Comme tout ce qu'on attend avec impatience, j'avais l'impression que ce jour n'arriverait jamais. Pourtant, j'étais bien là, dans ce train en direction de Montparnasse, un mercredi matin au lieu d'être au lycée. Et ce n'est que là que j'en ai vraiment pris conscience. C'est déjà aujourd'hui ?
Nous avons trouvé – étonnamment sans problème – les Éditions Héloïse d'Ormesson. Là, après avoir poussé la traître porte de l'immeuble qui se referme toute seule sur les gens, nous avons rencontré la fameuse Valentine avec qui je correspondais depuis tous ces mois, et bien sûr Héloïse d'Ormesson. Elles m'ont remis les dix exemplaires de notre livre, ainsi que l'article qui nous était consacré dans L'Actu, et c'est ici que ma mère m'a laissée. J'ai rejoint, avec Chimène arrivée en même temps que moi, mes autres co-lauréates Elora, Marie et Lucie, déjà présentes.
Nous sommes tout de suite parties avec Gérard Cambon pour la séance photo. Louise et Tamara nous ont retrouvés au parc des Arènes de Lutèce, où nous n'avons pas eu le loisir de prendre beaucoup de clichés. Une gardienne du parc, la clope à la main, dans un excès de zèle et d'amabilité, est venue se poster devant notre objectif pour nous demander si nous avions une autorisation pour prendre des photos. Habitué du lieu depuis la création du prix, notre photographe fut le premier surpris. Il n'y a pas eu grand chose à faire pour notre défense, nous nous sommes donc retrouvés à continuer le shooting sur le trottoir – où le cadre est tout de suite moins idéal, vous en conviendrez. Mais loin de se laisser abattre, nous avons continué jusqu'au Jardin des Plantes où cette fois non plus, nous ne sommes peut-être pas restés uniquement dans les espaces autorisés...
Vers 12h30 nous sommes rentrés aux Éditions pour déjeuner, aux côtés de Valentine, Héloïse d'Ormesson et Gilles Cohen Solal. Autour de ce repas grec, Héloïse tâchait de nous expliquer le déroulement du reste de la journée, régulièrement interrompue par son compagnon qui cherchait à lui faire perdre son sérieux.
Nous avons ensuite eu un moment pour aller à l'hôtel nous changer avant de nous rendre au BHV. Elora et Marie y étaient un peu avant nous pour préparer leur interview par un journaliste de WebTVCulture, aux côtés de Sarah, lauréate 2012, dont le premier roman sera bientôt publié par les Éditions. Ça fait rêver hein ? Je pense que nous espérons toutes être la prochaine... Mais nous venons tout juste d'être éditée pour la première fois, alors je ne crois pas que nous pensions encore vraiment à la suite !
Après cela, nous nous sommes donc assises les unes à côté des autres devant des petites piles du recueil, stylos en mains. Une voix annonçait à intervalle régulier dans le magasin notre présence pour les dédicaces, ne prononçant pas deux fois mon nom de la même manière – je ne sais pas ce que les gens y trouvent de compliqué. Et étonnamment, beaucoup de monde défilait devant notre table, nous tendant un exemplaire de notre précieux livre. Bon, entre les parfaits inconnus et l'oncle ou la cousine d'unetelle, je n'ai pas bien fait la différence ! Mais les livres n'ont pas cessé de circuler entre nous, dans un ordre plus ou moins précis, si bien que nous étions parfois obligées de vérifier si chaque nouvelle avait bien reçu son petit mot. Il y avait généralement un petit embouteillage à mon niveau. Je ne savais jamais quoi écrire d'original pour chaque personne, voulant éviter les petites phrases bateau du type « bonne lecture » – même si je fus souvent obligée de m'y résoudre. Alors les livres s'entassaient un peu autour de moi.
A 17h30, nous avons dû quitter les lieux. J'ai toujours détesté écrire sur les pages des livres. Curieusement, dans cette circonstance, cela me dérangeait nettement moins, et je serais bien restée encore un peu... Mais quelque chose de plus important nous attendait. Effectivement, nous nous rendions à présent à l'Hôtel de Ville de Paris.
Il y avait déjà une file de gens qui attendait que les portes s'ouvrent. Nous l'avons dépassée pour faire une entrée V.I.P. dans le splendide bâtiment. Nous avons poussé une porte qu'un mot nous priait de refermer pour ne pas laisser entrer les pigeons, et nous avons monté un grand escalier recouvert d'un tapis rouge jusqu'à une porte éclairée des couleurs de notre drapeau. Et nous n'étions pas au bout de nos surprises. Nous avons pénétré dans la magnifique salle des fêtes, digne de la galerie des glaces de Versailles. Là, Louise et Tamara ont été interviewées par M6, puis à 18h tout le monde est petit à petit entré dans l'immense pièce pour assister à la cérémonie.
Discours de Madame la Maire, de Gilles Cohen Solal, d’Erik Orsenna, et puis ce fut notre tour. Lorsqu'on m'a appelée, je me suis vite débarrassée de mon exemplaire de l'Actu, qu'on nous avait remis un peu plus tôt, dans les mains de Marie – qui a dû me suivre peu de temps après, il est donc passé de mains en mains et je ne l'ai jamais revu – et je suis montée sur l'estrade. Je ne me souviens plus exactement de ce que Sarah a dit de ma nouvelle. Je me rappelle uniquement qu'elle m'a demandé pourquoi j'avais choisi de parler de la maladie. Et je n'ai quasiment plus aucun souvenir de ce que j'ai répondu non plus. Il ne faut pas m'en vouloir pour ces oublis. À ce moment, mon esprit essayait de se concentrer tout en planant au-dessus de la salle, ce qui n'est pas chose aisée, vous devez le reconnaître. Je crois juste ne pas avoir bafouillé, simplement laissé un silence au milieu de mon petit discours pour remettre de l'ordre dans mes mots. Je ne saurais dire s’il a été trop long, j'avais bien conscience qu'à ce moment-là le temps s'étirait différemment pour moi que pour ceux qui m'écoutaient.
J'ai rejoint Lucie près de la maman de Clara sur le côté de l'estrade, tenant délicatement mon prix entre mes doigts pour ne pas le froisser. C'est sûrement pour cette raison que j'ai réussi l'exploit de le laisser tomber – non vous n'aurez aucune preuve en image ! Le président de l'ARCFA est ensuite arrivé pour son discours, et la cérémonie a continué autour du buffet, de ses coupes de champagne et de ses macarons – qui ne sont pas si inaccessibles, il faut mettre fin à cette légende !
Il était tout juste 21h quand il a fallu quitter le somptueux Hôtel de Ville et nous n'étions pas prêts à tous nous séparer. Alors après avoir salué ceux qui devaient s'en aller, une quinzaine d'entre nous – anciens comme nouveaux lauréats – sommes partis continuer la fête dans l'appartement d'Irène, suivant Pauline, qui guidait son troupeau dans les rues de Paris en brandissant une affiche du prix roulée pour que nous ne la perdions pas.
La soirée s'est finie au milieu des pizzas, des éclats de rire, et bien sûr des recueils de chaque année que nous faisions circuler pour nous les dédicacer mutuellement. Et au milieu des autres, avec qui je partage cet amour pour la littérature, mais plein d'autres choses encore, je me sentais extrêmement bien. Je me sentais comme dans une nouvelle famille. La grande famille du prix Clara.
J'ai le sentiment de ne pas avoir assez regardé autour de moi. De ne pas avoir assez ouvert les yeux. Comme si je n'avais pas réussi à savourer au maximum tout ce que cette journée m'avait préparé. Pourtant je vois difficilement comment j'aurais pu en profiter davantage, et cette journée a bel et bien été extraordinaire.
Mais comme tout ce qu'on attend avec impatience et qui nous réserve plus de joie qu'on en espère, elle est passée trop vite.
Trop court pour se connaitre vraiment c'est vrai. Et pourtant là j'ai presque les larmes aux yeux parce que ça me manque terriblement, et tu me manque énormément. Alors que ça fait seulement (et déjà ?!) plus d'un mois. Les onze prochains vont me paraitre extrêmement longs, eux, avant de vous retrouver toutes <3
Rédigé par : Anne-Lise | 15 décembre 2015 à 22:29
Ma petite Anne-Lise, que de souvenirs qui remontent en te lisant c'est trop cool et j'ai encore une fois l'impression de te découvrir un tout petit peu plus, une journée c'est court <3
Rédigé par : Trish/Louise (2015) | 15 décembre 2015 à 21:39
Oui, je pense qu'on a toutes un peu ressenti ça ^^'
Merci beaucoup :)
Rédigé par : Anne-Lise | 15 décembre 2015 à 20:19
First ! :D
Bon résumé de la journée ! J'aime bien ta réflexion à la fin. C'est vrai qu'il se passe tellement de choses qu'on n'a pas les moyens d'en profiter à 100%. C'est plutôt frustrant ! :p
Bonne continuation à toi en tous cas ! ;)
Rédigé par : Elorn, lauréat 2013 | 15 décembre 2015 à 09:22