« Cette journée, c’est la journée. »
Voilà la phrase qui me trottait dans la tête, le 16 octobre 2014, jour de la remise du prix Clara. Dès le réveil à 5h chez moi, quand j’ai dû me préparer pour le voyage et prendre le train à Aix-en-Provence en compagnie de Héloïse, alors que l’aurore pointait et dessinait des courbes rosées à l’horizon. Puis quand je suis arrivé : Paris, la belle, la ville lumière. Une ville portant le poids de l’Histoire, et chargée d’histoires. Tant d’inspirations en un seul lieu, et ce depuis des siècles ! Quand j’ai croisé le regard d’Oriane, timide, derrière ses lunettes à l’hôtel, et qu’elle a lancé d’un ton interrogateur « Théo ? ». Quand au bureau j’ai rencontré Héloïse d’Ormesson, Juliette, les personnes travaillant aux éditions puis les autres lauréats. Et ce jusqu’au soir, car c’était LA journée.
Ce fut réellement magique de rencontrer cinq autres jeunes aimant écrire, lire, des gens qui pour une fois me comprennent dans ma passion. Ils sont tous géniaux, je tiens à vous le dire, chacun a sa personnalité, son physique, et c’est ce qui les rend unique. Unique est un mot que je chéris. C’est le style que l’on a, le message que l’on fait passer, c’est la vie que l’on mène, la personne que l’on est.
La journée se passa à merveille, entre le repas avec tout le monde, à base de plats grecs où je cherchais la moindre trace de concombre ou de poisson car je n’en suis point friand, les photos avec Gérard qui nous permirent de vraiment nous rapprocher les uns les autres, et puis… la soirée.
Le moment que l’ont attendait tous, la réception, la remise du diplôme. Je m’étais préparé rapidement à l’hôtel, enfilant un costume acheté pour l’occasion ainsi qu’un petit nœud papillon. Je traversais les couloirs de l’Hôtel de Ville avec entrain. Je croyais halluciner tant ils étaient décorés avec soin. Je me croyais être en plein rêve et voulais me pincer comme je l’avais réellement fait le jour où j’avais appris que j’étais lauréat.
Le salon n’en était que plus beau. La cheminée finement sculptée, les murs peints tous sans exception, les lustres en cristal pendant du plafond, et puis la vue sur l’île de la Cité… On se croyait dans un tableau, où tout était agencé à la perfection dans une explosion de beauté. Mes yeux brillaient.
Une rapide interview par M6 (qui n’a finalement pas été diffusée) et les invités étaient déjà là, nombreux. Je rejoignais mes compères afin de ne pas me perdre au milieu de tout ces gens.
Des personnes vinrent nous parler, nous féliciter, notamment Erik Orsenna et Jean d’Ormesson. Le silence fit place aux discussions multiples dans tout le salon. Nous nous dirigeâmes vers l’estrade, la remise des prix approchant, et je passai devant tout le monde afin de me trouver au premier rang. Vinrent alors les discours, d’abord de Madame Hidalgo, dont les paroles étaient pleines de vérité. Je sentais comme une boule au ventre alors que la Maire de Paris parlait. Je savais que le moment arrivait. « Cette journée, c’est la journée, je ne peux pas faillir. ». Quand elle eu fini son discours, Monsieur Orsenna prit sa place. Et là, je ressentis comme une foudre qui traversait mon corps, mon cœur s’accélérait, mes pensées filaient dans tout les sens.
Il parla peu de temps, une décision de sa part, mais comme je le dis toujours il faut préférer la qualité à la quantité, et ce qu’il a dit ce soir là m’a grandement marqué, il avait réussi à exprimer parfaitement la vision que j’avais de l’auteur et de l’écriture. Mais ce temps suffit à faire monter mon stress, premièrement car je savais que j’allais devoir parler devant beaucoup de personnes, et surtout car je savais que j’allais être le premier à passer à la casserole. Aïe.
Il appela Pauline, ancienne lauréate, qui commença par parler de ma nouvelle. Je sentais que mes camarades étaient tout aussi tendus que moi. Puis elle m’appela.
Sur le coup je ne savais pas trop, m’avait-elle vraiment appelé ? Son regard posé sur moi me répondit. Je m’avançais, un peu tremblant, espérant que ma démarche ne dévoilait pas ma peur et montait sur l’estrade à ses côtés.
Je me souviens des lumières braquées sur moi, de la foule me regardant. Et je me souviens surtout de la question. La fameuse question. Je ne me souviens pas de la formulation exacte, mais elle me demanda si il y avait une différence quand j’écrivais avec un défi en tête par rapport à d’habitude. Question difficile, je vous l’admets.
Je ne sais pas combien de temps j’ai passé à ne rien dire, mais pour moi cette notion n’avait plus lieu d’être, il était à la fois suspendu et accéléré. Je montais (enfin j’essayais de monter pour ceux qui y étaient) le micro à ma hauteur. La première chose que j’ai su dire, fut « Bonsoir », à la fois par politesse, et aussi car le rire de l’assemblée me refis prendre un peu confiance en moi.
Et les mots fusèrent. J’expliquai qu’écrire avec un défi en tête nous amène à nous imposer un but, quelque chose à atteindre. C’est voir la fin avant d’en connaître le début en réalité, mais qui a dit que cela était mauvais ? Au final, on arrive à un texte qui ne change pas vraiment de lorsque l’on écrit normalement, car le plus important, c’est l’inspiration.
L’inspiration, on la trouve partout, dans la nature, dans les gens, dans ce que l’on ressent. L’inspiration est pour moi le maître mot de l’art, ce don venu sans crier gare qui nous galvanise dans notre travail d’écrivain. Écrire sans passion, c’est donner à notre texte un corps sans âme. Et comme je l’ai dit « L’inspiration est un ensemble de rivières partant du cerveau pour arriver à la main en un fleuve d’encre qui nous permet d’écrire ». C’était improvisé, moi-même je ne m’attendais pas à dire ça. Les gens applaudirent, et moi, je souriais, ma langue n’avait pas trop fourché, je n’avais pas dit n’importe quoi. Voilà pour moi un exemple d’inspiration.
Et les autres passèrent sur l’estrade alors que je rejoignais, le Prix Clara tant attendu à la main, les lauréats. La soirée se termina de manière moins stressante, une journaliste vint m’interviewer, je discutai avec les lauréats, fis quelques dédicaces… Et j’ai même pu manger un macaron (spéciale dédicace aux anciens lauréats qui n’ont pas eu cette chance) !
Et vint l’after, tous, anciens et nouveaux lauréats, partirent avec pour « chef » Pauline, direction l’appartement de Marie Friess. Je fus étonné que nous puissions tous y rentrer, mais ce fut génial. On fit la connaissance de tout le monde, et j’ai surtout fait beaucoup, BEAUCOUP de dédicaces. Et je pèse mes mots…
Mais le moment était venu de partir. On nous ramena à l’hôtel, la pluie tombait doucement sur nous alors que nous marchions sous la lumière des lampadaires dans les rues de la capitale endormie. Un sentiment de tristesse me prit en montant les escaliers jusqu’à ma chambre. Je me disais que c’était fini. Mais tout bien réfléchi, j’avais commencé la journée les étoiles dans le ciel, et l’avait terminée ces étoiles dans mes yeux.
Et là je me suis dis: «Théo, Cette journée, c’était la journée. Cette vie, c’est ta vie, vis-la à fond».
Bravo Théo, et merci pour ta nouvelle que j'ai dévorée.. Une super chute pour une histoire bien menée, bref mais efficace, j'ai adoré !
Rédigé par : Siolka | 01 juin 2015 à 15:53
merci pour ton compte-rendu de cette journée mémorable (même pour les parents !).
Ta nouvelle est vraiment chouette. A la première lecture, un fourmillement de questions ne cessait de m'assaillir, puis je me suis laissée transporter, à l'instar de tes personnages énigmatiques, complètement larguée, jusqu'à la chute finale, grandiose d'originalité...
et pourtant, tout était déjà dans le titre ! Bravo
mireille
Rédigé par : miry cane | 26 novembre 2014 à 09:02
Et les coins perdus avec vous dedans, ça m'attire...
Rédigé par : Trish | 22 novembre 2014 à 21:29
Notre trou perdu t'es ouvert ma Trishouille. :3
Rédigé par : Wana | 19 novembre 2014 à 17:29
Moi aussi je veux ma dédicace ! Et je viendrais la chercher s'il le faut 8).
Rédigé par : Trish | 19 novembre 2014 à 16:27
T'es deg' hein Elorn ? :P
Rédigé par : Wana | 15 novembre 2014 à 16:23
Han, j'ai même pas eu de dédicace ! D:
Mais dans ma grande magnanimité, je te pardonne jeune scribouillard ! :D
Joli résumé sinon ;)
Rédigé par : Elorn (2013) | 15 novembre 2014 à 12:20