Il y a deux semaines que je n'ai pas écrit ici.
Certains savent pourquoi, d'autres non...
Il y a une vraie raison, elle très privée et ne concerne pas que moi.
Donc fin de l'épisode, en principe...
Il y a quelques jours j'ai appelé Anna Gavalda et lui ai expliqué la situation en lui demandant un livre dédicacé.
Nous étions vendredi soir et il était 21h.
Samedi à 19h , je reçois un coup de fil d'elle me disant :
"le livre est sur votre paillasson!".
Je ne connaît pas d'auteur que je ne connais pas personnellement qui aurait fait cela, et même dans ceux que je connais...
J'admirais la façon qu'elle avait de décrire le quotidien.
De manière simple et vrai, en étant attentive aux autres.
J'ai maintenant du respect et de l'affection pour elle.
Parce qu'elle a été elle, c'est tout...
P.S: mon amie roumaine a voulu faire avec moi un questionnaire de Proust
Je vous le livre avec ses commentaires.
Ce n'est pas d'une portée universelle mais en ce moment je fais dans le personnel
J'avais promis "Un café avec" ce sera une otite avec...
Gilles Cohen Solal.
J’étais invitée hier au Congres des Cadres Roumains en Europe. J’en parlerai bientôt. Profiter du passage à Paris pour faire enfin cette interview de Gilles Cohen Solal (1) dont je rêve depuis si longtemps ? J’ai envoyé un mail sans trop y croire.
« Ok, 18 h à la Closerie des Lilas ».
Il a accepté !
Cheveux mouillées, chaussures trop inconfortables pour une journée si longue, je suis partie tôt, très tôt le matin des Sables. Cheveux mouillés… Ma grand-mère a toujours dit que ce n’est pas bon... J’arrive à Paris avec un mal de tête abominable. Mal aux oreilles aussi. Au Congres, j’entends un mot sur deux. Je vous raconterai en fin de semaine le mot sur deux que j’ai pu retenir.
18h00. Closerie des Lilas. Je n’entends toujours rien, j’ai mal aux oreilles et j’ai peur. Cet espèce de sentiment qui m’envahit à chaque fois quand je me sens petite et très bête… De quoi vais-je pouvoir lui parler ? Il m’a accordé 30 minutes. 30 minutes qui risquent d’être très longues. Je ne connais pas son monde. Ma culture littéraire est plutôt médiocre… Je savais qu’assise en face de lui, dans cet endroit où il connaît tout le monde, j’allais boguer. J’ai donc prévu la solution de facilité, un questionnaire de Proust pour éviter l’itw, la vraie, que j’aurais pu et je n’ai pas osé faire.
Il sourit. Nous sommes en terrasse, il fait froid et je démarre ce questionnaire auquel il répond d’un air grave et presque triste :
- Le bonheur parfait selon vous ?
- La santé de mes enfants.
- Votre principal trait de caractère ?
- Une intelligence colérique.
- La qualité que vous désirez chez un homme ?
- L’intelligence.
- Et chez une femme ?
- La même chose.
- Quel serait votre plus grand malheur ?
- Perdre un enfant.
- Qu’appréciez-vous le plus chez vos amis ?
- La gentillesse.
- Votre principal défaut ?
- Je suis colérique.
- Votre occupation préférée ?
- Réfléchir en fumant un cigare.
- Ce que vous auriez aimé être si ce n’était pas éditeur ?
- Producteur de cinéma.
- La dernière fois que vous avez pleuré ?
- La semaine dernière.
Je suis mal à l’aise. Elle est peut-être là la cause de ce regard que je trouve triste depuis tout à l’heure ? Creuser ? Je ne le connais pas, ce serait mal poli. Il faut que je parte sur des questions plus légères !
- Et votre dernier fou rire ?
- Je ne me souviens pas .
- La fleur que vous aimez…
- La rose. (moi aussi)
- Votre boisson préférée ?
- Ca dépend des moments. Il y a des boissons liées aux moments. - L’endroit où l’on peut vous croiser le plus souvent ?
- La Closerie des Lilas.
- La chanson que vous sifflez sous la douche ?
- L’envie (Jean Jacques Goldman chantée par Johnny Hallyday)
- Si vous devriez changer quelque chose à votre apparence physique…
- Tout.
- Votre héros dans la fiction ?
- Jean Valjean.
- Une héroïne dans l’histoire ?
- Rosa Luxemburg.
- Le fait militaire que vous admirez le plus ?
- La création de l’Etat d’Israël.
- Vos auteurs favoris en prose ?
- Dostoïevski et Camus.
- Vos poètes préférés ?
- Hugo et Baudelaire .
- Ce qu’il y a de mal en vous ?
- Il n’y a ni oubli ni pardon.
- Que détestez-vous par-dessous tout ?
- La bêtise.
- La faute pour laquelle vous avez le plus d’indulgence ?
- Les fautes commises par l’enthousiasme.
- Comment vous aimeriez mourir ?
- Je n’aimerais pas mourir.
- Etat présent de votre esprit ?
- Oscillant…
... Ses rendez-vous suivants arrivent : un ami éditeur s’installe à côté en rigolant, une histoire de muppets show pour laquelle ils prennent la pose, son fils Pierre et un vieux monsieur dont, otite oblige, je n’ai pas compris le nom.
Je quitte la Closerie des Lilas avec le sentiment amer d’avoir gâché une occasion rare.
PS Prochain objectif pour "Un café avec...": oublier que je ne connais rien au monde littéraire, ne plus me demander tout au long de l’itw s’ils me trouvent bête ou juste ridicule, et tenter un café autour du livre et du blog avec Didier Jacob, Pierre Assouline et Gilles Cohen Solal. Peut-être en mars. Les trois ensemble, s’ils veulent bien…
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(1) Gilles Cohen Solal. Co-fondateur avec Heloise d'Ormesson d'une maison d'édition qui n'a que trois ans mais dont on a très vite beaucoup -et en bien - entendu parler, Gilles Cohen Solal me paraît différent des autres éditeurs parisiens. Ses coups de gueule francs, l'interet qu'il porte à ses auteurs, la tendresse qu'il porte à ses amis... je suis fan de leur blog. Et de cette maison qui a, parait-il, "tout d'une grande".
Quelques auteurs: Bernard Chenez, Lucía Etxebarria, Jean-Pierre Grivois, Cléa Koff, Thierry Laurent, Yves di Manno, Vonne van der Meer, Pierre Pelot, Chantal Portillo, Corinne Roche, Marcus du Sautoy... mais aussi Tatiana de Rosnay, Isabelle Alonso, Abha Dawesar...
Je n'ai lu chez eux que "Odeur du temps" (forcement) et "José" de Richard Andrieux, que j'ai beaucoup aimé. Je lirai bientôt le livre de Stephane Coïc (forcement encore). Et puis il y en a plein d'autres (mais je ne peux pas tout acheter non plus!). Vous entendrez sûrement parler dans la presse, très prochainement, des pastiches d'Helena Marienské. La couverture est superbe. Et puis, bien sur, vous entendrez parler de la biographie de Benazir Bhutto, "Fille de l’Orient".
Zut, c'est plutôt "que dire". Quelle honte! Ca m'apprendra à poster trop vite sur de vrais blogs...Je retourne à mes casseroles.
Rédigé par : ecaterina | 30 janvier 2008 à 10:18
Quoi dire?
Rédigé par : ecaterina | 30 janvier 2008 à 09:50
Ecaterina n'est pas que roumaine.. Elle est douce, à l'écoute et a trouvé un très bon moyen d'approche.
Gilles, ce qui ronge c'est la vie... Elle bouffe tout et nous rappelle combien chaque seconde doit être belle.
Pour les souvenirs. Pour les gosses...
Depuis le crabe pourri de mon père parti trop tôt, (on part toujours trop tôt pour celui qui reste) je sais que la vie est précieuse... Profiter, vivre intensément, car nous avons tous un agenda qui un jour ne se terminera pas.
Par contre l'espoir, la candeur et les miracles sont aussi de bonnes croyances!
Bien à toi!
Plein de belles ondes.
E
Rédigé par : Elisabeth Robert | 29 janvier 2008 à 14:57
Dieu en qui je ne crois pas sait que je t'ai trimballé dans mes pensées dernièrement, pour les raisons que tu sais et qui m'ont touché car la fibre enseignante entraîne parfois aussi la fibre affective, et Dieu en qui je crois quand ça m'arrange sait que l'affection j'en ai pour l'objet de ta préoccupation.
J'aime ce questionnaire, et ses réponses, parce que cela correspond à l'image de tendre couillu (ou couillu tendre) que j'ai de toi.
Je te serre dans mes bras. Dis à l'objet de tes préoccupations que pas un jour sans une pensée, un souvenir, un sourire qui pourrait devenir fou rire.
Quant à Anna Gavalda, pour l'anecdote : c'était en 2004, je crois. Pour le dire franchement, ça faisait plusieurs mois que je me chiais dessus régulièrement sans pouvoir maîtriser la chose, ça me prenait n'importe où, je n'osais en parler à personne, je gardais ça pour moi en minimisant. Et puis, un soir j'ai consulté un toubib, qui m'a fait une échographie etc., qui m'a annoncé la mauvaise nouvelle, le côlon touché gravement. Le lendemain, je pars travailler chez un éditeur dont je réécrivais les manuscrits (de politique), en route je me fais dessus, passe une heure à me nettoyer aux chiottes d'un troquet du 6e, je repars, mais je soupire, m'arrête en chemin, fais demi-tour, achète "Ensemble c'est tout" et rentre chez moi. J'ai passé une des plus belles journées de ma vie, au lit en pyjama à boire des mots simples dans la lumière délavée du printemps. J'ai lu le livre dans la journée, et je me suis pris à rêver, à être mieux.
La suite ne fut finalement pas aussi dramatique que j'aurais pu le croire, et du coup à ce souvenir du mot "cancer" parti pourtant en plusieurs mois, s'est substitué le souvenir d'une seule après-midi avec ce roman.
Merci de me l'avoir rappelé...
Tu sais que je pense souvent à toi.
Prends soin de toi. Vieux.
S.
Rédigé par : Stéphane Darnat | 29 janvier 2008 à 01:16
Prenez soin de vous... Merci d'avoir pris la peine de publier cet article.
Le geste de Gavalda ne me surprend pas, à cause du dernier texte de son recueil de nouvelles, Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part, et à cause du titre de ce même recueil.
Rédigé par : Loïs de Murphy | 28 janvier 2008 à 20:46