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Commentaires

Mercedes Alfonso Mathey

Bonjour Isabelle,


Il y a quelques jours je ne vous connaissais pas... je vous prie de bien vouloir m'en excuser.

En feuilletant Telelerama mes yeux se sont posés sur la couverture de
votre dernier livre "L'exil est mon pays". J'ai tout de suite voulu en
savoir plus sur ce livre et son auteur, ce qui fait qu’aujourd’hui je me
suis retrouvée sur votre site Internet.

Je viens de lire à l'instant même "Espagnols de l'armée en déroute" et
tout ce que vous écrivez me touche énormément car c'est exactement ce que
j'ai au fond du coeur depuis très longtemps.

Je m'appelle Mercedes Alfonso, je suis née en 1956 à Salamanca et mes
parents ont émigré en France en 1958 à Chalon sur Saône en Bourgogne.

J'ai repris il y a 2 ans la fac d'espagnol (à 48 ans !) pour me
réapproprier mon identité espagnole, après l'avoir rejetée pendant des
années pour les raisons que vous décrivez dans votre lettre. Beaucoup de
personnes pensent que ce retour aux sources est un caprice... alors que
pour moi c'est essentiel.

Après avoir obtenu la licence, je viens de m'inscrire en Master 1 et mon
sujet de mémoire va porter sur "Los girasoles ciegos" de l'écrivain
Alberto Méndez, ce livre traite la postguerre. J'espère pouvoir continuer
l'année prochaine en Master 2 et travailler sur l'exil.

Je vais immédiatement commander votre livre pour le lire au plus vite.

A très bientôt et encore merci pour ce que vous avez écrit.


Mercedes Alfonso Mathey

Viviane Lagrana

Je vais acheter votre livre pour l'offrir à mon mari, qui est en clinique
pour quelques jours, car il a vécu la même histoire que vous. Son père
est
parti il avait six mois et il l'a rejoint avec sa mère en passant les
montagnes des Pyrénées avec un passeur à l'âge de neuf ans. C'est une
histoire qui l'a beaucoup marqué et il a beaucoup de mal encore à en
parler. Je sais qu'il vous apprécie beaucoup, nous regerdons chaque soir
"on a tout essayé" et nous aimons.
Viviane Lagrana, hélas je ne sais pas mettre la tilde sur l'ordi

José Domenech

Votre livre est formidable. En tout cas il l'est quand il est lu par
quelqu'un qui a eu une expérience parallèle. Je viens d'en acheter plusieurs pour
offrir à mon frère, à ma tante et à ma cousine. Vous méritez au moins le
Goncourt !

J'ai trouvé dans votre livre des choses que je n'aurais jamais cru lire dans
un livre parce qu'elles correspondent trop bien à ma propre enfance, alors
c'est magique de voir qu'on n'a pas été presque seul à vivre ça. Je ne sais pas
comment vous avez réussi à écrire tout ça, car c'est trop vrai. Je suis
vraiment épaté.

Il y a bien sûr des grandes différences entre chaque expérience vécue, mais
les points de rencontre sont stupéfiants. Je suis né à Paris en 1950 et ma
langue maternelle est le catalan. Mon père a fait la guerre depuis 36 jusqu'à la
fin, au début il était dans les combats de la Cité Universitaire de Madrid,
milicien anarchiste dans la division Durruti. Ma mère, mes tantes et ma
grand-mère ont marché à pied depuis Barcelone jusqu'à la frontière en fin
janvier 39. Je ne me souviens pas comment j'ai appris le français, mais je me
souviens qu'en deuxième année de maternelle l'institutrice a installé à côté de
moi un petite portugaise qui venait d'arriver. Nous habitions la Goutte d'Or,
plein d'immigrés de toutes origines, alors j'ai eu la chance de ne pas sentir
lourdement le poids de la différence. Un jour, au CM1, il y a eu un camarade
de classe qui a demandé si quelqu'un pouvait être son ami, parce qu'il était
juif et que tout le monde l'ignorait. Je ne savais pas ce que c'était d'être
juif et je me suis tout de suite proposé pour être son ami. Lui, il
ressentait ce poids de la différence. Quand nous avons demandés à être français (mon
frère et moi, car pour mes parents il n'en était absolument pas question),
il a fallu passer un examen médical, avec une prise de sang, et mon petit
frère qui avait 5 ans est rentré en criant "ça y est tonton je suis français, on
m'a changé tout mon sang!". J'ai eu aussi l'expérience du décalage de langage
avec celui parlé en Espagne: par exemple à la maison on disait benzina,
alors qu'en Espagne c'était devenu gasolina. Il y avait aussi les jurons épicés
que mon père employait couramment et qui n'ont réapparu en Espagne qu'après la
mort de Franco, etc...J'ai aussi mangé du crabe du Kamtchatka et ma mère
allait au magasin Coop, pâle souvenir de la coopérative ouvrière "la Moral" de
Badalona dont mon grand-père était un des fondateurs. Il y a eu des choses
moins gaies, comme le poids des morts et des expoliations. Et il y a eu aussi
toutes ces tensions et divergences d'opinion, le catalanisme de ma mère, mon
père, certes catalophone, mais aragonais de la "Marge del Ponent", était en
divergence avec son propre père resté anarchiste alors que lui était devenu
enthousiaste de l'URSS mais en voulait toujours aux communistes qui auraient pu
le fusiller comme "déserteur" quand il s'est trouvé perdu et coupé de son
unité après une retraite en débandade; comment se retrouver dans ce bazar quand
on est un jeune et qu'on entend les adultes se déchirer?
Il y a aussi les expériences de retour en Espagne, la première année mon
père a dû se présenter pour un interrogatoire à la police et nous sommes
repartis en catastrophe. La deuxième annés, 1959, m'a laissé un souvenir magnifique:
camping à Palamos, puis dans une "masia" près de Badalona, promenade en
"Golondrina" dans le port de Barcelone, repas avec une langouste mémorable,
etc...Mais il y a eu aussi une pierre que j'ai reçue à la tempe, alors que je
marchais derrière mon père et ses cousins sur la rive du Sègre. J'avais du sang
partout et je suis tombé dans les pommes chez le médecin.
Pardon pour mon texte un peu trop long
Encore mille mercis

José Domenech,
Conflans-Sainte-Honorine

guy birenbaum

salut les blogueurs !

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