Voilà l'entretien que Tatiana de Rosnay a accordé à François Alquier connu dans la blogosphère sous le nom de MANDOR (Président de la FPAM)
Quand un auteur parle ainsi de ses éditeurs et du plaisir qu'elle a dans l'environnement que nous lui proposons je ne résiste pas au plaisir de vous le faire partager.
C'est un beau roman, c'est une belle histoire
espèrons que nous ne rentrerons pas chacun chez soi comme dans la chanson de Fugain!
Plus rien à dire, tout à lire...
Si, merci Tatiana!
25 août 2008
Tatiana de Rosnay... auteur(e) mondiale!
Vendredi dernier (22 août).
-Allo, Tatiana !
-Oui ?
-C’est François !
-Qui ?
-François Alquier !
-Qui ?
-Ben, Mandor quoi !
-Hein ?
-Tu sais le jeune, beau et brillant journaliste blogueur que tu as connu avant que tu sois un auteur best-seller ?
-Pfff… t’es con ! J’entendais très mal. Et d’abord, pourquoi ton numéro ne s’affiche pas ?
-…
-Non, parce que je tu es dedans normalement.
-Bon, je t’appelle pour te proposer un truc fou que tu es obligée d’accepter.
-C’est encore un rendez-vous improvisé et rapidement ?
-Euh… oui.
-Pour quand ?
-Euh… demain.
-Demain samedi ?
-Ben oui, tu sais, en semaine, je suis un peu bloqué sur Meaux, alors, je me disais comme ça, si tu avais un petit moment.
-Bon, je vais tenter de m’organiser. Pfff… c’est compliqué, mais je te rappelle.
(Vous le savez, quand je raconte une conversation téléphonique, je traficote un peu les propos… mais pas tant que ça !)
Et donc, Tatiana de Rosnay et moi, nous nous sommes vus samedi après-midi, au soleil, sur la terrasse d’un café de la rue Raymond Losserand (Les Tontons).
L’excuse à ce rendez-vous était la réédition, juste avant l’été, de son livre La mémoire des murs (aux éditions Héloïse d’Ormesson) et la sortie d' Elle s’appelait Sarah au Livre de Poche.
Je vais éviter les questions qu’elle entend systématiquement.
Pour parer aux éventuelles redondances, Tatiana de Rosnay a publié récemment sur son blog une FAQ.
À lire, donc, avant de continuer.
Ca y est ? C’est fait ?
OK !
Merci !
Top départ :
-Pourquoi la réédition d’un livre sortit en 2003 ? Un coup marketing ?
(Oui, c’est terrible… J’aime jouer au " méchant ".)
-Non, tout simplement parce que mes précédents livres sont tous épuisés. Aujourd’hui, j’ai récupéré les droits de pratiquement tous les titres. Ca a été long et compliqué, mais je l’ai fait. Tu vas les voir renaître soit en poche, soit aux éditions Héloïse d’Ormesson. Sortir La mémoire des murs était logique, puisque j’ai écrit Elle s’appelait Sarah juste après.
-Tu l’as retravaillé ?
-Non, Héloïse m’a juste demandé d’ajouter une préface afin d’expliquer comment ce livre-là a ouvert la porte à Sarah. Le texte est intégral. Je n’ai pas eu besoin de changer quoi que ce soit. En le relisant, j’ai trouvé qu’il tenait la route. On suit bien la spirale atroce de la folie de cette femme.
-Pascaline, l’héroïne de La mémoire des murs, est-elle imprégnée de ce que tu as vécu toi même ?
-Je n’ai pas vécu le drame qu’elle vit dans sa vie personnelle. Je ne suis pas non plus divorcée… Le seul lien, c’est que j’ai effectivement aménagé un jour dans un immeuble jouxtant un autre où le tueur en série Guy George a tué sa première victime. Ça m’avait horrifié. Tous les soirs, en rentrant, je voyais la lumière allumée dans la pièce où avait eu le drame. Je me suis demandé comment on pouvait habiter un endroit pareil. C’est comme ça que j’ai eu l’idée de cette histoire.
-Tu crois réellement que les murs ont de la mémoire, des âmes?
-Si on a une sensibilité prononcée, je crois qu’on peut ressentir certaines choses dans certains lieux. Moi, ça m’arrive souvent de me sentir bien ou mal quelque part, sans en connaître les raisons. Je ne préfère d’ailleurs pas savoir pourquoi. Tu sais, lors de la promo de ce livre, j’ai reçu pas mal de mails de témoignages de personnes qui ont vécu des évènements insensés et parfois terribles en aménageant dans des maisons. Je ne suis donc pas un cas unique.
-Ton livre est parfois difficile à supporter, car certaines scènes sont douloureuses à lire, surtout quand on est parent.
Ma mère n’a pas pu lire ce livre. Mon père, quand je l’ai fini, m’a demandé si je voyais un psy et si je dormais bien. Je dois t’avouer que jamais je n’ai autant souffert en écrivant un livre. Je n’étais jamais allée dans des terrains aussi noirs et sombres. J’ai dû me faire violence pour écrire certaines scènes. Elles m’effrayaient moi-même. D’habitude, quand je commence un roman, je sais où je vais. Là, non. Je partais juste de cette Pascaline qui rentre dans cet appartement où un meurtre ignoble a été commis. Ensuite, j’ai eu du mal à trouver quel chemin je devais prendre. Il fallait lier le drame de ce meurtre épouvantable à quelque chose de très personnel pour Pascaline. C’est là que j’ai compris qu’en tant que mère, en écrivant un livre comme ça, c’est une mise en danger. J’ai une fille, toi aussi. Nous savons donc que l’on vit dans la peur permanente de ce qui peut arriver à ses enfants.
(Oui, en en ce moment, Tatiana de Rosnay ne croit pas si bien dire…)
-L’écriture de La mémoire des murs fut donc une véritable épreuve ?
Franchement oui. Mais, ce livre m’a permis d’explorer l’indicible et sans lui, Elle s’appelait Sarah aurait été très édulcoré, limite à l’eau de rose.
-Ce livre, tu l’as écrit avec les tripes.
-Oui, les précédents, c’était de la gnognotte. Ils étaient gentils, inoffensifs.
-Puisqu’ils vont ressortir, tu n’as pas envie de les " retravailler " ?
-Non, je ne vais pas " remachiner ", " rebidouiller " des choses qui existent dans leur jus. Ces livres là correspondent à ce que j’étais à une époque. Je ne vais pas me renier. Il y en a un qui est carrément érotique, Le dîner des ex, dont à vrai dire, j’ai un peu honte aujourd’hui. Il y en a un autre, Le voisin, un pseudo polar qui est assez efficace comme ça. Bref, il faut assumer ce que l’on a écrit.
-Un jour, tu m’as dit qu’au fond, intérieurement, tu avais une certaine noirceur.
-Je ne le montre pas en tout cas. Les gens qui me connaissent dans la vie savent que je fais souvent la pitre. Je raconte des blagues, je fais des imitations… je fais parfois pleurer de rire mon entourage. J’adore ça. Dans mes livres, souvent, je suis sinistre, c’est vrai. Je pense que j’ai un fond grave et angoissé.
-Parlons chiffres, je sais que tu adores ça ! Le poche d’Elle s’appelait Sarah a cartonné il me semble…
-Tu sais très bien que je n’aime pas ce genre de questions… mais je vais te répondre. 130.000 exemplaires vendus.
-Plus 40.000 exemplaires dans la version sortie chez Héloïse d’Ormesson. Ça commence à chiffrer… et dans le monde entier ?
-Tu ne vas pas me croire, mais c’est vrai. 500.000 exemplaires. Quand on m’a annoncé ça, j’ai demandé si ce n’était pas plutôt 50.000.
-Woaw ! En plus, dans certains pays, il ne va pas tarder à sortir. Il manque encore 5 traductions.
-Je l’avoue, je n’en reviens pas.
-Héloïse d’Ormesson et Gilles Cohen-Solal font tout pour te garder, je présume.
-Je vais te dire. J’ai toujours été très bien traité dans cette maison d’édition. C’est vrai que je suis très sollicitée en ce moment, je ne te le cache pas, mais je n’ai aucune envie de m’en aller. Dis le bien sur ton blog. Même avec des ponts d’or, je ne partirai pas. Je suis très bien chez eux. Héloïse est une femme qui respecte infiniment ses auteurs et leurs ouvrages. Là, nous sommes en train de travailler ensemble mon prochain livre Boomerang. Il n’y a ni prise de tête, ni rapport de pouvoir. Je suis contente de l’avoir connu maintenant parce que d’ici une dizaine d’années, ce sera tellement une grosse maison, que l’on aura plus la chance et le privilège de travailler avec elle en direct. Je pense que c’est une très grande éditrice. Quant à Gilles, on l’aime où on ne l’aime pas, mais je trouve que c’est un personnage extraordinaire.
-Parlons de Boomerang, ton prochain roman qui devrait sortir en avril 2009. Je sais juste que c’est un homme d’aujourd’hui confronté à un sombre secret de famille.
-Ce livre, c’est un gros truc et pas léger du tout. Je ne te dis rien.
Quelques secondes plus tard…
-Bon, tout ce que je peux te dire, c’est que cet homme va se retrouver coincé entre ce secret qui revient comme un boomerang (qu’il tient de sa mère qui est morte) et sa vie d’homme d’aujourd’hui. Divorcé, un boulot d’architecte qui ne lui pas beaucoup, 3 ados qui lui font mener une vie infernale…il va être pris en sandwich entre le passé qui ressurgit et le présent qui est déjà très lourd à gérer. Mais il va faire une rencontre absolument extraordinaire. Une femme. Angèle. Une thanatopractrice qui conduit une Harley Davidson. Je n’ai jamais été aussi emballé par une de mes héroïnes. Quant à mon héros, je le raconte en tant que fils, père, mari, amant. J’ai beaucoup observé les hommes de mon entourage pour construire ce personnage. Et tu sais quoi ?
-Non.
-J’ai dû écrire des scènes d’amour.
-Avec du sexe et tout et tout ?
-Oui.
-Ah ! J’ai hâte de lire ça. Il y a aussi une autre nouveauté dans ton œuvre. Il y a des passages drôles. Tu t’agnesabecassises ?
(rires)
-Tu ne crois pas si bien dire. Il y a peut-être deux écrivains qui ont déteint sur moi récemment. C’est Abha Dawesar (mandorisée là) qui m’a fait parler de cul et Agnès Abécassis (mandorisée ici) qui m’a fait mettre du rire. J’aime beaucoup ces deux personnes autant que leurs livres.
Avec Abha Dawesar, la caution "cul".
Et la toujours très sérieuse Agnès Abecassis, la caution "rire"...
Voilà, fin de l’interview… nous avons ensuite un peu parlé du milieu de l’édition. Sujet qui nous passionne tous deux. Puis de sa tournée américaine entre le 7 et le 14 novembre. Sept conférences en une semaine pour parler de sa Sarah. A Saint-Louis, Atlanta, Detroit, Chicago, Cincinnati, Milwaukee et Miami (peut-être pas dans l’ordre…)
Tant que j’y suis, je vous annonce qu’elle publie dans le VSD de cette semaine, une nouvelle. Amsterdamnation…
Je ne vous quitte pas avant faire le point sur ses nombreux sites, blogs, MySpace, facebook (non, parce que faut suivre...)
Site officiel.
Blog en langue française.
Blog en langue anglaise.
Blog "international" consacré à l'aventure Elle s'appelait Sarah.
Myspace.
Facebook.
(Cadeau bonus: quelques notes mandoriennes dont elle est déjà l'héroïne: Là, là et là...)
Bonjour ! Je pars tout de suite mettre le lien vers cet entretien sur mon blog. Bravo encore à Tatiana de Rosnay pour Elle s'appelait Sarah. Mon article au sujet de son livre paraîtra dans le prochain Magazine des livres.
bien à vous
Léthée
Rédigé par : Léthée Hurtebise | 19 septembre 2008 à 13:58
Merci, Gilles, de relayer l'info...
Voici le lien pour voir aussi de jolies photos.
;o)
http://www.mandor.fr/archive/2008/08/25/tatiana-de-rosnay-auteur-e-mondiale.html
Rédigé par : mandor, président de la FAPM | 01 septembre 2008 à 13:35