La journée du 21 octobre... comment la décrire sans remplir douze pages ?
Peut-être en commençant par le début ! Sans m'attarder sur les dix heures de route de Grenoble jusqu'à Paris, j'avais tellement peur d'arriver en retard que je suis finalement arrivée en avance et la première aux bureaux des éditions Héloise d'Ormesson, un peu intimidée je l'avoue. J'ai enfin pu faire la connaissance d'Agathe et d'Audrey, nos deux attachés de presse avec qui nous étions en contact depuis des mois, et j'ai découvert le reste de l'équipe et les locaux. On m'a ensuite mis devant les cinquante ouvrages à dédicacer, je ne suis jamais arrivé au bout... !
Heureusement les autres lauréates sont arrivées, Justine, Juliette la bavarde (en tendant l'oreille on aurait peut-être pu l'entendre hésiter derrière la porte si elle devait sonner ou frapper), Anne-laure avec qui je me suis penchée sur les secrets de la gémellité, et Catherine rencontrée dans l'ascenseur alors que nous nous apprêtions à descendre chez Héloise pour manger, excellent repas d'ailleurs ! Devant moi se tient notre éditrice, je mange à la table de notre éditrice, j'écoute et je bois les paroles de notre éditrice, notre éditrice sympathique et souriante ! Entre l'histoire du concours, quelques anecdotes, nos avenirs et nos auteurs préférés, on n'a pas vu le temps passer : il était déjà l'heure des séances photos quand nous avons terminé. C'est là que nous avons retrouvé Anne, qui était restée coincée dans son TGV ! Mais le temps perdu à faire sa connaissance est vite rattrapé, en une minute elle était intégrée à la bande !
Et en route pour le parc du Luxembourg où on demeurent perplexes par les extravagantes demandes du photographe, on a eu d'innombrables fous rires ! Pas la pyramide, pas la pyramide ! On s'est essayés à l'étoile autour de l'affiche, à l'imitation des Beatles sur les passages piétons et à la marche synchronisée dans les feuilles mortes. Impossible de déconcentrer Catherine pendant ses photos, d'arrêter Juliette de bavarder et nos regards méfiants pour surveiller que le policier nous ayant défendu de prendre des clichés dans le parc ne revienne pas ! Une séance mémorable où tout le monde est rentré heureusement sain et sauf !
Ensuite, nos cinquante livres nous attendaient toujours, (pas si facile d'être lauréate) et la pile ne diminuait pas. Découragement pour certaines, soulagement pour d'autre qui avait déjà terminé. Pas moi bien sûr, quelle idée d'écrire des dédicaces de cinq lignes ! Passage à la salle de bain avant une interview où on a tous bafouillé, aucune humiliation recensée, puis départ pour l'hôtel de ville en tenue de soirée ! Stress pour Anne-laure (collants filés) qui se précipite en urgence dans la première boutique qu'elle croise, photos souvenirs dans le bus, débat sur l'architecture parisienne, arrivée au majestueux hôtel de ville. La troisième tentative pour entrer est la bonne et après distribution des badges à nos noms on se regarde toutes avec de grands yeux émerveillés en découvrant le hall, les tapis, les escaliers et les lustres ! Quelques photos sur les marches et on retrouve nos familles aussi impressionnées que nous. Agathe a peur de nous perdre, reconnaissable grâce à son gilet rouge on ne la quitte pas des yeux. Le célèbre ERIK ORSENNA vient me voir et me prévient que j'aurai une minute pour parler de mon livre quand il me donnera mon diplôme. Ma sœur et ma mère me supplient de répéter ce que je vais dire mais je suis encore abasourdie, ce n'était pas prévu ça ? Puis les discours commencent et je réalise que nous allons passer par ordre de nos nouvelles, je suis en deuxième et je meurs d'envie de me cacher derrière les autres lauréates ou d'envoyer ma jumelle à ma place. Juliette est la première, elle parle sans s'embrouiller, reçoit son diplôme avec sérénité et se range sur le côté avec un grand sourire. Ça avait l'air tellement facile pour elle ! J'entends mon nom, jette un coup d'œil aux autres qui me disent qu'il est trop tard pour se dérober et je vais à mon tour au micro, bafouille quelques idioties incompréhensibles et enfin tiens mon diplôme enroulé du précieux ruban rouge, comme dans mes rêves !
Les lauréates se suivent, on a beau essayer d'être attentives on ne pense plus qu'au buffet, même avec l'estomac noué comme le mien. Catherine aussi a envie de partir après son passage, après avoir esquissé quelques pas dans la direction opposée elle nous rejoint en riant. Photos de tout le monde, je reconnais les anciens lauréats, j'avoue mes coups de cœur de l'année passée. Une journaliste vient m'interviewer, Erik Orsenna revient me féliciter et une grande séance de dédicaces s'organisent entre nous dans les vestiaires ! Et là c'est la panique, entre les nouveaux lauréats, ceux des années précédentes, les petits frères ou sœurs de chacun qui nous ont suivies, on ne se retrouve plus ! On doit dédicacer mais également se faire dédicacer, une belle pagaille ! On ne compte plus les livres qui passent dans nos mains et les stylos qui se perdent sur la table. Quelques unes ont le courage de se lancer dans des dessins, (l'ours de Anne est à jamais immortalisé dans nos livres !) ou dans d'autres bizarreries où pour lire il faut retourner le recueil dans tous les sens (Catherine bien sûr !). On sent que la journée à été longue et que la fin approche. On s'échangent nos mails, Juliette oublie son diplôme, ses livres et le contrat qu'elle n'avait toujours pas fait signé par ses parents. C'est l'heure du départ, on se rend compte que tout est passé trop vite, et que le rêve est déjà terminé. On se masse les joues, douloureuses à force de sourire, j'essuie discrètement mes larmes en les dissimulant derrière mes éclats de rires et on se dit au revoir en se promettant de garder le contact sans oublier que : Lauréate un jour, lauréate toujours !
La soirée aurait pourtant pu être parfaite... mais non ! Il manquait quelque chose, ou plutôt quelqu'un : Mais où était donc passée Carla Bruni Sarkozy ? Plusieurs hypothèses élaborées en vitesse me sont venues à l'esprit au moment où Agathe à solennellement annoncé qu'elle ne viendrait pas (sa déclaration a été accompagné de mes pleurs intérieurs et d'une profonde déception). Étrange, j'espère que notre détective Catherine se penchera sur cette enquête, c'est une affaire pour Lilith Perry ça ! Dommage, mais nous l'attendrons l'année prochaine encore une fois avec impatience !
Voilà... je prends mon courage à deux mains pour me rattraper sur ce que je n'ai pas pu faire pendant la soirée faute de temps et de cran, avouons-le : remercier les éditions, les organisateurs de la soirée, les personnes venues nous voir et dire combien nous avons toutes été ravies d'avoir eu l'occasion d'aider l'association pour la recherche en cardiologie de l'hôpital Necker. Le soutient de nos familles ont tous été très importants pour nous, et je n'ai que quatre mots à dire : PARTICIPEZ AU PRIX CLARA ! C'est une expérience tellement enrichissante, on rencontre le milieu de l'éditions, des jeunes qui partagent notre passion dévorante de l'écriture et de la lecture, des écrivains célèbres ! Bien sûr aux flash des photographes s'opposent les crampes de mains, mais quelle journée inoubliable
Coralie Estrabols
Commentaires