Une pensée pour Clara à qui je dédie cette magnifique journée.
An de grâce 2013, 24 octobre. Les premières lueurs du matin me réveillent. Où suis-je ? À Paris, je crois bien. Pour quelle raison, déjà ? Mais… parbleu, comment ai-je pu oublier ça !? C’est aujourd’hui qu’a lieu ce que j’attends avec impatience depuis maintenant trois bons mois : mon adoubement !
Le temps de me sustenter et de rassembler plumes, parchemins et encrier dans ma besace, et direction la maison d’édition Héloïse d’Ormesson !
Quelques stations et une ellipse plus tard, me voilà devant le siège des Éditions.
Je rentre. Je suis accueilli par Dame Pauline et Dame Roxane, qui me présentent au passage Dame Audrey, notre attachée de presse. Le temps de régler quelques formalités et voilà Damoiselle Eugénie qui arrive, toute souriante. Je la reconnais tout de suite : entre lauréats, nous nous étions tous échangés nos photos (sauf notre cher Benjamin, dont on ne verra la bouille que peu avant la cérémonie, dans un article de L’Actu). Je discute un peu avec ma co-lauréate. Dame Pauline nous apprend au passage une nouvelle des plus désolantes : Monseigneur Erik Orsenna ne pourra être présent à la cérémonie pour raison médicale. Enfer et damnation ! Et moi qui me faisais une joie de rencontrer un académicien ! J’avais pourtant passé plusieurs heures à me documenter à son sujet afin de pouvoir lui parler sans paraître trop inculte !
Une fois remis de cette triste nouvelle, nous descendons Damoiselle Eugénie et moi dans une salle où nous attendent plusieurs exemplaires du livre. Nous avons déjà vu la couverture par mail, mais les voir en vrai, ça fait un choc tout de même ! Notre mission : remercier tous les sponsors et les personnalités qui permettent au prix d’exister en écrivant un petit mot dédicacé. Nous sommes en train d’y réfléchir (tout en discutant quelque peu, je l’avoue) mais l’inspiration n’est pas au rendez-vous. Il faudra attendre l’arrivée de Damoiselle Marie et de Damoiselle Annabelle pour que la machine se mette en route. « Pas de repas tant que ce n’est pas fait ! » avait prévenu Dame Pauline. Stimulé par cette menace, les dédicaces s’enchaînent. C’est à ce moment-là que Sire Pierre-François (ou P-F pour les intimes), lauréat 2008, vient nous rejoindre. Ouf ! Je craignais de me retrouver seul entouré de tant de présences féminines, mais voilà quelqu’un de la gente masculine pour me tenir compagnie ! Quelques minutes plus tard arrive Damoiselle Irène. Notre quatuor ayant bien avancé dans les dédicaces, la pauvre rattrape le train en route. Elle nous fait notamment profiter de ses talents de dessinatrice !
Une fois notre mission accomplie, la table est débarrassée de ces livres au profit de nombreux plats libanais tous plus alléchants les uns que les autres : poulet aux épices, salades en tous genres, tarama, pain libanais, macarons (cherchez l’intrus) et même poulpes (je n’ai pas eu l’audace de tenter). La cuisine méditerranéenne a du bon ! Dame Héloïse d’Ormesson nous fait l’honneur de partager notre repas. Les discussions vont bon train.
Notre banquet touche presque à sa fin quand arrive Sire Gérard, notre photographe attitré. Encore quelques minutes et direction les Arènes de Lutèce à deux pas de la maison d’édition pour des portraits-souvenirs (malgré le temps relativement maussade). L’opération « Sourires en cascade » débute. Nos zygomatiques souffrent mais tiennent bon. Pour se donner du cœur au ventre, nous échangeons quelques blagues, notamment scientifiques (« C’est un x², il va dans un bois, et quand il ressort, c’est juste un x. Pourquoi ? Parce qu’il s’est pris une racine ! » et autres blagues de molécules qui râlent). Sire Pierre-François, responsable de la bonne humeur, arrive à faire abstraction de son amour-propre au point de courir derrière des pigeons pour nous faire rire. Respect.
Quelques rayons de soleil furtifs viennent de temps en temps éclairer notre quintet d’adolescents. Sire Paul Lejeune, lauréat 2011, passe nous faire un petit coucou. L’après-midi suit tranquillement son cours. Il est environ quatre heures quand Damoiselle Marie et moi retournons aux Éditions reprendre nos affaires. Nous sommes en effet les deux heureux élus (vraiment ?) qui allons passer sur France Info dans l’émission « Le livre du jour » de Sire Philippe Vallet. Nous nous rendons dans les locaux de Radio France en taxi, accompagnés de Dame Héloïse d’Ormesson. Je profite du looooong trajet (la distance n’est pas énorme, mais le trafic parisien a cette heure-là… je comprends pourquoi « parisien » est l’anagramme d’« aspirine » !) pour discuter avec Damoiselle Marie, alias la « demoiselle du Jura » (surnom authentique).
Nous arrivons devant les locaux de Radio France. Vu du dessous, le bâtiment semble gigantesque ! Nous entrons, allons dans l’ascenseur et montons au 8e étage. Là nous attend Sire Philippe Vallet, qui nous fait patienter le temps de trouver un studio. Je profite autant que je peux de cette petite pause (ô combien agréable, vu la vitesse à laquelle se déroule la journée).
Une fois le studio d’enregistrement trouvé, Dame Héloïse d’Ormesson passe la première devant le micro et présente le Prix Clara. « Soyez le plus concis et le plus clair possible » est le mot d’ordre. Puis vient le tour de Damoiselle Marie. J’esquisse un sourire quand le journaliste lui pose la question fatale, celle qu’elle ne voulait surtout pas avoir : « Pourquoi écrivez-vous ? ». Mais la jouvencelle s’en sort adroitement. À mon tour de faire mes preuves maintenant. Hélas, je ne suis pas un orateur-né et le fait d’avoir une nouvelle à chute ne facilite pas les choses. Sire Philippe Vallet interrompt plusieurs fois l’enregistrement pour me faire reprendre. « Plus d’aplomb, que diable ! »
Finalement, je m’en sors au prix de quelques phrases floues et autres pléonasmes (« c’est l’histoire d’un martyr, qui souffre… »). Dame Héloïse d’Ormesson prend ma place pour rajouter quelques phrases en guise de conclusion, puis nous sortons du studio. Ouf !
Cette épreuve médiatique terminée, nous prenons un nouveau taxi, en direction de l’Hôtel de Ville de Paris, cette fois. Arrivée vers 18 h 20. Ça ne rigole pas : trois gardiens surveillent l’entrée, contrôlant soigneusement les laisser-passer des arrivants. Damoiselle Marie et moi lui montrons nos badges « Prix Clara » et nous passons sans encombre.
Je suis surpris de la beauté de l’Hôtel de Ville. Celui de Brest fait pâle figure en comparaison ! Damoiselle Marie et moi déposons nos affaires dans le vestiaire, puis allons nous changer. Nous avons environ une demi-heure d’avance. Je revêts ma tenue de soirée, composée d’une chemise bleue, d’un pantalon noir et… de « néo-baskets ». Je m’excuse platement auprès de tous ceux que cette tenue déplacée a pu choquer…
Un peu plus tard arrive le reste des lauréats, en tenue adéquate comme il se doit. C’est à ce moment que je m’aperçois que je n’ai plus mon badge. Bonté divine, où l’ai-je fourré ? Je retourne au vestiaire voir s’il n’est pas dans mes poches de manteau : hélas, non. Sacrebleu ! Heureusement, Sire Pierre-François me rassure en me disant qu’il n’est pas nécessaire de l’avoir. Je l’ai échappé belle. (Note : ce n’est que le lendemain que je l’ai retrouvé dans la poche de mon gilet. Quel étourdi je fais !)
Les premiers invités arrivent. Il y a dans la salle beaucoup d’illustres personnalités, que ce soit d’anciens lauréats ou des personnes importantes du monde de l’édition ou du journalisme. Mes parents arrivent en retard, eux qui sont d’habitude si ponctuels ! Il est environ 19 h 30 quand commence le discours de Dame Anne Hidalgo, qui présente le Prix Clara dans les grandes lignes. Je me glisse au premier rang avec mes co-lauréats. Les minutes s’écoulent et c’est au tour de Monseigneur Gilles Cohen-Solal de parler. Avec une note d’humour, il remercie le jury et complète les propos de la première adjointe au maire. C’est ensuite à Dame Héloïse d’Ormesson d’excuser Monseigneur Erik Orsenna pour son absence.
On fait signe aux lauréats de monter sur scène. Nous nous installons tant bien que mal sur un des côtés, tandis que les lauréats des années précédentes s’organisent de l’autre. Un par un, nous sommes appelés, un ancien lauréat présente notre nouvelle et nous pose une question. Je suis le troisième à passer. Tout en concentrant mon attention sur les dires de mes co-lauréats, je me prépare mentalement à l’épreuve qui m’attend. Ils s’expriment très bien, eux. Vais-je être à la hauteur ? La tension monte. Mon cœur bat la chamade.
Damoiselle Manon Le Gallo, lauréate 2011 avec « Oxygène » (nouvelle que j’avais particulièrement appréciée) s’avance. Mon nom est cité : je la rejoins. Elle présente ma nouvelle sans rien dire de la chute (tâche difficile) et me pose LA question : « Qu’est-ce qui vous a inspiré dans la rédaction de cette nouvelle ? »
Je rassemble mes esprits assez vite pour ne pas bégayer tout en essayant de construire une phrase à la grammaire irréprochable. Les mots s’enchaînent, tout se passe bien.
C’est fait.
Je m’agenouille devant Damoiselle Manon en signe d’allégeance. Avec le diplôme qu’elle tient dans la main, elle me donne un petit coup sur l’épaule droite, puis sur la gauche. « En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par Monseigneur Erik Orsenna, annonce-t-elle d’une voix solennelle, je vous nomme Chevalier du Subjonctif. Vous faites désormais partie de la Confrérie Clara. »
Ça s’est à peu près passé comme ça dans ma tête. En vérité, elle m’a simplement donné le diplôme, il y a eu des applaudissements, et j’ai regagné ma place. Mais peu importe : le moment que je craignais le plus est derrière moi, et tout s’est bien passé.
Les deux derniers lauréats passent, puis un grand applaudissement final retentit dans l’Hôtel de Ville. La foule de spectateurs se disperse tandis que les parents et Sire Gérard profitent de l’occasion pour prendre des photos. Ça y est, nous sommes de nouveau libres de nos mouvements. Je rejoins mes parents, qui me félicitent, puis je vais chercher une coupe de champagne. Je me rappelle après-coup que je n’aime pas vraiment ça, mais ça donne une contenance. À peine ai-je le temps de tremper mes lèvres dans le breuvage qu’on m’appelle pour passer devant la caméra de M6. Qu’à cela ne tienne, je confie mon verre à mon oncle et je vais répondre aux quelques questions du journaliste.
La suite va très vite. Je discute avec plusieurs personnes : mes parents, ceux des lauréats ou les lauréats eux-mêmes. Alors que je me prépare à partir écumer la salle à la recherche de mes confrères (car oui, nous formons à présent une confrérie), on me signale que l’after, prévu pour 21 heures, nous permettra justement d’échanger des dédicaces. En effet, j’allais oublier ce détail… mais je sais que Damoiselle Irène ne pourra y être présente. Je finis par la trouver et la fait dédicacer mon exemplaire. Damoiselle Eugénie m’annonce qu’elle va bientôt partir et qu’elle ne viendra pas (non plus) à l’after. Je lui tends mon crayon et mon livre. Elle n’allait pas s’en tirer comme ça !
De nombreuses discussions plus tard, l’heure de se rendre au café Livresse (nom prédestiné pour une telle occasion) arrive. Tous les membres de la Confrérie Clara qui ont pu venir viennent reprendre leurs affaires au vestiaire. Dans la précipitation, j’oublie de demander à ma mère un ticket de métro pour le retour à l’hôtel. Bon… j’ai 20 euros, il restera bien de quoi acheter un ticket…
Le café en question est un bâtiment à quelques pas de l’Hôtel de Ville. Nous nous y rendons tous à pied et arrivons vers 21 h 15. Nous prenons nos aises, commandons des boissons et des plats, discutons joyeusement. Les livres du Prix Clara 2013 sortent des sacs et (je suis sûr que c’est un complot) s’accumulent sur ma table. Difficile de trouver des trucs sympas à dire quand tout le monde vous presse ! (Mes excuses à ceux qui avaient leur exemplaire dans le bas de la pile et qui ont dû attendre un bon moment avant de le revoir…)
Une limonade, un plat de tagliatelles carbonara et de nombreuses dédicaces plus tard, la soirée se termine. Il est 23 heures passées. Tous les lauréats précédents ou presque ont signé mes livres (une pensée aux lauréats 2011 et 2012 dont je n’avais pas les ouvrages et qui ont accepté de signer sur des feuilles volantes…). Mais la signature que je voulais le plus, je ne l’ai pas : celle de Tessa qui n’a pas pu venir. Je la côtoie pourtant depuis avril 2011 sur les forums de Jeuxvideo.com et sur Skype… Puisqu’elle ne me fait pas de dédicace, c’est moi qui lui en fais une ici : DÉDICACE À TESSA !
Ce soir-là, j’ai fait la connaissance de bon nombre de lauréats, et même des amis qui les accompagnent (notamment le jeune damoiseau aux cheveux bouclés, fan de HunterXHunter et autres lectures japonaises comme moi !). Je règle ma note et suis Damoiselle Pauline Rolland et quelques autres, qui nous ramènent Damoiselle Marie, Damoiselle Annabelle et moi jusqu’à l’hôtel. L’histoire du ticket de métro me revient en tête. Pas le temps d’en acheter ? Diantre ! Allons-nous, Damoiselle Marie, Damoiselle Annabelle et moi, frauder comme de vulgaires criminels ? J’imagine que nous n’avons pas le choix… Damoiselle Pauline rit de ma mentalité d’enfant sage. Je suis un chevalier, madame, j’ai un certain honneur ! Heureusement que ce n’est que pour quelques stations…
Un peu plus tard, nous sortons du souterrain, juste à côté de l’hôtel. Nous nous disons au revoir sur le pas de la porte. J’accompagne Damoiselle Marie et Damoiselle Annabelle à leurs étages respectifs, puis monte jusqu’à ma chambre. Là, je m’affale sur mon lit, sentant d’un coup toute la fatigue accumulée et expire un bon coup.
C’était magnifique. Merci à toutes les personnes qui permettent à ce prix d’exister, merci à tous les lauréats… si je peux revenir l’année prochaine, nul doute que je le ferai ! Et à vous qui me lisez, si vous n’avez pas encore dépassé l’âge limite pour participer et que vous êtes motivés pour écrire, participez au concours (surtout si vous êtes un garçon) ! J’ai hâte de lire les nouvelles des prochains lauréats… et de voir la confrérie Clara s’agrandir !
Elorn Goasdoué.
Je serais honoré de vous avoir mes côtés pour représenter la Bretagne, jeune chameauteure ! (joli pseudonyme d'ailleurs :D)
Bonne chance pour les années à venir ! ;)
Rédigé par : Elorn | 25 juillet 2014 à 21:35
Breton power ! J'essayerais de représenter notre petit Royaume, seigneur Elorn, une année, je vous le promets. Et ton récit est... génial. *_* Il faut vraiment que je lise les nouvelles...
Rédigé par : La Chameauteure | 23 juillet 2014 à 22:04
...
......
.........
Ha ! Ha ha !
J'avais lu ta nouvelle avant la clôture du concours !
Mais si, tu me l'avais envoyée, à l'époque où tout le monde s'échangeait les textes pour recueillir divers avis...
Ha...
Ha ha...
BRAVO !
Rédigé par : Werewolf | 17 novembre 2013 à 14:18
I'm really impressed with your writing skills as well as with the layout on your weblog. Is this a paid theme or did you customize it yourself? Anyway keep up the excellent quality writing, it is rare to see a great blog like this one today.
Rédigé par : affiliation forex | 17 novembre 2013 à 06:45
Ton texte m'a bien fait rire, autant que ta nouvelle à vrai dire! :)
Longue vie à tes récits, Elorn!
Rédigé par : Eugénie | 13 novembre 2013 à 21:33
C'est vraiment dommage, cette histoire de badge perdu... Quand je suis arrivée, j'ai salué toutes les lauréates, mais toi je ne savais pas qui tu étais ! Je ne l'ai compris que plus tard... ;)
En tout cas j'ai vraiment apprécié ta nouvelle, la chute est très drôle ! Encore félicitations :)
Rédigé par : Sarah | 10 novembre 2013 à 21:49
Dis Mr le chevalier tu ne connaîtrais pas un certain Fabien xD?
Merci pour ce super récit très drôle ^^
(par contre parisien=aspirine, non mais!)
Rédigé par : ... | 09 novembre 2013 à 14:54
Je ne savais pas qu'aspirine était l'anagramme de parisien! Je sens que je vais la ressortir celle-là.
Longue vie à la Confrérie du Prix Clara!
Rédigé par : PF | 09 novembre 2013 à 13:38
Aha, joli ton texte Elorn, fidèle à toi-même !!! :) Merci pour ce titre de Damoiselle, j'sais pas trop si je le respecte (je m'approchais plutôt du rustre ivrogne en appelant le serveur pour passer la commande XD)
Pauline (2012)
Rédigé par : Pauline | 08 novembre 2013 à 21:36
Oui, oui c'est absolument ainsi que ça s'est passé.
J'avais apporté mon épée (et mon sabre laser) pour faire ça dans les règles de l'art, mais c'est pas trop passé à la sécurité malheureusement...
Du reste, chouettes récits les 2013 ! Ce fut un plaisir de faire votre connaissance. :D
Rédigé par : Manon LG | 08 novembre 2013 à 21:14
On ne sera jamais trop attentionné envers la gente féminine ! ^^
Rédigé par : Elorn | 08 novembre 2013 à 21:14
"J’accompagne Damoiselle Marie et Damoiselle Annabelle à leurs étages respectifs" eh Elorn ça fait pas un peu trop chevalier servant là ? Cher lecteur, je tiens quand même à te préciser qu'il nous a accompagnées parce qu'il était logé un étage au-dessus ! :p (mais c'est vrai qu'il aurait pu prendre l’ascenseur et qu'il a choisi les escaliers ;))
Rédigé par : Annabelle | 08 novembre 2013 à 20:26