C'est un secret de fabrication que nous avons le plaisir de vous livrer aujourd'hui. Une "recette de création" que notre cher Roman Rijka - ami, presque frère, du très drôle et très aimé Raymond Clarinard, auteur de Tu sais ce qu'elle te dit la marine française ? - a accepté que je vous dévoile.
C'est son attachée de presse qui vous écrit.
Jusqu'ici, je ne connaissais pas très bien Roman. Je l'avais pourtant accompagné pendant la durée de la promotion de son premier
livre publié chez nous en avril 2007, Les Sept trains de l'impératrice. On était allé ici et là rencontrer des journalistes, on avait déjeuné quelques fois rapido, on avait parlé du livre, du texte et du travail qui nous attendait auprès des rédactions, des articles qui "tombent" et de ceux qui ne "tombent pas", etc. Et puis, un jour, un peu après la sortie de son deuxième livre, Les Champs cannibales (avril 2008), nous nous somes assis dans un petit restaurant chinois feutré, pas très loin de la place Saint-Sulpice, il pleuvait dehors et nous avons pris notre temps.
C'est ce jour-là que j'ai découvert Roman. Disons que c'est ce jour-là
que son humble attachée de presse a découvert les monts et les vallées de cet auteur magnifique. Depuis
très très longtemps, Roman est un passionné-fana de jeux de rôles, de
jeux vidéo, d'univers fantastiques, de SF et... de Musique. Et, vous
qui avez lu ses livres (ou qui les lirez bientôt) vous comprendrez encore mieux où son imagination va chercher tout cela! Une chose étonnnante : sa façon de lier les mots et la musique. Roman en est tellement raide dingue qu'il n'écrit pas une seule
ligne de ses romans avant de s'être concocté une bande son originale
qu'il jouera et rejouera à l'infini en écrivant son texte.
"Dans ma tête, la genèse et le développement d'une histoire passent par
la musique. Très souvent, je vais avoir une envie, une idée de départ
qui, assez rapidement, va se rattacher presque d'elle-même au Grand Tout qui hante mes jours et mes nuits, fouillis composé d'une centaine de récits s'étendant sur des millénaires et des dizaines de dimensions, mais où l'on finit toujours pas croiser des visages connus, comme celui de La Cerise.
Ensuite, pour que l'idée de départ devienne véritablement un livre, il me faut mille et une péripéties, et c'est là que la musique joue un rôle absolument indispensable. Parfois, j'utilise certains morceaux sciemment, parce que je les aime et les connais depuis longtemps et ai toujours eu envie de m'en servir. Parfois, je découvre par hasard de nouvelles musiques, je ferme les yeux, et je vois presque aussitôt des scènes complètes, avec dialogues et décor.
Quand vient le moment d'écrire, je n'ai plus qu'à me concocter des petites compilations et les écouter en boucle", dit-il.
Pour les très curieux, voici les B.O. de Roman Rijka pour Les Sept trains de l'impératrice et pour Les Champs cannibales avec en prime quelques morceaux (il suffit de cliquer sur les titres de la liste ci-dessous écrits en plus grands caractères).
Ah! j'oubliais, Roman Rijka est un grand spécialiste de la Russie, de l’Ukraine et de la Roumanie. Vous comprendrez donc pourquoi la plupart des musiques ci-dessous viennent de nos voisins de l'Est. Une vraie découverte!
EXRAITS BO / LES SEPT TRAINS DE L'IMPÉRATRICE
1. L’icône / Shadowrun – Alex Cremers
Ce morceau accompagne le prologue, quand l'empereur, inquiet, observe l'icône dans les sous-sols de son palais, accompagné d'un unique palefrenier.
2. Les sous-bois / Poust’ boudet tikho – Linda
Linda est une artiste russe inclassable, qui associe gothique, électro, rock et world music. Le morceau en question illustre la scène où Olga, gravement blessée, titube dans les sous-bois jusqu'à la voie ferrée.
3. Le commissaire - Ivan Kupala
Ivan Kupala, groupe russe, travaille essentiellement sur des chansons paysannes traditionnelles réorchestrées avec des sonorités modernes. Le résultat est toujours étrange, amusant, décalé. Ici, le morceau dépeint l'arrivée du commissaire Marlov dans son automitrailleuse.
4. Le banquet / V rochtché – Ivan Kupala
“La” scène du banquet. Les paroles reprises dans le livre sont librement inspirées de cette chanson.
5. Tortillard - My Man - Malcolm McLaren
Un morceau lent, chaloupé, décrivant Tatyana et Olga dans un train plein à craquer de paysans en virée.
6. Premier massacre / Mojé vsé né tak – Okean Ielzi
Okean Ielzi est un groupe ukrainien, aisément reconnaissable à la voix caractéristique de son chanteur (également député au Parlement !) Ce morceau dépeint, dans mon cinéma intérieur, les scènes où Tatyana et Olga arpentent les rues désertes d'une ville et croisent les premiers cadavres de victimes innocentes de la guerre civile.
7. Lagermajster / Koupola – Mikhaïl Kroug
Arrivée en fanfare de Lagermajster et de la Cerise, et la bagarre qui s'ensuit, le tout sur cette chanson bizarre, un peu musique de cirque, avec la voix de rogomme typique du chanteur russe Mikhaïl Kroug.
8. Les nationalistes / Rouslana
En Ukraine, Rouslana est un phénomène. Elle aussi est député, elle a remporté l'Eurovision en 2004. Elle enregistre dans les studios de Peter Gabriel, et fait essentiellement ce que l'on pourrait considérer comme de la “dance world”. Ce morceau, joyeusement barbare, correspond à l'entrée de l'armée nationaliste dans la ville de Kyï.
9. La vie en bleu et or / Vitaly Kozlovski
Voici nos deux héroïnes au bras du beau Pavlo, pour une virée romantique dans les rues de la capitale de la Marche, sur cette chanson d'un des “crooners” ukrainiens du moment.
10. Légitimistes / Armée Rouge
Quoi de mieux que les chœurs de l'Armée Rouge pour illustrer cette atmosphère de guerre civile dans une Russie et une Ukraine décalée, cette fois pour accompagner l'arrivée de l'armée des officiers dans Kyï.
11. Train de nuit / Zion – Fluke
À la suite de Balguine, Olga et Tatyana prennent un train de nuit en direction des Polyanes et du faux frère. L'atmosphère de ce morceau m'a toujours fait penser à un train de nuit, justement…
12. Les larmes d’Olga / Linda
Revoici Linda, avec une chanson qui, personnellement, me prend aux tripes. Dans le livre, c'est l'instant où Olga, enfin, se met à parler.
13. Polyanes et Haïdouks / Ivan Kupala
Un morceau haché, un peu hystérique, un rien folklorique, et nos héros se mettent à courir pour fuir les lanciers polyanes et les soldats haïdouks, dans les montagnes.
14. Train blindé / Echelon – Armée Rouge
Cette fois, volontairement, le morceau reprend le rythme d'un train à vapeur, puisque la chanson parle de troupes montant au front. Idéal pour décrire Olga à la tête de ses troupes avançant sur Masva.
15. La valse à quatre temps / Vidrada - Oleh Skripka
Olga se retrouve seule face à l'icône du prologue, et l'infâme Chtchoutko apparaît, pour l'entraîner dans une valse déglinguée, le tout sur une musique d'Oleh Skripka, chanteur ukrainien un peu cinglé.
16. Dernier train / DJ Russkov
Pour le dernier train, celui qui emporte Olga vers l'Ouest, loin de l'icône et du palais de ses ancêtres, un morceau un peu “chill out” mis en scène par un DJ russe, comme son nom subtil l'indique.
EXTRAITS BO / LES CHAMPS CANNIBALES
1. Brigades de cinéma / Armée Rouge
Un beau morceau patriotique pour rythmer les déclarations enflammées d'une jeune actrice majoritaire dans la scène du prologue.
2. Spleen oriental / Moskva - Detsi
Un peu de rap russe vantant les beautés de Moscou, tandis qu'Olga traverse les rues de Parzh en taxi, la nuit, sous la pluie.
3. Crispation occidentale / Vstavai - Okean Ielzi
Tatyana, elle, est de mauvaise humeur, et la voix grinçante du chanteur d'Okean Ielzi le montre selon moi parfaitement.
4. Enter la Lilifieva / Destination Calabria - Alex Gaudino
Un gros tube dance pour dépeindre le débarquement de la somptueuse et redoutable Lilia Lilifieva sur les quais de la gare de Kyï.
5. Le poids du comité / Le sacre du printemps – Igor Stravinsky
Directeur de théâtre et régisseur s'angoissent sous le regard acéré de la Lilifieva, dont la sauvagerie latente est parfaitement contenue dans ce mouvement de l'œuvre de Stravinsky.
6. Soirée arrosée / Opera N°25 – Yohoho
Une chanson à trois voix délirante, correspondant à la scène où la Lilifieva les fait boire et manger avant de se mettre à chanter.
7. La Loi du commissaire - Glioukoza Nostra - Glioukoza
En Russie, Glioukoza est un groupe extrêmement populaire. La voix nasillarde de la chanteuse est reconnaissable entre toutes, et le son du groupe a toujours eu ce côté bastringue rock, qui m'a tout de suite fait penser à cet imbécile de Marlov faisant le fier dans sa belle auto de commissaire.
8. Panique à la campagne / Menia Kolbassit – Rousski Razmer
De la dance russe bien brute pour escorter Marlov dans ses mésaventures, jusqu'à ce qu'il soit balancé du pont d'un bateau dans l'eau glacée, et c'est bien fait pour lui.
9. Olga seule / So damn beautiful – Poloroid
Chanson réflexion sur la vanité de la beauté et de la jalousie, pendant qu'Olga se morfond, seule, dans son appartement, éprouvée par le monde de la mode et des médias.
10. Avant-première / La barcarolle – Les contes d’Hoffmann, Offenbach
La fameuse Barcarolle d'Offenbach a sa place ici, illustration musicale idéale des répétitions supervisées avec brio par la Lilifieva.
11. Allers et retours / Avto – Ani Lorak
Un morceau enjoué interprété par Ani Lorak, une des stars de la pop ukrainienne (là-bas, on dit “pops”), qui sert de toile de fond aux allers et retours officiels de Tatyana dans la Marche.
12. La traque / Di-Diou-La
Tatyana est revenue clandestinement avec Pavlo dans la Marche pour en savoir plus. Là, elle se fait coincer par Marlov et la poursuite s'engage, sur ce morceau de guitare très original d'un guitariste vedette en Russie.
13. Les champs cannibales / Asma Asmaton – Irène Papas & Vangelis
Morceau lent et sombre, qui a des échos d'un passé déjà oublié car trop ancien. C'est là que Tatyana comprend ce qu'il est advenu des paysans, enterrés dans des fosses communes, dans les sous-bois autour de leurs villages.
14. "Je suis enceinte" - Notchenka - Tina Karol
Une autre star ukrainienne pour cette petite chanson romantique, et pour un moment qui l'est tout autant.
15. Démission / Pivni – Katia Chilly
Conclusion philosophique de l'introduction en anglais de cette chanson russe, qui correspond aux bouleversements qu'ont connus les deux femmes en l'espace d'un an. Chanson également annonciatrice de ce qui les attend dans le troisième tome…
Bonjour,
J’ai enfin pu déjeuner hier avec Roman Rijka. Mais il ne le sait pas… Dans le jardin qui jouxte la librairie Agora à La Roche-sur-Yon. Le sandwich n’était pas terrible, mais quelle rencontre ! Je crois même que je suis un peu amoureuse…
PS Merci pour la BO, je vais essayer
Rédigé par : ecaterina | 28 août 2008 à 10:33