J'avais oublié qu'il y a un peu plus d'un an j'avais reçu et publié ce texte sur le blog...
Je l'ai retrouvé par hasard (qui n'existe pas, pas le texte, le hasard..!)
Je me suis dit qu'eentre deux papiers sérieux et pas très gais même si (de mon point de vue ) essentiels, on pouvait s'ictroyer le droit de se changer les idées ( à tout le moins d'essayer...);
Donc de nouveau pour notre (en tout cas le mien) plus grand plaisir, mon duo de détectives préfèrés: Messieurs Spincter & Fumble
Sphincter & Fumble
Law Associates
1138 Slime Street
Lickburgh, NY
Madame, Monsieur,
Si nous prenons par la présente la liberté de nous adresser à vous, c’est pour vous signaler ce qui selon nous ne peut s’expliquer que par un léger dysfonctionnement. Léger dysfonctionnement que nous allons de ce pas nous employer à régler, au besoin en vous attendant paisiblement en bas de chez vous à la nuit tombée pour vous permettre de mieux vous familiariser avec nos méthodes et points de vue sur le monde merveilleux de l’édition et les moyens d’y réussir.
Nous fondant sur certaines réalités de ce milieu, réalités qu’une habile étude de marché nous avait fait toucher du doigt, nous vous avions fait parvenir, il vous en souvient certainement, un ouvrage remarquable d’un auteur qui avait tout pour réussir, Arnulphe K. Furgunstein. Tout à fait dans l’air du temps, ce jeune écrivain au sourire si doux et à la plume acérée avait écrit une somme, la somme. Intitulée Les mal-voyantes (ne nous demandez pas pourquoi, l’auteur lui-même n’en sait rien), il s’agit d’une habile autobiographie onirique d’un palefrenier transformiste de la Wehrmacht, qui tombe amoureux d’un bel officier anglais de la Légion SS St-George, lequel n’en a cure, tout accaparé qu’il est par le désir brûlant que suscitent en lui les circonvolutions kaki du turban d’un austère prisonnier sikh. Un petit brûlot fleurant bon la controverse à dix balles comme on l’aime dans les parages, enlevé et bien tourné, d’à peine 2267 pages.
Suivant vos conseils, nous avons dûment fréquenté les salons, flagorné à qui mieux mieux, coopté qui il fallait tout en invitant à déjeuner à peu près tout le spectre des intervenants du monde de l’édition : éditeurs, directeurs de collection, collecteurs de direction, représentants, marchands de canons, fabricants de colle, démonte-pneus, stars vieillissantes et futures célébrités, critiques littéraires (ce qui revient à dire tous les précédents ou presque) et, surtout, les journalistes (lesquels bouffent un max et s’arsouillent encore plus, d’où nos frais conséquents en termes de représentation, que nous vous imputerons du reste ultérieurement). Nous avons voté pour les uns et contre les autres, puis pour les autres et contre les uns, avons délégué nos membres (dans tous les sens du terme) les plus efficaces dans les partouzes les plus en vue du moment, avons graissé les pattes de tous les présentateurs les plus hystériques du petit écran, et aussi les journalistes, hein, parce que ceux-là, ils sont toujours dans tous les coups, bons ou mauvais. Et partout, à la moindre occasion, nous ne cessions de dire tout le bien qu’il fallait penser des Mal-voyantes du brillantissime et délicieusement iconoclaste M. Furgunstein. L’affaire, nous disions-nous, béats, était dans la poche, et donc bientôt aussi en livre de poche.
Et là, rien. Pas un seul prix littéraire de rentrée décerné à ce chef d’œuvre. Comprenez notre consternation. Aussi vous faisons-nous bien aimablement part par ce bref courrier de notre courroux ô combien légitime. Car enfin, que faut-il donc faire pour avoir un prix dans ce pays, hein, nous vous le demandons. D’ailleurs, nous vous l’avions demandé, vous nous l’aviez dit, et ça n’a pas marché. Rien. Même pas le plus petit article de presse sur le flamboyant et cryptique ouvrage de notre poulain. Si vous voulez notre avis autorisé, ça sent bon le passage à tabac dans les ruelles sombres, Madame, Monsieur, croyez-nous.
Vous invitant à ne plus sortir de chez vous pendant un moment, le temps pour vous de rassembler la somme que nous ont coûtée vos mauvais conseils sur comment obtenir un prix en pondant un pavé indigeste, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de nos menaces les moins voilées.
Gary “Ribcracker” Fatlustig
Directeur du Service des Recouvrements et des Coups dans la Gueule
Sphincter & Fumble
PS : Il semblerait, nous dit-on de source sûre, que pour être absolument certains d’obtenir un prix littéraire de rentrée, nous aurions peut-être dû commencer par publier le livre en question. Depuis quand ce genre de détail importe-t-il ?
trop drôle!
Rédigé par : noemie | 04 janvier 2008 à 19:15
Oh, encore une lettre de récriminations, c'est Stefan Coïc qui a changé de nom? ;)) Je rigole, Stefan, je rigole, Gilles. Juste une entrée en matière pour vous souhaiter une belle année 2008!
Rédigé par : Kiki | 04 janvier 2008 à 17:07
La chute est excellente, j'en ris encore.
Rédigé par : Loïs de Murphy | 03 janvier 2008 à 16:49