Quand j'ai lu cela ce matin je me suis dit qu'il n' y avait pas de raisons que seuls les lectuers du Figaro en profitent.
Voici donc la copie du "bac de philo" passé par Jean d'Ormesson la semaine dernière...
J'espère que vous appécierez autant que moi!
Bien entendu suivront les copies de deux autres "candidats", Elyette Abécassis et Raphaël Enthoven qui ont tous les deux obtenus 19/20 alors que Jean n'a pas été noté...
Une robinsonade
Je devrais pourtant, à mon âge, commencer à me méfier. Quand Étienne de Montety m’a proposé de repasser le bac au Figaro, une odeur de jeunesse m’est montée à la tête. J’ai accepté. Je n’ai pas mis longtemps à comprendre que c’était une erreur. J’allais tomber sur des questions à la mode et plus tartes que de raison, genre psychologie appliquée et sociologie en action. Je m’ennuierais à mourir.
J’écrirais n’importe quoi et on allait corriger ma copie. Corriger ma copie ! « Gigantesque ! », disait Flaubert. Et il y aurait Raphaël Enthoven, à coup sûr, et peut-être Luc Ferry ou Marc Lambron, ou, pourquoi pas ? Comte-Sponville ou Onfray, ils seraient plus brillants que jamais, et on leur collerait des 19 et des 18 pendant que je traînerais dans les rues du printemps un 7 ou un 8 infamant. Il fallait trouver au plus vite une sortie de secours. Mais j’avais dit oui au lieu de dire non comme il est toujours sage de le faire. J’étais coincé.
Alors, une idée m’est venue. J’allais transformer ma copie en chronique. Parce qu’il est difficile de corriger une chronique. Dans des temps immémoriaux, Le Figaro publiait des chroniques. Il leur arrivait d’être signées de Maupassant ou de Proust. Plus tard, de Giraudoux, de Morand, de Paul Valéry. Les moins jeunes d’entre vous se souviennent peut-être encore des chroniques de Guermantes ou de James de Coquet qui apparaissaient régulièrement à la « une » du journal, en bas, à droite. Il y a belle lurette que les chroniques ont été supprimées. J’allais en écrire une, plus ringarde que jamais, sur les examens, les concours et les copies du bac. Les souvenirs d’enfance et de jeunesse sont des nids de chroniques. Pour entrer dans la vie active, et plus encore pour éviter d’y entrer, j’ai passé un certain nombre d’examens et pas mal de concours. Je crois me rappeler que les certificats de licence se passaient rue de L’Abbé-de-l’Épée, l’écrit de Normale Sup à la Bibliothèque Sainte-Geneviève et son oral rue d’Ulm.
Les épreuves de l’agrégation se déroulaient à la Sorbonne. Le plus pittoresque de ces parcours était l’oral de la rue d’Ulmoù régnait déjà le canular cher aux normaliens. La légende voulait que le concours fût passé, sur des questions tirées au sort et devant des professeurs tirés au sort, par des candidats tirés au sort, et qu’il fallût répondre à des questions du genre de celles-ci : « Qui a fait quoi et en quelle année ? » ou « Que se passa-t-il après ? » À la première question, les plus subtils – on assure que Thierry Maulnier se rangeait parmi eux – répondaient : « Alaric éteignit le feu sacré à Rome en 410. » À la seconde : « L’affaire échoua. » Je me souviens que mon cher et grand maître Irénée-Henri Marrou m’interrogea moi-même sur la tenue des gladiateurs : « Ils étaient nus », répondis-je. « C’est exact », me dit-il avec un bon sourire. « Ils avaient pourtant sur eux quelque chose que vous allez me dire pour que je puisse vous mettre une bonne note. » « Un peu d’huile », répondis-je.
Trois ou quatre ans plus tôt, la guerre m’avait fait passer au lycée Blaise-Pascal, à Clermont-Ferrand, ce qu’on appelait alors le bachot de français. Et au lycée Masséna de Nice – où ce n’était plus de froid, mais de faim qu’on souffrait – le bachot de philosophie. L’oral de géographie, au moins, s’était passé assez bien : sur un bout de papier plié en quatre, j’avais tiré « le Brésil ». Une partie de mon enfance s’était déroulée à Rio de Janeiro. Je divisais le Brésil en trois parties : le Nord, le Sud, la Côte. L’examinateur – c’était une dame – eut l’imprudence de me demander quelle partie je choisissais. Je choisis la Côte et je la divise en trois. Elle me demande à nouveau quelle partie je choisis, et, de division en division et de choix en choix, je descends jusqu’au quartier de Rio et à la rue où j’habitais enfant. Il fallut bien me donner une note qui correspondait à mon grand savoir et qui rattrapa mon retard en chimie et en cosmologie.
Mon professeur de philosophie à Nice avait des cheveux longs sur un mufle de lion. Il s’appelait M. Fouassier. Deux semaines avant le bac, sur un sujet que j’ai oublié, il y eut une dernière composition. La dernière semaine, il rendit les copies. Je n’étais pas premier. Je n’étais pas deuxième. Je n’étais pas troisième. L’angoisse me prenait.
Tous les noms de la classe défilèrent, jusqu’au dernier, sauf le mien. Lorsque tout fut terminé, et moi réduit à néant, M. Fouassier déclara : « J’ai gardé pour la fin une copie exceptionnelle que je me propose de vous lire. » C’était la mienne. M. Fouassier commença sa lecture. De temps en temps, il s’interrogeait et lançait un éloge ou une approbation. Le roi n’était pas mon cousin. À un moment donné, par souci d’équité, il lâcha une réserve. Quelques instants plus tard, une observation moins amène. Et puis, à un rythme accéléré, les remarques les plus désobligeantes se succédèrent les unes aux autres. Il finit parme rendre ma copie en me lançant : « Franchement, à la relecture, c’est moins bien que je ne pensais. C’est même plutôt médiocre. » Ah ! fini de plaisanter. Voici les sujets qui me parviennent. Ils sont à peu près aussi intéressants que je le prévoyais : « Toute prise de conscience est-elle libératrice ? » Mon Dieu !…Ou « L’art nous éloigne-t-il de la réalité ? » Comme si l’art n’était pas une réalité plus réelle que la réalité… Ou « Que vaut l’opposition du travail manuel et du travail intellectuel ? » Au secours, Rimbaud ! Tout le monde se souvient de sa main à la charrue qui vaut bien la main à la plume. Ou encore : « Que gagnons-nous à travailler ? » À cette dernière question, Jules Renard, dans son Journal, a déjà répondu d’une seule phrase : « La punition des paresseux, c’est le succès des autres. »
La seule question qui aurait pu me tenter si je m’étais plié au jeu, ce qu’à Dieu ne plaise, c’était : « Peut-on se passer de l’État ? » Comme nous aimerions tous nous passer de l’État, de ses exigences, de ses papiers, de ses interdictions, de son poids écrasant et de plus en plus écrasant ! Un chef-d’œuvre a été écrit sur l’absence de l’État : c’est Robinson Crusoé. Il me suffit de recevoir ma déclaration d’impôts et de boucler ma ceinture en voiture pour rêver de Robinson. Mais il ne serait pas difficile, après une première partie consacrée à la liberté de l’individu sans État, d’entamer la seconde partie (quel ennui !) où l’État apparaîtrait comme le Grand Protecteur qui vient aider les plus faibles contre les plus forts et dont personne ne peut se passer. On parlerait de Hobbes, bien sûr, et de son homme qui est un loup pour l’homme, de Spinoza pour s’amuser un peu, de Rousseau et de son Contrat social, de Kant, naturellement, et on finirait sur Hegel pour qui l’État finit par se confondre avec la philosophie. Pouah ! Une troisième et dernière partie montrerait avec éclat – repouah ! – que l’État libérateur peut être aussi, si vous n’y prenez garde, un État oppresseur qui surveille les citoyens, organise des écoutes, se sert de grandes oreilles et menace la démocratie avec le cumul des pouvoirs. Re-repouah !
On bouclerait la boucle avec Benjamin Constant : « Que l’État se contente d’être juste. Nous nous chargeons d’être heureux. » Une dernière, que je me suis bien gardé de traiter, était : « Peut-on en finir avec les préjugés ? » Un fameux préjugé avec lequel il faudrait en finir est de s’imaginer que la philosophie est bien servie par les philosophes professionnels. Nous savons depuis Socrate que la vraie philosophie se moque de la philosophie et que le vrai philosophe, bien loin de répondre aux questions qui lui sont posées par les philosophes, va plutôt tremper ses doigts de pied dans le fleuve Ilissos et danser avec les loups.
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Rédigé par : not fake | 03 novembre 2013 à 22:17
Cela fait quatre fois que je lis cet édito. Si c'est ton curseur, d'accord Zeller en manque gravement et Levy devrait se mettre à l'écriture.
Rédigé par : martingrall | 21 juin 2007 à 10:44
mon héros!
Ca me donne presque envie de relire ce cher Robinson,pourtant étudié toute l'année, celui là même qui remplaça à mon grand désespoir, le sujet tant attendu sur T.S. Eliot, en tous les cas merci pour la retranscription de cette belle copie!
Rédigé par : Melissandre L. | 20 juin 2007 à 14:58
Et qu'est ce que tu es sage quand tu passes à la TV...
Pas un mot...
Pas de cigare...
Pas de jaune...
Incroyable !!!
Rédigé par : TLACIAR | 18 juin 2007 à 10:55
quel régal !
Rédigé par : freesia | 14 juin 2007 à 19:23
Un régal.
Voilà pourquoi j'aime ton blog (tu me diras, je pourrais lire le Figaro, mais tout ce que je devrais me farcir pour une bouchée délicieuse!)
Rédigé par : catherine | 14 juin 2007 à 17:01