Je ne résiste pas!
Je suis fan de Didier Jacob, j'ai déjà du le dire?
Je persiste et je signe
GCS
P.S: précipitez vous pour lire sa note d'aujourd'hui là en dessous et demain il y aura celle dela semaine dernière
C'est simple D.Jacob
Quand il n' y en a plus il y en a encore!
Et j'en redemande!!!
D'ailleurs je lui ai proposé de publier ses chroniques, ce n'est pas moins bon que d'autres...
Mais si il le fait ailleurs je l'aurais mauvaise, je crois bien être le premier à avoir eu l'idée, en tout cas à l'avoir ouvertement manifestée...
P.P.S: si vous avez une gastro abstenez vous , vous allez encore plus vous tordre...de rire!
10 janvier 2008
Beauvoir, Sagan, interdites aux moins de 18 ans
Beauvoir partout. Sacré Simone. Cent ans après sa naissance, elle continue d’emmerder le monde. Heureusement, l’Obs a résolu le problème, avec cette photo d’elle nue, de dos, de fesses. Si j’étais l’Education nationale, je m’en inspirerais. Les gamins s’ennuient quand on leur lit Zola ? Mettez-y du cul. Angelinajolivez la lecture. C’est la seule manière de redonner aux jeunes le goût des grands classiques. Zola avait-il une grosse bite ? Enfin de vraies questions.
L’un des seuls frêles rochers dans le grand fleuve néo-féministe, Charles Dantzig, dans le JDD, affichait joliment son anti-beauvoirisme. « Avec son style épais et son vocabulaire d’ancienne étudiante, Simone de Beauvoir a quelque chose de la femme de missionnaire protestant en Afrique noire. » Bien vu. J’aurais dit : veuve de missionnaire. Et puis Beauvoir s’est trop souvent trompée. Se tromper un peu ? C’est l'élégance des grandes intelligences. Beaucoup ? Ah, là, on ne peut rien faire pour vous.
Ironie du Dieu des gazettes : on rendait aussi hommage, ces temps-ci, à l’anti-Simone : Sagan. Valait-elle mieux, au fond ? Sauvée par le gong, par leurs trente ans d’écart. Qu’aurait-elle fait, qu’aurait-elle dit sous l’Occupation ? Ca l’aurait amusée, c’est sûr. Bien plus que la clandestinité. Le maquis, ça n’était pas dans la mentalité de Françoise. Elle aurait été boire des coups au Lutetia, mais en voiture anglaise, en Jaguar. Ca aurait été sa manière à elle de faire de la résistance. Cent ans plus tard, l’Obs aurait sorti son Spécial Françoise. Encore une belle paire de fesses cellulitées.
Beauvoir, Sagan : quel film, les deux, si elles avaient fait la bringue ensemble ! Coke d’un côté, Cause du peuple de l’autre. Un vrai « Thelma et Louise » ! Il n’empêche. Qu’elles soient les stars de la rentrée, en France, prouve que la culture, par chez nous, fait encore jaser. N’en déplaise au magazine Time, qui revient justement, cette semaine, sur son numéro faire-part d’il y a un mois. Vous vous souvenez, on y pleurait, avec fleurs et couronnes, l’irrémédiable disparition de notre âme cultivée. Dieu merci, un homme a su braver l’avis de décès. Et pas n’importe qui, attention : la crème de la crème ! Jugez un peu : un d’Arvor !
Quelle aubaine, pour Olivier Poivre, patron de CulturesFrance, l’organisme censé promouvoir (le joli mot que voilà) la culture française à l’étranger ! On allait enfin parler de lui ! Le médiocre romancier que l’on sait se démena, se multiplia, s’invita dans les journaux, joua du coude pour placer diatribes cinglantes et articles offusqués. On le sentait prêt à ressortir, de la vieille armoire grinçante, le vieux Lebel rouillé qui dormait depuis qu’on avait enterré pépé. Amérique, nous voilà !
Je ne vais pas vous ennuyer à vous presser tout le jus de son appel du 18 juin. C’est paru dans le Time de la semaine, et ça ressemble à du Beauvoir, pour le style, un truc assez fade baignant dans de la sauce. Le plus drôle, dans cette « Lettre à nos amis américains », est qu’Olivier a cru bon de la tirer à part, avec une maquette inspirée de la première couverture du Time, mais intitulée cette fois : « Great Time for French culture ». Le tout édité à 20 000 exemplaires par CulturesFrance. 20 000, ça fait beaucoup. Pour du Poivre. Ca fait cher surtout. Pour se ridiculiser encore auprès des Américains. Car n’est-ce pas précisément cette gouvernementalisation de la culture qui atteste, à leurs yeux, de notre lente agonie ?
Sagan, la bonne viveuse, Beauvoir, l’empêcheuse de boire un canon : c’est l’une des révélations du livre de Marie-Dominique Lelièvre, « Sagan à toute allure ». « Jean-Paul Sartre qui, à la fin de sa vie, déjeunait avec elle tous les dix jours, à la Closerie des lilas – il était aveugle, elle était sa « récréation » - n’avait plus le droit de boire de l’alcool. Arlette Elkaïm, sa fille adoptive, et Simone de Beauvoir veillaient au grain. Alors, en cachette, avant de le quitter, elle lui glissait gentiment une bouteille de scotch dans la poche. »
Ce qui les aura fait tomber toutes les deux : la Russie. L’une, Beauvoir, applaudissant des deux mains aux mirages de la société communiste ; l’autre, Sagan, magouillant avec le clan Mitterrand dans ce qui deviendra l’affaire Elf. La Russie, c’est le pire cauchemar des intellectuels français. Ils se plantent à chaque fois. Et pas seulement les femmes. Beigbeder aussi, dont le dernier roman, « Au secours, pardon » (son grand livre russe, dont je vous ai parlé à sa sortie), vient de sortir là-bas. Le livre, visiblement, n’a pas plu à Andreï Arkhangelski, chroniqueur de l’hebdomadaire Ogoniok, dont Courrier international reprenait l’article dans son numéro du 20 décembre.
« Passons sur les samovars. Beigbeder décrit la population russe, en dehors de la capitale, comme un ramassis de monstres tout droit sortis du poème de Nekrassov « Le chemin de fer » : « Durant la nuit, le train s’est arrêté plusieurs fois : des ours, des loups et des moujiks en chapkas de karakul ne cessaient de passer sous ses roues. » C’est léger, c’est marrant, on est plié de rire. » Que Andreï se rassure cependant : Frédéric n’a rien contre les Russes. Même s'il décrivait le marais poitevin, ce serait toujours une insulte à la population.
Andreï est en verve, laissons-le continuer : « Octave, le héros, travaille pour une agence de mannequins et parcourt la Russie en quête d’un nouveau visage pour la société L’Idéal, leader mondial en produits cosmétiques. Commence alors une sorte d’odieux sirop à la Tourgueniev : les plus belles filles vivent en province et se prénomment bien évidemment Tania. Une autre passion fatale du héros, Lena, se fait passer pour une Tchétchène, parce qu’aujourd’hui les Tchétchènes ont plus de chances de monter sur les podiums européens. » Tout cela est idiot, bien sûr. D’ailleurs, ça me rappelle que j’ai lu le livre, moi aussi, et que, comme Andreï, j’en ai ressenti des « accès de fureur convulsifs ».
Sagan aurait aimé la Russie d’aujourd’hui. La mafia, l’argent facile, la drogue à gogo. J’imagine la petite Française, invitée par Sarkozy en voyage officiel, et mettant Poutine dans sa poche. Beauvoir ? Trop froide, trop peu différente de lui. Un qui comprend la Russie mieux qu’un Russe, c’est Emmanuel Carrère. Je vous recommande son excellent reportage, paru dans une nouvelle revue, XXI (c’est en kiosque, et ça vous en coûtera 15 euros), sur Edouard Limonov.
Qui est Limonov ? « Délinquant juvénile en Ukraine, poète underground sous Brejnev, loser magnifique à New York, romancier un temps adoubé par Saint-Germain-des-Prés, mercenaire en Serbie, chef de parti emprisonné sous Poutine, Edouard Limonov est, pour le meilleur et pour le pire, un des derniers opposants au pays de l’homme de fer. » Carrère est allé passer deux semaines avec le bonhomme, aujourd’hui protégé par une cohorte de gardes du corps néo-punks, dans une sorte de squat moscovite et ailleurs. Son portrait de cet individu non recommandable, mélange de Jean-Edern russe et de James Bond envoûtant (sa femme, dit Carrère, est Ekaterina Volkova, la « Cécile de France » locale), est une leçon de journalisme intelligent. Lisez ça, si vous ne lisez qu'une seule chose cette semaine. Vous verrez que Limonov tient à la fois de Beauvoir et de Sagan, l'idéologie pure et dure mêlée au romanesque à outrance. Une vraie vie interdite aux moins de dix huit ans.
J'ai découvert le blog de Didier Jacobs il y a quelques semaines et pareil, je suis fan. J'ai passé une soirée à relire toutes les archives de son blog... Un pur régal.
Rédigé par : Dahlia | 28 janvier 2008 à 11:35
Une sacrée verve, à n'en pas douter...
Rédigé par : Jérémie Vanden | 27 janvier 2008 à 18:53
Ben en attendant Jacob, j'ai attendu tendu tendu...L'est toujours pas là.
Rédigé par : martingrall | 23 janvier 2008 à 18:04
J'avais lu son billet ce matin ("La Russie, c’est le pire cauchemar des intellectuels français"!! le reste aussi m'a beaucoup fait rire ),j'ai vu aussi votre commentaire chez lui, je trouve l'idée geniale, l'autre histoire d ela litterature francaise par Didier Jacob, j'achete tout de suite!
Rédigé par : ecaterina | 11 janvier 2008 à 12:56
En attendant Jacob.
Rédigé par : martingrall | 11 janvier 2008 à 09:49
En attendant Jacob.
Rédigé par : martingrall | 11 janvier 2008 à 09:48
Merci, ça fait du bien à lire...
Rédigé par : Loïs de Murphy | 10 janvier 2008 à 19:35