Comme dirait l'autre: il vaut mieux entendre ça que d'être sourd...!
Enfin, quand on est Président de la République des Lettres comme Pierre Assouline, on peut tout se permettre...
Moi Pierre je l'aime bien, je l'appelle Pierre parce que je l'appelle Pierre...et sa femme Angela parce que je l'appelle Angela...c'est simple non...?
Bon donc je l'aime bien et ils nous aiment bien aussi...
Angela est un amour et elle aime bien faire plaisir à ses amis et aux amis de Pierre...
Ce sont des vrais gentils...
Ils sont gentils avec tout le monde...
La preuve Pierre a aimé "Les Bienveillantes"...
Et ça je ne peux pas lui pardonner...
C'est pas vrai...
Enfin, c'est pas faux non plus...
Je crois qu'il va me falloir du temps avant d'être réinvité à dîner...
Pour en revenir au sujet de cette note Pierre à raison...
Régis Debray se comprend...
Mais est ce que quelqu'un d'autre le comprend il...?
Moi pas...
Enfin Pierre je comprends...
Régis Debray...
Ce que je comprends moins c'est pourquoi faire un papier sur un livre qu'on ne comprend pas...
Il y a vraiment des trucs incompréhensibles dans l'édition...
La preuve...
Je ne comprends pas pour quoi j'ai fait cette note!
Debray allumé
Toujours aussi déroutant, Régis Debray, et toujours aussi séduisant. D’un essai l’autre, on se dit que l’on ne se laissera pas prendre dans les filets de sa rhétorique, et pourtant, le charme opère à nouveau, qui ne dispense pas de l’énervement. Aveuglantes lumières (204 pages, 16,90 euros, Gallimard) se veut le journal en clair-obscur de l’année presque échue, le carnet de bord très personnel d’un intellectuel critique. Il annonce d’emblée son programme : 2006 fut une année Mozart pour le meilleur et pour le pire, Voltaire est sa tête de turc et notre situation par rapport aux Lumières la tarte à la crème de tous les débats d’idées. Comme toujours avec Régis Debray, c’est brillant et intelligent, rapide, trop rapide parfois. On aimerait qu’il prenne le temps et développe un peu. Formules, clins d’oeil et sous-entendus se télescopent à une telle vitesse qu’il donne l’impression de ne s’adresser qu’à lui-même, nous laissant un peu en dehors des ellipses de son raisonnement : “L’idéalisme europhile est bien une résurgence deL’Esprit des lois, mâtinée de Saint-Simon, pour le technocratique, et de saint Thomas, pour la subsidiarité”. Disons qu’il se comprend. On aimerait tant qu’il s’attarde davantage. Malgré les citations, brèves, bien choisies et pas cuistres pour deux sous (Zweig, Cioran, Marc Bloch). Mais je jurerai avoir déjà lu autrefois sous une autre plume “Quand je me considère, je me rassure, quand je me compare, je m’inquiète”… Qu’importe puisque la musique est belle si les paroles ne sont pas toujours évidentes. Car l’homme est courageux, doué pour l’autocritique, et connaît la limite au-delà de laquelle l’iconoclaste verse dans le conformisme de l’anticonformisme, ce qui n’est pas son cas.
Ses rêves à voix haute et plume déliée sont de belle facture : “Convenons qu’être exempté de naître quelque part et de mourir quelque jour, pouvoir choisir ses géniteurs, et s’associer sans s’aliéner, nous rendrait la plus légère”.Qu’on n’attende pas de lui qu’il adhère, faculté dont Valéry disait que les sots la partage avec les éponges. Mozart, c’est pour la décoration. Et Gracq pour se rassurer. Les Lumières sont sa grande affaire. Qu’on les brocarde et il sort son 89. Petits marquis, roués maison et calibres légers n’ont qu’à bien se tenir, d’autant que “fraternité” n’est pas inscrit au fronton de la République des Lettres. Pas de réglements de compte avec les ci-devant qui l’ont récemment étrillé mais pas de pitié pour Voltaire. Même s’il le lave de tout méchant soupçon de traite des nègres, il lui préfère la netteté d’un Diderot, l’incontestable anticolonialiste de la secte philosophique. Et bien entendu Jean-Jacques à Voltaire.
Il n’y a que Debray pour se livrer à une étude comparée des rues, avenues et venelles dont ce dernier jouit à Paris quand Rousseau n’a qu’une médiocre rue. C’est d’autant plus injuste qu’avec celui-ci en poche, Confessions et Contrat social à portée de la main, on traverse à pied sec nos deux derniers siècles sans problème (en faisant une croix sur le féminisme, il est vrai). Mais c’est Voltaire qui figure au fronton des gazettes en guise de bréviaire. C’est pourtant avec lui que finit un monde quand un autre commence avec Jean-Jacques, mais c’est ainsi : l’air du temps est Voltairien depuis longtemps. Parfois, le médiologue bouillonne sous le philosophe et s’envole sur la révolution véhiculaire ou la guerre en crampons (le Mondial), ou sur une séduisante comparaison entre le dollar in God we trustde la grande nation messianique et l’euro aux allures de billet de Monopoly, avant de revenir à l’objet de son courroux, à peine dissimulé sous l’oxymore du titre. En ces temps où l’on se chercherait en vain un contemporain capital parmi nos hommes à plume, Régis Debray s’affirme comme l’indispensable observateur. Son goût du sarcasme ne diminue en rien son acuité. Reste à savoir si les Lumières ont produit de l’infâme au lieu de l’écraser. Le démystificateur en lui s’y est employé dans la quête pathétique d’une alliance disparue entre un certain sens du sacré et une vraie légèreté, notre rêve à tous.
Juste un mot hors de propos pour vous apprendre que laurent bonelli qui avait fait son coup de coeur de la rentrée sur "girafe" est décédé cette nuit
jp
Rédigé par : jp blondel | 20 décembre 2006 à 15:59
Tout à fait, Gillou, Debray est un type qui écrit bien, très bien, avec une excellente culture et des perspectives historiques parfois édifiantes.
Rédigé par : Fulcanelli | 19 décembre 2006 à 12:19