La Voix du Nord - Edition du vendredi 5 septembre 2008
Héloïse d’Ormesson une rentrée en trois romans
Fidèle
à son habitude, Héloïse d’Ormesson publie trois livres en septembre :
un étranger, un premier roman et un français. Trois parmi 676 romans
de la rentrée ! Il n’empêche, on a remarqué « L’Ordre des jours », de
Gérald Tenenbaum. Héloïse d’Ormesson nous parle de son auteur. Et des
deux autres choix de sa rentrée littéraire.
PAR ANNE-SOPHIE HACHE / PHOTO PIERRE LE MASSON
Coup de coeur. Trouver parmi la foisonnante rentrée littéraire un roman coup de coeur dont on parle peu ou pas, loin des best-sellers, c’est comme trouver une pépite au fond de la rivière. C’est rare et on est tout heureux quand ça arrive.
L'Ordre des jours de Gérald Tenenbaum est cette pépite.
Solange est étendue sur un lit d’hôpital. Entre présent et passé, le
roman remonte le temps. 1946, Solange attend le retour de déportation
de son père, Isy.
À sa place, c’est un ami qui revient. Il dit
qu’Isy ne rentrera pas. Commence pour la jeune femme une longue quête
pour lever le mystère de la disparition de son père. Au fil des ans,
des guerres d’Indochine et d’Algérie, on remonte jusqu’à cette chambre
d’hôpital, jusqu’au dénouement tragique. On a adoré l’histoire, sa
trame complexe, l’écriture maîtrisée, la profondeur des personnages.
« C’est le plus littéraire des trois romans de notre rentrée, très
exigeant, dit Héloïse d’Ormesson. J’aime beaucoup cet auteur que nous
publions pour la deuxième fois. Il est mathématicien de formation
(professeur d’université à Nancy). Ce qui explique la construction du
roman : très construit justement, tout en gardant, et c’est ce que
j’adore, une écriture poétique, élégante, pas du tout mathématique.
» Les choix d’Héloïse.
Pour le roman étranger, Héloïse d’Ormesson a choisi de publier une
auteure sud-africaine. Un prénom compliqué, Ceridwen Dovey, qui cache
un livre, Les liens du sang, « facile d’accès », défend son éditrice.
« C’est un premier roman mais rien n’y paraît. Il s’agit d’une fable
sur le pouvoir, la façon dont il intervient dans la sphère privée. »
Ceridwen Dovey est une très jeune femme : « Sud-africaine, blanche,
elle ne se sentait pas le droit d’écrire un roman autobiographique.
» Son atout ? « L’écriture est sobre, presque sèche, froide, alliée à
un univers baroque, tropical, sensuel. » Troisième et dernier choix de
la jeune éditrice, le premier roman, d’Éric Genetet, Le fiancé de la
lune. Une histoire d’amour à distance.
Un livre assez court,
surtout « romantique. C’est un roman sur l’amour fou porté par une
écriture très cinématographique, qui je pense s’adressera à un public
plus jeune. » « Le pari de la maison, c’est de faire certes du
romanesque, mais avec un désir de qualité littéraire. Moi j’aime bien
le roman populaire, le suspense psychologique, Millenium c’est génial
pour la littérature suédoise, mais simplement ce n’est pas ce qu’on
fait. » Millenium c’est un lingot ! On reviendra chez les éditions
d’Ormesson chercher une autre pépite. •
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