ce qui m’est arrivé ce 8 octobre 2009, vous ne me croiriez
sûrement pas !
Mais avant tout, je me présente. Je suis une
petite habitante méconnue de l’hôtel de ville de Paris. Je m’appelle Anna et je
suis une souris. Ça vous étonne, non ? C’est normal. Vous, les humains,
vous êtes persuadés d’être les seuls animaux pensant de cette planète, et vous
vous trompez sur toute la ligne depuis des générations ! Enfin, ceci n’est
pas le but de mon intervention.
Ce jeudi 8 octobre donc, je faisais
tranquillement le tour de mon domaine, c’est-à-dire la salle des fêtes,
toujours aussi resplendissante avec ses dorures, ses lustres de cristal, ses
lourdes tentures ouvragées et ses grands miroirs, qui renvoyaient mon reflet
plutôt agréable à regarder.
Comme je ne cessais de m’admirer, je n’entendis
pas tout de suite les piaillements hystériques qui montaient du grand escalier,
précédant huit jeunes humains surexcités. Je traversais la salle, me faufilant
telle une ombre entre les jambes des invités. Parvenu enfin à me glisser sous
l’estrade, je suis montée sur une planche de bois abandonnée, située juste sous
une fente, curieuse de savoir quelle était la cause de toute cette agitation.
De là, je pouvais voir toute la scène.
A peine installée, je vis la foule des invités
et des journalistes se presser vers le podium. Une femme prit la parole, pour
nous expliquer que le prix Clara était un prix d’écriture destiné aux
adolescents de moins de 17 ans. Les bénéfices de la vente des livres seront
reversés à une association pour la recherche en cardiologie du fœtus (enfin
quelque chose que les humains font de bien !).
Un homme prit le relais au micro, afin de
présenter chaque nouvelle et chaque lauréat. Ceux-ci défilèrent les uns après
les autres, rayonnant de bonheur et un sourire béat accroché aux lèvres. Ils se
mirent tous en demicercle, les lèvres crispées à force de sourire et éblouis
par les flashs, ils se laissèrent prendre en photo avec un tas de personnalités
par des journalistes.
Une fois la séance de pose terminée, les
adolescents s’éparpillèrent dans la salle, un verre de champagne ou un petit
four dans la main. Pensant le spectacle fini, je me préparais à regagner mes pénates, prête à me cacher
derrière les rideaux en cas de besoin.
Tout à coup, une adolescente se pencha vers
moi. J’étais tétanisée, croyant ma dernière heure arrivée. J’attendais qu’elle
se mette à crier, à alerter tous les autres bipèdes, mais elle n’en fit rien.
Elle me regarda en souriant. Sa jupe bariolée traînait sur le sol, juste devant
mes pattes.
« Coucou, me dit-elle. T’es toute mignonne toi ! ».
Elle tendit la main vers moi et je reculais
instinctivement. Elle n’avait pas l’air très dangereuse, mais les années
passées à l’hôtel de ville m’ont appris à me méfier.
« Aujourd’hui, c’est sûrement le plus beau
jour de ma vie ! J’ai gagné le prix littéraire, tu sais, alors je vis ces
instants comme sur un nuage ».
Je la regardais, les yeux grands ouverts,
pendant qu’elle me parlait de sa joie d‘avoir été prise en photo juste à côté
d’Erick Orsenna et Carla Bruni-Sarkozy, de son repas avec Guillaume Mussot, de
la séance photo au parc du Luxembourg, des fous rires avec les autres lauréats,
des dédicaces sans inspiration. «Elle est complètement folle, pensais-je
avec appréhension. Elle parle avec moi comme si c’était normal qu’une humaine
passe des heures à bavarder avec une souris !».
Quand enfin elle se leva, appelée par un membre
de sa famille, elle me fit un clin d’œil en posant un doigt sur ses lèvres.
J’étais maintenant certaine qu’elle était folle. Folle de bonheur.
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Rédigé par : visualimpactmusclebuilding--review.blogspot.com | 19 novembre 2013 à 19:43