" Quand je me levai, ce matin-là, ce fut le sourire aux lèvres, et pourtant la boule au ventre. Quatre ans… Quatre ans que je suivais, que je participais au Prix Clara, regardant chaque année les lauréats atteindre leur rêve… Et cette année, après trois tentatives avortées, c’était moi qui me retrouvais à leur place, enfin… Ainsi, à 8h du matin, ce 25 octobre 2012, c’était quatre années de ma vie qui pesaient sur mon estomac noué.
Mes affaires étaient prêtes depuis deux jours, il ne me restait plus qu’à attendre l’instant fatidique. Et pour cela, pour combler ces quelques heures d’attente (assez stressantes, il faut l’avouer), il se trouvait que le gourou du Prix Clara avait décidé de me tenir compagnie… Et quelle compagnie ! Autour d’une tasse de Jardin Bleu (mon thé préféré, que PF n’a pas manqué de renverser), Pierre-François Gimenez (lauréat 2008, et hop ! Un petit coup de pub !) s’est occupé de me faire stresser en me racontant qu’il allait me poser des questions horribles pendant la remise des diplômes, et autres petites choses qui vous font, en ces heures fatidiques, un peu paniquer… C’est donc encore plus angoissée que j’ai sauté dans le métro pour me rendre, scrutant les pubs du métro à la recherche de l’affiche du Prix Clara, aux Editions Héloïse d’Ormesson, 3 rue Rollin.
Je me souviens que PF est entré dans la pièce comme si c’était chez lui, claquant la bise à tout le monde. Moi, j’étais trop effrayée. On m’a indiqué une petite pièce en sous-sol. J’y ai trouvé… je dois admettre que je ne me souviens plus trop qui était déjà là… Il y avait Clara, pour sûr, et peut-être Enya et Sarah, aussi… En tout cas, je n’étais ni la première, ni la dernière. En attendant les autres, on a papoté, rigolé, et surtout, surtout, on a cherché une dédicace pour d’éminents personnages, tels que Bertrand Delanoë (dure tâche ! Entre « cher Béber » et « Pour M. Le Maire », on hésitait vraiment ! Heureusement qu’Anne-Laure, l’attachée de presse, était là !). On a tous signé un peu confusément le petit mot écrit sur la première page du livre et, le temps que les autres filles et LE garçon arrivent, il était déjà l’heure du déjeuner.
Déjeuner assez étrange, où les convives parlaient simultanément tout en se passant les boulettes de viandes et la salade de pâtes au pistou… eh non ! Pas de bataille de concombres, cette année ! Héloïse d’Ormesson nous a dit un petit mot, PF a renversé le coca, Enya et Alexandre ont boulotté presque tout le pain (vous savez, celui qui n’est pas levé, libanais, ou quelque chose comme ça). Et, forcément, est venu le moment où j’ai été forcée d’admettre que c’était la quatrième fois que je participais au Prix Clara…avec un peu de honte d’avoir échoué trois fois, il faut l’avouer…
Dessert mangé à la hâte, car Gérard, le photographe, nous attend ! Il nous a bien fait rire : une fois, on devait faire les Beattles, la fois suivante on devait descendre les marches de Cannes, avec l’étape toboggan entre les deux ! Moins rigolo peut-être, les photos perso, où tu sais que si tu souris (avec crispation) tu auras l’air bête, mais où tu sais aussi que si tu ne souris pas, tu auras également l’air bête… Le pire ? Faire des photos sérieuses, où le photographe te demande de ne pas rire ni sourire…car à ce moment-là, comme par hasard, les 7autres font les zouaves derrière (on tente de penser qu’ils ne le font pas exprès, mais c’est dur), et tu n’as qu’une envie, c’est d’exploser de rire !
Après cette étape photo aux Arènes de Lutèce, on revient aux Editions, qu’on investit désormais comme s’il s’agissait de notre deuxième maison. Les filles d’un côté, le garçon de l’autre, nous partons nous changer pour LA Soirée. Clara et moi avons investi un bureau pour revêtir nos robes de bal, puis nous avons fait tourner le maquillage. Pas le temps de chouiner parce que personne n’avait de rouge à lèvres, l’Hôtel de Ville de Paris nous attend…
Bien sûr, il y avait cet escalier, avec ses deux immenses volées de marches, son tapis rouge, son plafond à dorures… C’était le voyage, l’ascension vers le rêve, qui commençait là. Nous avons monté ces belles marches, tou(te)s ensemble comme un seul homme (lauréat, plutôt !), le sourire aux lèvres, des papillons dans nos yeux, mais aussi au fond de nos ventres. Nous sommes bientôt arrivés en haut de cette fabuleuse machine à remonter le temps, et nous sommes entrés dans la salle où allait se dérouler la cérémonie. Les dorures étaient partout, les miroirs reflétaient le bleu du ciel et de la Seine, dehors. Nous étions dans un autre monde, où tout était chatoyant. Et, pour l’instant, ce monde était désert, il n’était que pour nous, les huit lauréats. C’est là que la Valse des dédicaces a commencé, avec Lyra (Amandine Pohu, lauréate 2007, THE first one !) qui nous a tendu son livre.
Et puis les journalistes sont arrivés. D’abord, Clara, Enya, Fanny, Capucine et moi avons dû répondre aux questions du journaliste du Parisien. « Souhaitez-vous en faire votre métier ? ». Comment ne pas en rêver… Avec cette soirée, je voyais, peut-être, la première esquisse d’un rêve ancien se dessiner… Mais allons, pas le temps de rêvasser, il fallait faire des photos pour le Parisien. Puis c’est M6 qui m’a interviewée devant sa caméra. Quand le journaliste m’a enfin libérée, j’ai pu saluer mes invités qui étaient arrivés : Mes parents, mon oncle et ma tante, ma sœur, et deux de nos amis. Ils étaient tous très beaux et souriants, et pourtant cela ne me rassurait pas vraiment.
Jean d’Ormesson est arrivé, les lauréats et moi sommes allés le saluer. Puis c’est le Ministre de l’Education, M.Vincent Peillon, qui a fait son apparition. Et la cérémonie a commencé.
D’abord, Mme Lyne Cohen-Solal a fait son discours de bienvenue au nom du Maire de Paris, Bertrand Delanoë. Puis c’est Gilles Cohen-Solal qui a pris la parole au nom des Editions Héloïse d’Ormesson pour nous parler de Clara et nous féliciter. Pour finir, M. le Ministre de l’Éducation Nationale a pris la parole pour nous complimenter. Un groupe de manifestants qui s’étaient incrustés dans la salle en a alors profité pour crier leurs revendications (Grrr… J’ai bien cru qu’ils allaient pourrir notre soirée, ceux-là !). Puis est venu LE Moment que tous les lauréats attendaient et redoutaient en même temps.
Evidemment, il a fallu que ce soit moi la première appelée par Lyra et PF, peut-être parce que je suis la plus vieille. Ils m’ont remis mon diplôme, et je crois que jamais un bout de papier entouré d’un ruban rouge ne m’a fait autant plaisir ! Et là, PF a posé une question, la question que je ne voulais pas qu’il pose : « Je crois que c’est la 4ème fois que tu participes au Prix Clara… Mais dis-moi, qu’est-ce qui a changé cette fois-ci ? ». En plus de me forcer à improviser une réponse, PF rappelait bien à toute l’assemblée que j’avais mis quatre ans à gagner… Et me voilà en train de balbutier quelques mots en expliquant que les trois fois précédentes, j’avais écrit quelque chose spécialement pour le Prix Clara, en pensant à ce qui pouvait plaire au jury, alors que cette fois-ci, j’avais envoyé au dernier moment quelque chose que j’avais écrit pour moi… Selon mes invités, je ne m’étais pas trop mal débrouillée dans mon petit discours (malgré ma voix qui butait parfois sur les mots à cause de l’émotion) ; pour PF, mon petit mot avait justement été un peu long...
Les gens ont applaudi, j’ai dû sûrement rougir, et je suis allée me placer sur le bord de l’estrade, pour regarder mes co-lauréats s’essayer à l’exercice du discours à leur tour. Mais avant, il fallait poser pour le photographe, le diplôme à la main et le sourire (crispé) aux lèvres, comme il nous l’avait expressément demandé dans l’après-midi. Les autres lauréats ont défilé, ont reçu leur diplôme, ont été applaudis et sont venus me rejoindre.
Une fois ce ballet fini, je suis allée remettre, au nom de toute l’équipe des lauréats 2012, un exemplaire dédicacé de notre livre au Ministre de l’Éducation, en bredouillant quelque chose comme « Excusez l’amateurisme de nos dédicaces ». Puis ce fut reparti pour des séances photos : les lauréats, les lauréats et le Jury, les lauréats et le Ministre, les lauréats et la famille de Clara…
Les flashs se sont enfin arrêtés, j’ai cru être tranquille et j’ai rejoint mes invités. Mais Bernard Lehut, membre du Jury et journaliste de « Les livres ont la parole » sur RTL, est venu m’interviewer avec son dictaphone, intéressé par ce que j’avais dit dans mon petit discours (pour résumer, l’écriture est vraie quand c’est un acte personnel). J’ai bien ri avec lui, il a su me mettre à l’aise et, une fois de plus, nous avons parlé d’Aurélien d’Aragon, mon livre préféré.
Je ne me souviens plus trop comment s’est finie la soirée… Nous étions bercés par cette douce euphorie que les lauréats des années précédentes nous avaient déjà décrite… J’essayai d’aller voir mes invités de temps en temps, mais les gens nous demandaient des dédicaces (pour Tatiana de Rosnay, pour les anciens lauréats ou pour les nouveaux, pour une petite cousine de Clara qui m’a demandé « Dites, Madame, comment vous arrivez à avoir des idées pour écrire ? Parce que moi j’y arrive pas trop … »). Je me souviens juste que la salle s’est vidée brusquement, et que nous avons dû partir à notre tour. J’ai dit au revoir aux Editions (en la personne d’Héloïse d’Ormesson, Gilles Cohen-Solal, mais aussi Pauline Ricaud, qui avait été notre contact par mail et qui nous avait tous rassurés). Puis, toute la petite troupe du Prix Clara, anciens et nouveaux lauréats, s’est dirigée vers un bar à Châtelet pour finir la soirée entre nous. C’est dans un restaurant de globe-trotters au décor africain que nous avons pu ENFIN manger un bout (parce que moi, les fameux macarons, j’ai même pas eu le temps d’en manger ! Et Fanny qui ajoute « c’était une tuerie » afin de bien me faire rager). Nous avons fait tourner nos livres respectifs, pour avoir une dédicace de chacun, anciens ou nouveaux… Bref, c’était bien sympa !
Toujours trop tôt vient le moment de quitter le rêve pour redescendre sur la terre ferme… Nous nous sommes séparés, en promettant de se revoir bientôt… Certains prenaient le train pour leurs provinces, d’autres le RER pour leurs banlieues, moi je suis rentrée avec Capucine en métro, tandis que d’autres (les chanceux) rejoignaient à pieds leur hôtel non loin.
Joie et amertume avant d’aller se coucher. Joie d’avoir eu la chance de vivre toutes ces aventures et ces bonheurs avec des lauréats aussi gentils, joie d’avoir rencontré une maison d’édition très humaine dont l’équipe si dynamique a su nous mettre à l’aise… Amertume, aussi, à l’idée que cette journée, espérée, attendue depuis quatre ans, était déjà finie…
Mais qu’importe ! Car Capucine, Clara, Alexandre, Fanny, Sarah, Enya, Anne-Elise et moi, nous resterons à jamais les lauréats 2012, les mousquetaires à la plume vive qui essaieront de toujours écrire en pensant à Clara…
Pauline Rolland. "
Une coupe de champagne ? C'était plutôt la bouteille dis :p Ah les jeuens de nos jours, tous alcooliques ! :D
C'est vrai que vous les Parisiennes, vous allez bien vous amuser l'année prochaine. Faudra bien traumatiser les nouveaux en hommage à ce qu'on a subi ! :)
Rédigé par : Alexandre | 12 décembre 2012 à 17:02
Merci Pauline, de me présenter comme une sadique =P En fait je dois t'avouer que moi non plus je n'ai pas tellement profité de ce MERVEILLEUX buffet... Juste quelques macarons et une coupe de champagne ! On était tellement sollicités ; P Bref, vivement l'année prochaine, on pourra enfin se goinfrer pendant que d'autres ptits nouveaux devront faire des dédicaces ! ;D
Rédigé par : Fanny | 09 décembre 2012 à 17:19
Oulah pas de soucis ! J'ai pas l'intention d'y retourner d'ici une bonne soixantaine d'année, c'est donc l'Etat qui financera ta boîte de macarons :p
Rédigé par : Alexandre | 08 décembre 2012 à 16:37
Alexandre, tu me dois une boîte de macarons la durée la prochaine fois que tu viens sur Paris :D
Rédigé par : Pauline | 05 décembre 2012 à 21:17
Alex, tu es sadique !
Et Pauline, vos photos sont toutes très bien =)
Vous vendez du rêve, les gens ^^
Rédigé par : Ink.Ju | 05 décembre 2012 à 21:01
De sacrés souvenirs de cette journée là avec notre doyenne :) Et je confirme, les macarons c'était une tuerie :p
Rédigé par : Alexandre | 05 décembre 2012 à 15:34