"Moi, vous me reconnaissez?"
C'était ainsi que Luciano Bennetton commençait toutes les pubs pour la marque. Je dois dire que je suis plutôt content, à la différence d'autres, de parler de gens que je ne connais pas, qui ne parlent pas de moi ni des livres de la maison!
Comme cela personne ne peut dire qu'il s'agit de renvoi d'ascenseur...!
dans ce cas précis il s'agit d'un nouveau ( la semaine dernière) paier de Didier Jacob sur la dure condition des femmes écrivain(e)s.
Bien sûr dame Christine en prend un peu plus pour son grade, mais elle n'est pas la seule...
Et puis il y a quand même une chose incontournable: lorsque l'on met sa vie publiquement en scène, chacun à le dorit de critiquer!
Profitez en , j'y ai trouvé un parfum de ... défoulitude!
11 janvier 2007
Encore un problème avec Christine
Les SDF, je veux bien qu’il faille leur tendre la main. Mais qui va s’occuper des femmes écrivains ? Qui va leur mettre des tentes ? Qui va leur dresser leur petit Camp du Drap d’Or canal Saint-Martin, si ce n’est nous, leurs lecteurs, leurs éternels soupirants. Car enfin, il ne faut pas être extralucide pour voir à quel point la situation des écrivaines est préoccupante, dans ce pays. Catastrophique, même ! Quelle bravitude il leur faut ! Quel bravourisme ! Christine Angot, par exemple. Quel miracle toujours recommencé que cette femme-là ! Ce n’est même plus de l’abnégatude. De l’abnégatisme ?
Christine était donc sortie dîner, samedi soir, avec son chéri Gyneco, chez des amis. Rien à redire, jusque-là. Il ne faisait pas trop froid dehors, ce dernier samedi. Et l’on était samedi. Samedi soir, ça donne des envies de boire un peu plus que de coutume. Que de raison. Que de coutumation. De se trémousser aussi, davantage qu’à l’ordinaire. La vie d’écrivaine est si morne, si terne par les temps qui courent. Bref, nous en étions au dessert. Et Doc avait un peu, comment dire, forcé sur le rhum. Le rhum et peut-être autre chose. Car il faut plaindre toutes ces femmes écrivains, écrivaines donc, dont les compagnons ne se limitent pas au seul rhum, mais qui abusent aussi d’autres excitants. Bref. Il était temps de rentrer à la maison, et le chanteur ne tenait plus debout.
Puissent les archivistes des siècles futurs n’avoir jamais en main celle, courante, du commissariat du XIIème arrondissement de Paris, ce samedi 6 janvier si funeste pour la littérature ! Car ils auraient, de la condition des femmes écrivains en ce triste XXIème siècle, une idée pleine de noirité. Et même de noirisme. Jugez plutôt : Doc, beurré comme un Lu, hèle un taxi pour Christine, qu’il suit à scooter (un 50 qu’il utilise depuis que tous les points lui ont été retirés de son permis). Le voici, zigzaguant rue de Rivoli, sorte de paparazzi tournoyant autour de la Mercedes de sa Diana à lui. Le taxi pile. Et Doc rentre bille en tête dans l’arrière-train du véhicule.
On se précipite dehors. Le chauffeur, bien sûr. Christine également. Mais voilà, c’est samedi soir, le jour où tous les pékins sont de sortie, comme Doc et comme Christine. On aurait peut-être, plus tard, pris un pot vers Bastille. Ou Oberkampf. La vie n’est pas si gaie, quand on est la compagne d’un un ex-chanteur populaire, sarkozyste en plus. Il faut bien oublier les aléas de la popularitude. Des passants reconnaissent Bruno Beausir (Doc, pour l’état-civil). Le taxi rapporte qu’ils « scandaient son nom ». « Il voulait faire remonter son amie pour que nous finissions la course. J’ai refusé, il m’a copieusement insulté, elle a failli partir sans payer. Les policiers ont fini par l’embarquer. » Notez bien l’expression du taxi : « son amie ». Nul ne reconnaît donc cette pauvre Christine. Oui, vraiment, nous ne sommes plus dans le siècle de la littérature. Avec ça, rien dans les mains, rien dans les poches. Je m’esquive en sifflotant. Ca lui apprendra, au taxi, de prendre des intellos ! A l’heure qu’il est, doit demander à toutes ses clientes si elles ne sont pas écrivaines avant de les accepter dans son véhicule.
L’affaire, me direz-vous, friserait le banalisme, si Doc ne la racontait à son tour, avec des accents churchilliens : « J’avais bu du rhum vieux chez des amis écrivains ». Du rhum vieux, attention. Du haut de gamme. Les écrivains, pense Doc, ça se mouche dans la soie et ça pète dans du velours. Mais la suite vaut, à elle seule, tout un tonnelet de vieille prune. « Ensuite, c’est vrai que je suis allé au commissariat, mais c’est que je ne voulais pas laisser les policiers repartir seuls. J’ai préféré les suivre. J’ai passé quelques heures sur un banc au poste. C’est la misère là-bas. J’ai dit aux policiers que je parlerai de leurs conditions de travail à Nicolas Sarkozy. »
Mais qui parlera, à notre bon ministre, de la condition de travail des écrivaines ? Sinon Laure Adler, fraîchement déboulonnée de son fauteuil du Seuil, et qui signe la préface d’un livre consacré au sujet, à paraître en mars chez Flammarion. Une préface qu’elle a intitulée, bizarrement inspirée elle aussi par je ne sais quelle grande muraille de Chine : « Féminitude ». Décidément ! « Ecrire est un tourment perpétuel », écrit Laure en guise de pré-platitudes à ce livre de Stefan Bollmann, « Les femmes qui écrivent vivent dangereusement ». « Une activité à part entière qui gangrène vos nuits et habite vos jours. Pas d’entracte où la tension se relâche. Pas de répit où la nécessité d’écrire s’enfuit. »
Je saute quelques lignes. Laure poursuit : « Ca parle en elles ? Tout le temps. Ca les harcèle. C’est un grondement continu ; quelquefois, quand l’angoisse diminue, cela devient murmure, chuchotis ; cela peut devenir aussi vacarme, sensation d’éboulement, fragmentation de l’être, désordre vénéneux, la perdition est proche mais jamais elles n’allumeront les signaux de détresse. » Mon Dieu, quelle horreur que cette vie ! Quelle hideur ! Quelle hiditude ! Quelle affreuse chose que de voir sa vie pétarader comme le scooter du Doc pour venir s’encastrer finalement dans le cul du taxi !
Un modeste accident, me direz-vous ! C’est entendu. N’en faisons pas tout un procès-verbal ! Mais s’il n’y avait que ça : à peine l’accident avait-il eu lieu que Céline Dion annonçait qu’elle allait faire appel à quelques romancières, pour son prochain album, et Angot n’était pas du lot ! Imaginez l’effet que ça aurait eu, Céline poussant ses stridulismes, avec la panachitude qu’on lui connaît, sur un paragraphe de « Rendez-vous » ! Mais non, Christine avait eu beau lire et relire l’article du Parisien annonçant la nouvelle, elle ne figurait pas parmi les heureuses élues : François Dorin, Christine Orban, Nina Bouraoui. Même Denise Bombardier avait été choisie par Céline. Bombardier, la Christine Angot canadienne.
Sinon les tentes, une assistance psychologique, voilà ce qu’il faudrait à Françoise, à Nina et à Christine. Notez que, pour Christine Orban, mon pronostic est tout de même réservé : « J’ai accepté par ce que c’est une chanteuse admirable et une voix extraordinaire. J’aime sa simplicité, sa vérité, son authenticité. Je n’aurais pas pu écrire pour quelqu’un dont je me sens éloignée. » Ah, si Carla Bruni avait poussé le borborygme sur des textes d’écrivaines d’aujourd’hui, au lieu de taper dans le répertoire, angliche en plus. Emily Dickinson ! Parlez d’une copine ! Alors qu’il y avait des Angot, des Dorin, des Orban, toutes sympa, toutes disponibles. Et même, tiens, tant qu’à adapter des poètes maudits, cette écrivaine lettriste qui parle dans un langage que seul Jack Lang comprend : vous savez, Ségolène !
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