À Marseille, un vent puissant et une pluie glaciale ont enfin chassé la molle chaleur du soleil, qui jusque-là brillait en ignorant l’avancée de l’automne. Il est temps de raconter, de raconter cette merveilleuse journée du 16 octobre…
Mais avant, qu’est-ce qu’il y a ? Avant, il y a une idée. Une idée de nouvelle. Une idée longuement pensée, doucement rêvée et enfin écrite. Il y a son envoi par la poste. Et la fierté de l’acte. Puis, un matin de juillet, il y a le coup de téléphone.
Accompagnée de mes parents, j’ai poussé la porte des Éditions Héloïse d’Ormesson la première. Juliette nous y accueille, la fameuse Juliette avec qui j’ai échangé tant de mails durant l’été. Théo et Héloïse arrivent très vite, et nous avons le droit à une visite complète des éditions. Une cour, une passerelle en bois, nous montons et descendons au rythme des escaliers sous nos pieds, pour finalement revenir dans l’entrée. Héloïse d’Ormesson paraît et nous remet à chacun un exemplaire du livre. LE livre, NOTRE livre. J’en fais défiler les pages et ose timidement mettre mon nez dedans. Il sent le papier et le neuf ; il a l’odeur de l’avenir… Juliette nous donne à tous le sac en papier contenant nos dix exemplaires d’auteurs. Siloé et Matias nous rejoignent à leur tour, et nous mangeons dans la salle de réunion, en compagnie de Juliette, Gilles Cohen-Solal et Héloïse d’Ormesson, à qui nous nous empressons de poser toutes nos questions sur les coulisses du Prix. Des marque-pages du Prix Clara 2014 sont disséminés un peu partout dans la pièce, et l’affiche nous sourit du haut de son mur. Esther arrive alors, retenue par un devoir sur table, et ça y est, l’équipe est au complet. Nous sommes les lauréats 2014, et nous sommes là. Déjà il faut passer aux dédicaces pour les membres du jury. On me tend un exemplaire du recueil sur lequel est collé un post-it jaune marqué du nom d’Erik Orsenna…
Le photographe Gérard nous emmène aux arènes de Lutèce pour la traditionnelle séance photo. Sur le chemin, nous posons, non sans une certaine appréhension, sur le passage piéton. Il faut dire que les automobilistes parisiens semblent pourvus de la même quantité de patience que leurs homologues marseillais : pas une once… L’après-midi passe au son des « Souriez, je veux voir les dents ! Un peu plus à droite, non, l’autre droite. Ah, il faut la recommencer » et autres phrases de photographe. Le portrait sérieux est extrêmement dur à réaliser, après avoir tant sollicité nos zygomatiques, et la photo du toboggan, bien qu’elle soit réussie, a présenté un potentiel danger… Pierre-François et Manon se joignent à nous, et Pierre-François coordonne la prise d’un autre fameux cliché, celui où tout le monde saute, que nous réussissons — presque — du premier coup. Il me serait impossible d’évoquer ce moment sans mentionner la brosse à dents de Siloé, qui est en bonne voie pour devenir le symbole de notre promotion 2014… Nous discutons, plaisantons, et rions beaucoup.
C’est la première fois que je rencontre mes co-lauréats, mais j’ai l’impression de les connaître depuis toujours. Et dire que je n’ai pas lu leurs nouvelles ! Elles devront attendre le lendemain. Audrey nous guide à travers le dédale du métro parisien, dont la compréhension m’échappe, et l’Hôtel de Ville se dresse devant nous.
Aucun mot ne semble être suffisant pour décrire cet édifice. Les murs et le plafond sont recouverts de magnifiques peintures et les bois sont finement ouvragés. De grands lustres scintillent et le parquet lustré craque légèrement sous nos pas ébahis.
Le salon se remplit peu à peu. Erik Orsenna et Jean d’Ormesson nous félicitent en personne. On vient nous prévenir que nous serons appelés dans l’ordre du livre. Une bouffée d’angoisse, vieille ennemie, nous submerge. Et on réclame le silence. Les discours se succèdent, puis Pierre-François et Pauline montent sur l’estrade et débutent la remise du Prix. Pierre-François m’appelle finalement. Je grimpe les deux marches.
Pourquoi s’inquiéter ? J’ai enfin l’impression d’être là où il faut, quand il faut, pour ce qu’il faut. Quel doux sentiment que celui de la légitimité !
Le reste de la soirée s’enchaîne vite. Plusieurs dédicaces, un feuilleté, une verrine, et, oui, un macaron plus tard, et nous partons pour l’appartement de Marie Friess où se déroule l’after. Tout le monde se présente, discute et mange des gaufres. Nous, les nouveaux, nous prêtons au jeu des dédicaces.
Nous rentrons à l’hôtel sous la pluie, le ciel parisien semble s’accorder avec le dur moment des adieux que nous refusons de laisser approcher, debout, tous les six, dans le hall feutré de l’hôtel. Mais il faut pourtant y aller. Nous sommes le 17 depuis près d’une heure maintenant ! Nous regagnons nos chambres respectives.
Voilà.
Oui, mais après ?
Après, il y a la tranche du recueil dédicacé par tous, coincée entre un dictionnaire de français et un dictionnaire d’allemand, et qui me sourit, que je planche sur un nouvel récit ou sur un devoir de maths.
Après, c’est la lumière qui éclaire, au loin comme un phare, et c’est le vent dans le dos qui pousse à écrire, encore et toujours.
Merci à tous ceux qui permettent au Prix Clara d’exister. Merci aux anciens lauréats, pour leur accueil chaleureux au sein de la communauté. Merci enfin à vous, Théo, Héloïse, Siloé, Matias et Esther, chers co-lauréats, pour avoir fait de cette journée ce qu’elle fut.
Pour Clara.
Merci pour ta nouvelle à l'écriture très originale, je n'y aurais pas pensé... To n écriture est très fluide, et l'histoire à la fois simple et belle !
Rédigé par : Siolka | 01 juin 2015 à 15:54
magnifique cette petite histoire en miroir de 2 chats à la fois si différents et si semblables...on sent que tu as passé du temps à les observer, ils sont tous les deux si bien décrits qu'il me semblait les voir...
très émouvant aussi, ce fossé rendu infranchissable qui les sépare. bravo et merci
mireille
Rédigé par : miry cane | 26 novembre 2014 à 09:10