Il y a des moments où il faut savoir dire que l'autre à raison.
C'est ce que je fais ici à l'égard de B-H L qui par ailleurs n'est pas ma tasse de thé.
Le cas d'Ayaan Hirsi Ali est exemplaire.
Le discours de B-H L l'est aussi.
Dans les livres que nous avons regretter de ne pas avoir publié il y a celui de cette femme néerlandaise, noire, musulmane sous la menace d'une fatwa comme l'avait été Salman Rushdie.
Elle se bat pour une place de la femme dans l'Islam et pour un Islam tolérant.
Nous devons nous battre pour elle, pour qu'elle ne devienne pas une autre Benazir Bhutto (toutes choses étant égales par ailleurs et ce malgré les réserves de certains d'entre vous sur la personnalité et l'exercice du pouvoir de B.B).
Pour une fois je compterais les commentaires car le combat de cette femme est une des actions les plus nobles qui soient en ce moment.
Adresse à Nicolas Sarkozy à propos d’Ayaan Hirsi Ali
BERNARD-HENRI LÉVY philosophe.
Menacée de mort en raison de ses positions sur l’islam, l’ex-députée néerlandaise d’origine somalienne Ayaan Hirsi Ali était à Paris hier. Dans les locaux de l’Ecole normale supérieure, un meeting de soutien était organisé par la revue ProChoix, la Règle du jeu, Charlie Hebdo, Libération et SOS Racisme. Le prix Simone de Beauvoir lui a été remis par Claude Lanzmann et Bernard-Henri Lévy, qui a prononcé en ouverture de la soirée ce discours en forme d’appel.
Pardonnez-moi, chers amis. Mais par-delà ceux qui sont ici, par-delà celles et ceux qui sont venus, en si grand nombre, témoigner à Ayaan Hirsi Ali de leur fervente solidarité, je voudrais m’adresser, ce soir, au président Nicolas Sarkozy. Je n’ai pas voté pour lui. Mais je l’ai écouté. Et, comme tous ceux qui sont ici, j’ai entendu l’engagement qu’il a pris lorsqu’il a déclaré, pendant sa campagne, que «chaque fois qu’une femme est martyrisée dans le monde, la France doit se porter à ses côtés». Je suis là parce que j’ai pris, ce jour-là, le président de la République au mot. Je suis là, nous sommes tous là, pour lui dire que cette promesse nous est allée au cœur et que nous souhaitons, aujourd’hui, plus que jamais, la lui rappeler.
Car, outre le respect de la parole donnée, il y a plusieurs vraies raisons, pour la France, de se «porter aux côtés» d’Ayaan Hirsi Ali.
La première c’est qu’Ayaan Hirsi Ali est un peu plus que «martyrisée» : la lâcheté du gouvernement hollandais, la veulerie de l’opinion publique dans son pays, la décision récente, surtout, de ne plus assurer sa protection lors de ses déplacements hors des frontières des Pays-Bas, font qu’elle ne peut plus vivre ni en Hollande (où elle risque, à tout instant, d’être poignardée comme le fut Théo Van Gogh), ni hors de Hollande (où elle n’est plus protégée que par la grâce d’une poignée de donateurs privés et de militants) - pire que Salman Rushdie qui, lui au moins, avait la redoutable chance, où qu’il aille, de n’être jamais lâché par Scotland Yard, elle est condamnée, elle, au sens propre, à une impossible vie.
La seconde c’est que la recueillir, lui accorder soit l’asile, soit la nationalité française, soit un statut à inventer pour elle et pour toutes celles et ceux qui se trouvent, et se trouveront, dans la même situation qu’elle, bref, adopter d’une manière ou d’une autre celle que la Hollande a laissée tomber, serait fidélité, en effet, à ce que la France a eu de meilleur et de plus grand : la France qui accueillit les exilés de Pologne et les garibaldiens d’après l’unité italienne ; la France, pays refuge des Russes d’avant et après octobre 1917 ; la France qui abrita Trotski, les antifascistes italiens et les premiers antinazis ; la France accueillante, jusqu’aux dissidents soviétiques compris, à tous les proscrits d’Europe, d’Amérique latine et d’ailleurs ; c’est cette France-là qui reviendrait si nous tendions la main à Ayaan Hirsi Ali ; la France serait, ô combien, dans sa vocation si elle donnait asile à cette grande dame, cette insoumise, condamnée à mort pour avoir défendu les valeurs de la liberté de l’esprit.
La troisième c’est qu’Ayaan Hirsi Ali est déjà française (mais oui !) par le cœur, les valeurs et, justement, l’esprit : car enfin que dit-elle d’autre quand, interrogée sur le sens qu’elle donnait, et qu’elle donne encore, au combat qui lui a valu de quitter la Hollande sous les injures, elle dit et répète, partout, avec une insistance magnifique, qu’elle luttait, et qu’elle lutte, pour le triomphe, non seulement de la laïcité, mais de la laïcité à la française ? N’est-ce pas ce qu’elle exprime quand la vraie intellectuelle qu’elle est aussi dit et répète, partout, qu’elle n’est évidemment pas Voltaire mais qu’elle se réclame de Voltaire, qu’elle plaide pour les mêmes valeurs de tolérance que Voltaire et que le modèle qu’elle veut voir opposer à celui du communautarisme qui, partout en Europe, a fait faillite c’est le modèle de citoyenneté tel que l’ont inventé, avec Voltaire, les promoteurs des Lumières françaises ?
La quatrième c’est qu’elle est européenne, si j’ose dire, par excellence et quintessence : car que dit-elle d’autre, là encore, quand elle se bat pour cette liberté de penser, de juger, de croire ou de ne pas croire, d’avoir la foi ou de ne pas l’avoir ? N’est-ce pas l’âme de l’Europe, son identité profonde, son héritage, qui sont en jeu quand elle plaide, après Voltaire, après son compatriote Spinoza, après d’autres, pour une société où serait vraiment rompu, pour de bon, ce lien théologico politique contre lequel l’Europe moderne s’est jadis construite ? Il est difficile de trouver plus Européen, aujourd’hui, qu’Ayaan Hirsi Ali. Et il est difficile, encore plus difficile, de se faire à l’idée de cette grande Européenne définitivement reniée par sa patrie spirituelle : voir cette Européenne qui entend poursuivre, en Europe, le combat pour les valeurs fondatrices de l’Europe contrainte de quitter l’Europe et de s’exiler, pour toujours, aux Etats-Unis, cela serait, plus que paradoxal, absurde - et, plus qu’absurde, de bien mauvais augure.
Et puis la cinquième raison, Monsieur le président, c’est que le cas d’Ayaan Hirsi Ali soulève une question que posent ou, plus exactement, que n’osent poser un nombre grandissant de nos concitoyens - je pense à ceux d’entre eux que l’on dit, pour aller vite, trop vite, «d’origine musulmane». Car quel est, encore une fois, son crime ? Son crime, son vrai crime, celui qui lui vaut d’avoir la mort aux trousses, c’est d’avoir dit qu’elle est née dans l’islam mais qu’elle ne souhaite pas y demeurer - le geste décisif, celui qui ne lui est pas pardonné et qui ne lui sera jamais pardonné si un pays européen, un au moins, ne lui manifeste pas très vite une solidarité sans faille, c’est d’avoir affirmé qu’être musulman est un choix, pas un destin et que, de toute façon, tout homme et, en l’occurrence, toute femme a droit à la libre maîtrise de son destin. C’est ce droit, Monsieur le président, qui se voit mis en question par ceux qui la pourchassent.
C’est ce droit que, de facto, vous reconnaîtrez à toutes les femmes de France en accordant la protection de la République à Ayaan Hirsi Ali.
Ni putes ni soumises, libres citoyennes.
Musulmanes si elles le veulent, pas parce que les frères, les pères, la tradition, les caïds, en ont décidé à leur place.
L’islam, pas plus que les autres religions, n’est une prison, c’est une option et, de même qu’il est possible d’y entrer, il doit être possible d’en sortir : voilà le message que, au-delà même de la France, vous enverriez à toutes les jeunes Européennes qui vivent leur incroyance dans la honte, le non-dit, le double discours, la terreur ; voilà le message d’espérance que vous adresseriez à celles qui, dans les banlieues des villes d’Europe, n’ont ni la science, ni les moyens, ni la combativité d’Ayaan Hirsi Ali et n’ont d’autre recours, parfois, que la défenestration et la mort.
La France, dans quelques mois maintenant, prendra la présidence de l’Union européenne.
Quel beau symbole ce serait si vous inauguriez cette autre présidence en rappelant à l’Europe ces clauses constitutives de notre pacte citoyen !
Quelle fierté ce serait si, à la façon de la Hollande abritant, il y a trois siècles, le Français René Descartes, la France du XXIe siècle venait en aide à Ayaan Hirsi Ali ! En vérité, nous n’avons pas vraiment le choix : ne pas lui ouvrir les portes de notre pays ce serait, non seulement la renier, mais nous renier nous-mêmes.
Bernard-Henri Lévy est actionnaire et membre du conseil de surveillance de Libération.
Et "Aux chiottes les culs bénis !!" comme disait Monsieur mon Papa !!
Rédigé par : TLACIAR | 12 février 2008 à 10:30
Elle vivait au Kenya, Pardon. la vieillesse,la mémoire, désolé. Nous parlions de Finkie's, , BHL devrait faire de même, s'informer.
Rédigé par : martingrall | 11 février 2008 à 16:48
Gillou ne jamais partir trop vite! Cette dame a été contrainte à la démission parce qu'elle a menti. Elle n'a jamais connu les camps somaliens De 10 à 22 ans, elle vivait au niger. De plus après sa démission elle fut trois ans au service d'un twink tank très conservateur, l'American Enterprise Institute (AEI), qui conseille le président américain George Bush. je n'ose dire sur l'immigration.
Son mari, forcé ?, est canadien d'origine somaliène. Aujourd'hui elle ne peut simplement plus être néerlandaise. Ceci dit c'est très bien. On ne peut condamner à mort pour des paroles.
Rédigé par : martingrall | 11 février 2008 à 16:39
Oui, cause majeure! Pour la personne d'Ayaan Hirsi Ali, et pour le refus de la confiscation de l'Islam en Europe et ailleurs par les courants les moins représentatifs et les plus dangereux. Tout à fait d'accord sur le fait qu'on n'en parlera jamais assez; les gens peu à peu "s'habituent" à ces menaces, certains de mes étudiants lâchent même des phrases du style: "oui, mais ces gens [ceux qui critiquent d'une façon ou d'une autre tel ou tel aspect de la culture musulmane] savent bien à quoi ils s'exposent avec les intégristes... faut qu'ils assument après! on va pas les plaindre..." C'est affligeant, mais logique, s'il n'y a pas systématiquement beaucoup de voix qui s'élèvent contre ces intimidations.
Rédigé par : Marco | 11 février 2008 à 13:34
Gillou,
Ce n'est bien sûr pas du tout ce que je voulais exprimer.
(l'estimation du "m'as tu vu")
j'entendais qu'aujourd'hui, me semble t'il, dans la presse en général (internet compris) le décompte des visites ou des lectures d'un sujet est souvent bien loin, à des années-lumière même, de l'importance réelle du propos.
J'ai fait un test assez récemmment sur un site "d'informations" en continu auquel je contribuais.
Je suis resté pantois sur les résultats comparatifs des billets que je commettais.
Assez désabusé aussi.
Un sujet de fond ou réellement d'actualité : environ plus ou moins 8 000 lectures affichées.
Un post sans intérêt mais "pipolisé" (pour prendre un terme à la mode) : plus de 152 000 lectures.
Le phénomène, du moins je crois, touche également l'édition.
C'est pour cela que je pense que l'importance de la défense de la cause de Madame Ayaan Hirsi Ali dépasse évidemment de loin les statistiques chiffrées sur les réactions exprimées.
En attendant d'en discuter tous les deux (et aussi de plein d'autres choses, nous avons pris du retard;-)
Rédigé par : Marc Louboutin | 11 février 2008 à 10:44
Salut Marco!
Tu sais comme je suis content d'être à nouveau (presque) opérationnel derrière ce clavier...
Un décompte c'est pour dire que juste laisser un signe montre que cela a été lu jusqu'au bout...
Rien de plus, rien de grave et surtout pas le côté : "c'est moi qui ai le plus vu..."
C'est un peu trop..."m'as tu vu?" pour moi!
Je t'embrasse aussi
Ton pote
Gilles
Rédigé par : Gillou le Fou | 11 février 2008 à 10:19
Bonjour mon ami Gilles,
Evidemment il faut être solidaire avec l'appel de BHL sur le devoir d'aide et de protection de la République Française en faveur de Madame Ayaan Hirsi Ali.
C'est, comme tu le dis (cela serait pour être plus exact) une démonstration de la noblesse d'esprit de notre pays.
Mais faudra t'il un "décompte" comme tu l'écris, pour que cet appel soit entendu au milieu de toutes les futilités dont nous accable l'actualité ?
Je t'embrasse.
Rédigé par : Marc Louboutin | 11 février 2008 à 10:04
Je l'ai entendu sur France Inter et moi aussi "pour une fois" j'ai aimé l'écouter.
Rédigé par : Loïs de Murphy | 11 février 2008 à 09:17