Pas eu le temps d'écrire sur Montpellier depuis une semaine!
Ce sera fait aujourd'hui...peut-être, ou alors demain et si je ne peux pas vous l'écrire moi-même ...
En attendant voici deux critiques;
L'une sur un écrivain que j'aime par un critique que je ne connais pas
L'autre par une auteure que j'ai recontré à Montpellier et dont j'ai beaucoup aimé le livre sur un écrivain dont je ne sais pas quoi penser!
Donc une critique sur Jean d'Ormesson et une autre sur Frédéric Beigbeder...
Vous vous demandez probablement pourquoi ces deux là ensemble.
C'est assez simple: l'un fuit tout ce que l'autre cotoie, pendant que l'autre rêve d'être l'un!
Le mondain interventionniste face au misanthrope social!
L'érudition face à la représentation de soi
La culture face à l'autoconstruction de son personnage.
Et pourtant chacun de leurs livres parle d'eux...
Mais tellement différemment.
Il n'est pas exclu que dans 30 ans Fred soit académicien français, il est le premier auteur multimédia avec un sens de la mise en scène incroyable;
En face de lui, Jean "Voltaire"d'Ormesson.
Personne mieux que lui n'incarne l'intelligence pétillante et une érudition proprement insoutenable.
Beigbeder est un enfant de son siècle, d'Ormesson un esprit comme on n'en fait plus.
Je ne suis pas certain que le plus moderne des deux soit le plus jeune...
Je suis absolument sur que les deux critiques que vous allez lire sont assez représentatives de ce que sont leurs livres.
Bonne lecture de ces critiques, mais surtout bonne lecture de ces livres.
Des îles, des amis et des lectures
CHRISTIAN AUTHIER.
le Figaro Littéraire
L'académicien Jean d'Ormesson publie un recueil de chroniques, Odeur du temps, conjuguant admirations et fidélités.
C'EST AUSSI dans les recueils d'articles que l'on retrouve les écrivains avec leur style et leur univers. L'exercice ne trompe pas. Dix, vingt ou trente ans après leur publication dans la presse, des critiques ou chroniques rassemblées en un livre disent leur vérité. Si elles n'ont pas été démonétisées par la futilité de l'actualité et la versatilité des opinions, elles éclairent et prolongent l'oeuvre de l'auteur. Privilège de la littérature sur le strict journalisme. Odeur du temps réussit ainsi le pari de ne pas être une simple compilation et offre au lecteur une manière de florilège « d'ormessonien ».
À l'inverse de Jean qui grogne et Jean qui rit sorti en 1984, la politique est presque absente, comme le précise l'écrivain dans la préface à ce volume « consacré aux îles, aux livres, aux amis ». De fait, la centaine de chroniques, essentiellement parues dans Le Figaro et Le Figaro Magazine, composant cet « exercice d'admiration et de fidélité » nous font croiser Frédéric II, les soeurs Mitford, John McEnroe, Venise, Garbo et Dietrich, les civilisations anciennes et les mutations du présent, des voyages et des souvenirs. Évidemment, la littérature occupe une large part de ces pages érudites, souvent drôles, qui revisitent un Panthéon personnel composé de « dieux familiers et bienveillants qui m'ont aidé plus et mieux que personne ».
Voici donc Aragon, Cioran, Mauriac, Yourcenar, Joyce, Amado, Morand ou Balzac dans une sorte de kaléidoscope renouant avec Une autre histoire de la littérature française dont les deux tomes publiés en 1997 et 1998 renouvelaient l'entreprise de Kléber Haedens, auquel un texte fraternel rend d'ailleurs hommage. Bien sûr, Jean d'Ormesson n'oublie pas ses écrivains favoris, tel Chateaubriand : « Le passé, le présent, l'avenir, ce poète les scrute avec une puissance et une lucidité qui ne le cèdent ni aux historiens, ni aux philosophes, ni aux penseurs patentés. Il rappelle Bossuet et Rousseau. Il précède Tocqueville, Max Weber et, avec une fameuse grive qui annonce une madeleine, le coup de tonnerre de Marcel Proust. » À travers eux, c'est également un autoportrait qui apparaît entre les lignes : « Toulet est le contraire d'un auteur à théories, à thèmes pompeux et encombrants, à vastes ambitions. Il s'occupe de détails minuscules, mais qui illuminent notre vie. I l ne parle que d'amour, avec profondeur et légèreté, avec une tendre ironie. C'est un auteur superficiel qui va soudain plus loin que tous les psychologues et tous les sociologues réunis. »
Pour adoucir le cours du temps
Nul doute que l'auteur de La Gloire de l'Empire pourrait faire siennes les phrases de Borges pêchées dans les très belles pages qu'il lui consacre : « Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour cette entité platonique adulée qu'on surnomme la masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis, et pour adoucir le cours du temps. » À son habitude, Jean d'Ormesson fuit les raseurs, les raisonneurs, les théoriciens et autres jongleurs de concepts pour défendre les « joueurs de flûte » brocardés par M. de Norpois dans la Recherche. Il s'est choisi des maîtres qu'il traite en complices et nous fait partager leur dialogue ininterrompu. Cette conversation charmeuse et profonde fait le prix d'Odeur du temps, qui propose « de sortir un instant le lecteur de lui-même et de le faire rêver ». Mission accomplie.
Odeur du temps de Jean d'Ormesson Éditions Héloïse d'Ormesson, 480 p., 23 €.
L'invitée : Flore Vasseur
Beigbeder, le dandy manchot
Que fait un homme qui s'est comporté toute sa vie comme un gamin à quarante ans ? Il ressort ses Converse, pense à son père, augmente le Tranxene. Frédéric Beigbeder a vieilli. Octave, son double romanesque, ne s'en remet pas. Depuis 99 francs, il a quitté la pub, essayé la télévision, tâté de la prison, continué les drogues, enchaîné les filles, divorcé deux fois, perdu plusieurs jobs. Acculé au futile, il devient « talent scout », chasseur de beauté. Il doit dégoter le visage qui, tartiné sur les culs de bus du monde entier, assurera les dividendes de L'Idéal. C'est le géant mondial, d'origine française, du cosmétique. Cap à l'Est : la vie est sèche, les filles ont la beauté atomique. La fatalité s'excuse sans doute un peu. Octave arpente une Russie déglinguée par la mondialisation. Il va de palaces en boîtes privées, fatigue ses jeans dans des trains pourris, écume des villages désertés par les corbeaux. Il cherche la fille, un soulagement à son désarroi : dans cette contrée, il y a toujours plus écorché, fou, abandonné que soi.
Cynisme en trompe-l'oeil, Octave attend l'amour. Alors il se vautre, ivre mort, sur le parterre des églises, s'acoquine avec Sergueï, caricature d'oligarque, organisateur d'orgies, futur homme d'État. Il se confie à un prêtre orthodoxe. Son pope le met sur la voie de la résurrection en lui donnant le numéro d'une jeune Ukrainienne aussi jeune que belle. Octave vacille : il pourrait être son père, c'est lui l'enfant. L'intrigue importe peu. Elle sert à dire que tout est foutu. D'avance. Beigbeder-Octave balance entre ode aux femmes et misogynie crasse. Pour lui, la jouissance n'existe pas, l'amour est difficile, le romantisme, mort. Octave erre. C'est lui-même qu'il n'arrive à connaître ni aimer. Qu'est-ce qui fait un homme ? Un peu sa mère, beaucoup son père. À quarante ans, on ne dit plus grandir mais vieillir. Octave peut courir. L'enfance revient par bouffées. Il n'y échappera plus.
Au secours pardon est un cocktail presque convenu de filles mineures, de libéralisme dévastateur, d'hommes d'affaires cyniques et de Tchétchénie. L'univers de la mode sert de liant. Frédéric Beigbeder force la dose. Dans son livre, le n'importe-quoi a de l'avenir : tout est marketing, collusion, faux-semblant. L'idéologie - du beau, du bien, du plus, du nous - est une tuerie. L'argent, le sexe, les marques ne consolent de rien. Restent la littérature russe, la religion. Et leurs bricolages. Maigreur extrême d'un monde dévasté par le nihilisme. Bret Easton Ellis avait déjà exploré ce lien entre fascisme symbolique - l'ultrabeauté - et terrorisme contemporain (Glamorama). Houellebecq assure sa promo avec des phrases ouvertement misogynes jetées en pâture à des journalistes qui font mine de s'offusquer. C'est déjà vu, énervant, parfois drôle et finalement attachant. C'est Beigbeder. Du sexe (rien de bien nouveau), de la polémique (avec un peu de chance, L'Idéal attaquera), de la politique et des fulgurances en pirouette de chapitre : l'enfant que l'on a été, l'amour que l'on ne trouvera jamais, le père que l'on cherche et que l'on n'est pas, les livres que l'on aimerait écrire.
Octave appelle au secours, s'excuse de déranger. Frédéric Beigbeder se dédie le livre. Posture très contemporaine. Le narcissisme ne conduit qu'à soi : c'est un « monde de seuls ». Terre des extrêmes pour âme dévastée, le capitalisme est corrupteur de tout. Sur cette banquise des sentiments, les personnages se serrent les uns contre les autres. Pour ne plus sentir le froid.
Au secours pardon de Frédéric Beigbeder Grasset, 318 p., 19 € . En librairie le 14 juin.
Programme d'affiliation avec commission importantes
Rédigé par : complément argent | 08 octobre 2013 à 07:48
Dans l'attente de nouvelles d'un ami éditeur...
Beigbeder ? Oui, Beigbeder je m'en souviens. C'était en 2002. Il supportait alors le Parti Communiste Français. Dans le même temps, dans un club en vue de la capitale, il jouait à faire DJ dans une soirée pour VSD en appelant de la sono à se saouler de champagne d'une marque célèbre, sponsor de l'évènement.
Service normal, il bénéficiait à l'époque dans ce magazine d'une chronique hebdomadaire échevelée, décousue, indécente et incohérente dans laquelle il narrait ses soirées alcoolisées et psychédéliques avec le Gotha européen dans les plus belles boites de nuit du monde. J'ai tenté deux fois d'ouvrir un de ses livres; "99 frs" et "Windows in the world". Deux tentatives avortées. Impression de parcourir la mauvaise rédaction d'un élève de classe de première.
Beigbeder n'a rien à dire et il gagne brillamment sa vie avec cela grâce aux relais actifs de journalistes et responsables de médias aussi pailletés que lui, dans les deux sens du termes, ou qui aimeraient oser l'être. Beigbeder c'est l'effet Star Académie dans l'édition.
Pour qu'il entre sous la coupole de l'Académie, l'autre, la Française, il faudrait qu'avec l'uniforme soit livrés cotillons, langues de belle-mère et chapeaux coniques de réveillon. Heureusement cela n'arrivera jamais.
Parler de Beigbeder et de "littérature", c'est oser faire un parallèle gustatif entre l'aspartam et le miel de montagne.
Quant à l'esprit ou la culture, cela reviendrait à dire qu'il y a quelque chose de Simone de Beauvoir dans Cathy Guetta.
Rédigé par : mclane | 11 juin 2007 à 15:08