Femina. Je n’ai jamais fait l’objet de marchandage » (Danièle Sallenave).
Golden boy : « C’est tout le contraire qu’il faudrait faire. Les jurys ne devraient comprendre que des salariés de maisons d’édition. Cela clarifierait la situation, en sachant que vous n’empêcherez jamais les lobbies de fonctionner. (…) L’important, c’est qu’un jury littéraire ne soit pas sous l’emprise d’une seule maison d’édition » (Denis Roche, en direct du Médicis).
Moi pas comprendre : « Que les jurés aiment lire et aiment les livres, c’est le seul point qui compte à mes yeux. J’ai toujours voté pour les livres qui me plaisaient. Vous imaginez la honte et l’horreur si les jurés devaient attendre sous le manteau l’obole d’un éditeur » (Christine de Rivoyre au Médicis).
Canin : « Bernard Pivot a complètement raison, car on ne peut pas être juge et partie. Il y a suffisamment d’auteurs pour ne pas aller chercher des jurés parmi les directeurs de collection des maisons d’édition. Depuis que je suis entré au Goncourt, je change de maison d’édition à chaque livre. Même avec une laisse très souple je me sentirais mal à l’aise » (Didier Decoin).
Pas concernée : « Il n’y a pas de salariés de maisons d’édition au Goncourt» (Françoise Chandernagor).
Technologique : « Je propose que l’on filme les débats des jurys» (Louis Gardel).
Renard argenté : « J’ai été en même temps juré et salarié de Grasset, mais le jour où j’ai été élu président, en 1996, j’ai immédiatement démissionné de chez Grasset. Il y a un réflexe d’élégance et d’honnêteté à avoir. Je n’ai jamais conservé d’à-valoir sur des livres non remis » (Nourissier).
On voit qu’entre les Dames du Femina, ces marquises du tout va très bien, et les Seigneurs du Goncourt, pour qui c’est tous les jours la grande semaine du blanc, les prix n’ont pas fini de provoquer des concours de jeters d’attaché-case. Au fait, pourquoi ne donneriez-vous pas un petit coup de main à Bernard Pivot ? Vous allez sur le site du Goncourt (www.academie-goncourt.fr), vous cliquez sur : « Votre avis sur ce site nous intéresse ». Vous copiez-collez le paragraphe suivant : « Je soutiens la proposition de Bernard Pivot et réclame l’interdiction pour un salarié d’une maison d’édition d’accéder aux jurys, et l’interdiction à un juré de devenir le salarié d’une maison d’édition. Je réclame également qu’obligation soit faite à un jury de faire tourner chaque année un tiers de ses membres. » Il ne vous reste plus qu’à cliquer sur OK. Ca y est, le missile est parti. C’est du longue portée, ne vous attendez pas à ce que ça pète dans le quart d’heure qui suit.
P.S : Pour les profanes, ce sont les touches de raccourci de votre clavier azerty pour copier puis coller.
Rédigé par : Loïs de Murphy | 09 janvier 2008 à 12:43
Ctrl C + Ctrl V + OK, voilà, c'est fait !
Rédigé par : Loïs de Murphy | 09 janvier 2008 à 11:46