Il y a bien longtemps que je pense que la liberté d'expression est incompatible avec l'appartenance à une structure.
Aujourd'hui j'en prends la mesure.
Il n'y aura plus de commentaires personnels sur ce blog...
Je ne sais pas si c'est bien ou pas, c'est ainsi.
En attendant je vais vous livrer les commentaires sur le Goncourt et le Renaudot.
Mais surtout ceux sur René Goscinny...
Il faut qu'on le sache , il a été mon père spirituel et la dernière fois que j'ai vu sa fille Anne , elle m' a présenté comme son "grand frère".
À l'heure où l'on parle des magouilles, des bidouilles et autres corruptions , il est bon que vous sachiez ce qu'était un génie sans sans compromis et surtout sans compromissions.
Hier c'était le 30eme anniversaire de la mort de René;
Jamais je n'ai rencontré homme plus drôle, plus brillant, plus intelligent...
Si je fais ce métier aujourd'hui c'est grâce à lui, à cause de lui et probablement en mémoire de ce qu'a été notre relation.
Je ne me suis jamais remis de sa disparition.
Je ne suis pas le seul.
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé...
Jamais cette phrase n'a été aussi juste.
Je ne sais pas si il aurait été fier de moi mais ce que je sais, c'est que sans l'avoir connu, je n'aurais jamais été ce que je suis.
René, tu nous manques infiniment et je crois que ton humour traversera le temps comme les légendes façonnent l'histoire.
Je n'ai jamais eu l'occasion de dire cela publiquement, c'est ainsi.
Je dois tout à Astérix qui , à travers les Éditions Albert-René, me doit un peu...
Je me souviens de quelques soirées dans le salon de mes parents. Avec Uderzo, Mazières,Courrière et Tchernia vous nous avez appris le rire et la vie...
Gilberte n'était pas la moins belle et tu étais le plus drôle.
Il m'a fallu 30 ans pour faire cette déclaration publique.
J'ai sur mon bureau un manuscrit d'Anne, ta fille.
La boucle se bouclera t'elle?
En attendant, sache une chose: le bonheur que tu nous a donné est gravé à jamais dans nos coeurs et nos âmes.
Cette photo où tu tires la langue, comme un ultime pied de nez, reste le plus joli cadeau que tu m'as jamais fait.
Pour une raison simple: tu m'as autorisé à la prendre , moi le môme de 15 ans...
Il y a 30 que tu nous manque à tous pour une raison simple:
tu n'as jamais été aussi vivant!
Maintenant parlons des nains qui t'auraient amusés et des Prix Littéraires dont tu te serais moqué mieux et plus que personne.
Une dernière chose, "tonton", tu m' a appris que l'on pouvait rire et faire sans être méchant.
Ce testament là devrait être écrit dans l'ensemble des livres, scolaires ou pas.
Nos dernières vacances ensemble, en Israël, nous n'en parlerons pas...
Ta vie vie privée était très privée.
Mais laisse moi te dire, pour une seule et unique fois, la dernière sûrement...
Personne ne m'a jamais manqué comme toi...
Je ne ris plus, je n'invente plus et je pense que le passé que nous avons vécu sera toujours meilleur que l'avenir quelqu'il soit...
Vous faîtes un peu chier , vous, les génies!
La preuve :
"Il ne faut jamais parler sèchement à un Numide"!
Un double coup de théâtre ! "Depuis que je suis présidente de l'académie Goncourt, je n'ai jamais vu ça", commente Edmonde Charles-Roux. C'est au quatorzième tour de scrutin que le prix a été décerné, lundi 5 novembre, à Alabama Song, de Gilles Leroy (Mercure de France), contre deux voix pour A l'abri de rien, d'Olivier Adam (L'Olivier), une voix à La Passion selon Juette, de Clara Dupont-Monod (Grasset), et une voix à Ni d'Eve ni d'Adam, d'Amélie Nothomb (Albin Michel).
Dans le salon voisin du restaurant Drouant, place Gaillon, à Paris, le prix Renaudot a été attribué au dixième tour de scrutin, avec la voix qui compte double du président en exercice, Patrick Besson, à Chagrin d'école, de Daniel Pennac (Gallimard), par six voix, contre cinq à Un roi sans lendemain, de Christophe Donner (Grasset).
Avec Alabama Song, Leroy retrace, dans un récit à la première personne, la vie tragique de Zelda Fitzgerald, l'épouse de l'auteur de Gatsby le Magnifique, tandis que Pennac, usant d'une veine autobiographique, narre dans Chagrin d'école son expérience de professeur de français. Pour les éditions Gallimard, il s'agit d'un coup double, car le Mercure de France, dirigé par Isabelle Gallimard, est une filiale à 100 % de la maison de la rue Sébastien-Bottin.
De fait, seul le prix Renaudot du meilleur essai, dont l'enjeu est moindre, n'a pas donné lieu à un scrutin très serré. Il a été attribué à Olivier Germain-Thomas pour Le Bénarès-Kyôto (Ed. du Rocher), par huit voix, contre deux à Une vie, de Simone Veil (Stock). Présent sur place, Olivier Germain-Thomas ne s'attendait pas "à terrasser Simone Veil", avant de se réjouir de cette "ouverture aux cultures d'Asie".
DÉJOUER LES PRONOSTICS
L'Orient qui a d'ailleurs souri à Gallimard, car c'est par téléphone de Séoul (Corée du Sud), où il se trouvait, que JMG Le Clézio, membre du jury Renaudot, a proposé au vote de ses pairs Chagrin d'école, de Daniel Pennac. Le titre ne figurait même pas sur la troisième et dernière sélection du prix, mais ce choix a aussitôt recueilli l'assentiment de Franz-Olivier Giesbert, autre membre du jury. "Il s'agit d'un très bon roman populaire, injustement traité par la critique. C'est du Marcel Pagnol", a-t-il expliqué.
Louis Gardel, juré Renaudot, parle d'"un très joli hold-up", tandis qu'André Brincourt, autre juré, se dit "fou de rage, car le Pennac n'est pas un roman, mais un essai, et que le Donner, lui, constituait un remarquable roman".
En faisant ce choix, les jurés Renaudot ont aussi décidé d'avoir un prix qui soit un véritable succès de librairie, car le livre de Pennac figure en tête des principaux palmarès. L'éditeur en a déjà vendu plus de cent mille exemplaires.
Les jurés ont surtout voulu déjouer les pronostics d'avant-prix, qui attribuaient le Renaudot à Christophe Donner et le Goncourt à Olivier Adam, avec à la clé un accord entre les maisons Grasset et Le Seuil. "Il faut sortir des combines d'éditeurs. Aujourd'hui, les jurés se parlent. C'est nouveau", ajoute Giesbert.
"Ils se parlent où, ils se parlent quand ?", s'interrogeait de son côté Edmonde Charles-Roux, qui a réfuté que de tels échanges aient pu avoir lieu. Mais, pour la première fois depuis longtemps, le prix Goncourt a connu "des circonstances exceptionnelles" avec l'absence de deux jurés, Françoise Mallet-Joris et Michel Tournier, pour raisons de santé. Leurs votes n'ont été pris en compte que lors des deux premiers tours.
Au final, les votes de l'académie Goncourt ont été à l'image de la rentrée littéraire. "L'année dernière, Les Bienveillantes, de Jonathan Littell, se sont imposées à nous comme une évidence, cette année, rien n'émergeait nettement", constate Françoise Chandernagor. Ce qui explique qu'il ait fallu attendre quatorze tours, contre un seul en 2006.
Cette première salve de prix consacre la puissance de Gallimard, et met en évidence les faiblesses de Grasset et du Seuil. Difficile de savoir si les prochains prix amplifieront ou rectifieront la donne. Les jeux sont ouverts.
Alain Beuve-Méry
OLIVIER DELCROIX.
Dans «Chagrin d'école», l'auteur de « Comme un roman » raconte ses souvenirs de collégien en difficulté.
EN ÉCRIVANT pour les cancres du fond de la classe, dans Chagrin d'école (Gallimard), Daniel Pennac était loin de se douter qu'il obtiendrait, hier, le prix Renaudot ! Ne déclarait-il pas dans Merci (2004), monologue d'un artiste « remercié » pour l'ensemble de son oeuvre : « Le problème avec la gratitude, c'est qu'elle est vouée à l'inflation. Alors que l'amour... » Et voilà l'auteur des Malaussène pris à son propre piège.
L'ancien bonnet d'âne vient d'être couronné pour Chagrin d'école (Gallimard), alors qu'il ne figurait pas dans la liste des cinq ouvrages retenus dans la dernière sélection du jury. Quelle ironie ! Réagissant néanmoins avec humour à cette distinction inattendue, l'intéressé a déclaré hier qu'il trouvait « gratifiant et drôle » de recevoir le Renaudot 2007. Né en 1944 au Maroc, Daniel Pennac garde de son enfance un souvenir mitigé, qui perce à chaque page de Chagrin d'école. Il avoue avoir été longtemps considéré comme un mauvais élève, avant qu'une poignée de professeurs n'allume en lui la flamme. L'un d'eux, faute de pouvoir obtenir de lui autre chose, lui avait commandé un roman pour la fin du trimestre. Défi que l'élève amorphe releva avec brio.
Aujourd'hui, devenu écrivain, romancier et professeur de français, il lutte contre les jugements définitifs qui peuvent enfermer les cancres dans l'échec et compromettre sottement leur scolarité. Dans les colonnes du Figaro Littéraire, Patrick Grainville écrivait : « Il y a du pittoresque chez Pennac, conseiller pédagogique d'une foule de mères affolées qui s'adressent au séducteur comme à l'abbé Pierre. » Finalement, le Renaudot à Pennac, c'est Moïse sauvé des mots...
Le prix Renaudot essai a été remis à Olivier Germain-Thomas pour Le Bénarès-Kyoto (Le Rocher).
Renaudot : le président du prix "a voté comme ses copains"
NOUVELOBS.COM | 06.11.2007 | 09:42
Cet aveu de Patrick Besson revêt toute son importance quand on sait que c'est sa voix qui a permis à Daniel Pennac d'être couronné pour "Chagrin d'école" (Gallimard).
Daniel Pennac (Sipa)
Alors qu'à la surprise générale, les jurés du Renaudot ont couronné lundi 5 novembre Daniel Pennac pour son livre "Chagrin d'école" (Gallimard), le président du prix avoue avoir voté "comme ses copains".
Les propos de Patrick Besson étaient repris dans Le Figaro de mardi: "Pennac était une idée de Le Clézio, reprise par Giesbert. Ce sont mes copains alors j'ai voté comme eux…"
Ces déclarations revêtent toute leur importance quand on sait que c'est la voix de Patrick Besson qui a permis à Daniel Pennac de décrocher le prix. Car le vote fut très serré. Il a fallu au jury dix tours de scrutin pour se décider. Au 10e tour, Pennac et Christophe Donner, pour "Un roi sans lendemain" chez Grasset, se sont retrouvés à égalité. La voix du président comptant double, Daniel Pennac l'a finalement emporté par 6 voix contre 5.
Brincourt mécontent
Par ailleurs, un membre du juré a exprimé son mécontentement lundi, évoquant un mauvais choix pour le prix. C'est André Brincourt, qui a reçu en 1999 le Grand Prix de littérature de l’Académie française. L'écrivain a affirmé "respecter le principe démocratique qui a distingué Pennac… mais en pleurant". Et d'ajouter: "C'est bien dommage qu'on obéisse à d'autres sentiments que la qualité de l'ouvrage. Le plus grave, à mon sens, c'est que ce livre n'est pas un roman à proprement parler. On a créé le Renaudot essai pour ce genre de livres!"
Leroy Goncourt pour "Alabama Song"
Côté Goncourt, c'est Gilles Leroy qui a décroché le prix pour "Alabama Song" (Mercure de France).
En 2006, le Goncourt 2006 a été attribué aux "Bienveillantes" de l'Américain Jonathan Littell, vendu, selon Gallimard, à plus de 730.000 exemplaires.
Le prix Renaudot était revenu à Alain Mabanckou pour "Mémoires de porc-épic" (Le Seuil).
«Cette année, c'est la révolte des jurés»
Pressentis, Olivier Adam pour le Goncourt et Christophe Donner pour le Renaudot sont repartis bredouilles. Les lauréats s'appellent cette année Gilles Leroy et Daniel Pennac. Le premier a reçu le Goncourt au quatorzième tour de scrutin pour Alabama Song (Mercure de France), par quatre voix contre deux à Olivier Adam, une à Clara Dupont-Monod et une dernière à... Amélie Nothomb, pourtant déjà éliminée. Robert Sabatier, par loyauté envers sa maison d'édition Albin Michel, l'aurait soutenue jusqu'au bout.
Mais la surprise la plus grande est venue du jury Renaudot, qui a récompensé hier Daniel Pennac pour Chagrin d'école (Gallimard). « Toute une vie passée à écrire sans recevoir de prix, ce n'était pas juste », commente Patrick Besson, dont la double voix de président a fait la différence au dixième tour de scrutin. Les jurés Jean-Noël Pancrazi et Christian Giudicelli acquiescent en choeur, le sourire gourmand de ceux qui ont fait un bon tour en récompensant un écrivain absent de la dernière liste pour un livre qui n'est pas non plus un roman ! « On voulait donner un coup de chapeau à Pennac, qui est un bon écrivain populaire, explique Franz-Olivier Giesbert et on en avait marre des magouilles qui prédestinent tel ou tel à obtenir le prix. Cette année, c'est la révolte des jurés ! »
« Les auteurs comptent plus que les éditeurs et je m'y emploie depuis que je suis jurée Goncourt », soutient à son tour Françoise Chandernagor qui, en tant que trésorière de ce prix, a remis à Gilles Leroy son chèque de 10 euros. Derrière ces belles professions de foi, se dessine une petite guerre des prix : 230 000 exemplaires du livre de Daniel Pennac sont sortis en trois semaines, le cru 2007 du Renaudot se vendra sans doute mieux que le Goncourt. Mais le vrai gagnant du grand Monopoly de l'édition, c'est déjà Gallimard, avec le Renaudot en poche et le Goncourt attribué à l'une de ses filiales, Mercure de France. Mais aussi le prix Décembre pressenti pour Yannick Haenel aujourd'hui, Olivia Rosenthal, chez Verticales, un éditeur du groupe, bien partie pour le prix Wepler, et Eric Fottorino en favori du Femina lundi prochain.
K.Papillaud 20minutes
Enfin du sérieux...
Si j'ose dire!
Bref c'est là que c'est important.
C'est lui qui est important...
René Goscinny, scénariste et grand auteur français
31 octobre 17:33 - PARIS (AFP) - Il y a trente ans, le 5 novembre 1977, le village gaulois d'Astérix prenait le deuil: René Goscinny mourait d'un accident cardiaque à l'âge de 51 ans, laissant une empreinte indélébile sur la culture populaire française.
René Goscinny (à gauche) et son complice Albert Uderzo, à la fin des années 70.
AFP - staff
"Je veux être calife à la place du calife", "Quand est-ce qu'on mange?", "Il est tombé dedans quand il était petit"...: ses formules magiques sont passées depuis dans le langage courant et l'on n'en finit pas de découvrir le "Balzac de la BD", auteur de plus de 150 scénarios, mais aussi d'innombrables chroniques et articles de journaux.
Car l'influence du père d'Astérix et du Petit Nicolas, petit homme, grand talent, ne se limite pas à la bande dessinée. René Goscinny est désormais considéré comme un formidable auteur comique, par-delà les frontières et les générations.
Astérix, c'est 320 millions d'albums vendus dans le monde et Lucky Luke 200 millions. Sans oublier les films et dessins animés tirés de ses scénarios, ou le Parc Astérix, deuxième parc de loisirs en France, qui accueille tous les ans près de 1,8 million de visiteurs.
René Goscinny, c'est aussi le parcours étonnant d'un enfant né en 1926 à Paris dans une famille d'origine juive polonaise, élevé à Buenos Aires, et devenu l'un des représentants de la culture française dans le monde.
D'abord dessinateur, il rentre en France en 1951 et invente le métier de scénariste de BD, considéré avant lui comme un simple acolyte du dessinateur. "Quand j'ai entendu dire: +Le métier de scénariste? C'est à la portée du premier imbécile venu+, j'ai compris que j'avais trouvé ma voie", disait-il.
Il reprend Lucky Luke avec Morris et crée le Petit Nicolas avec Sempé. Mais le coup de génie vient de sa rencontre avec Albert Uderzo. Ensemble, ils créent en deux heures Astérix et les principaux personnages de la série, dont la première aventure paraît en octobre 1959 dans le 1er numéro du journal Pilote.
Le premier album sort à 6.000 exemplaires en 1961. Le succès est fulgurant et 1,2 million d'exemplaires d'"Astérix et les Normands" s'écoulent en quelque jours six ans plus tard. La France des années 1960 renoue avec son passé gaulois. Et si certains accusent Astérix d'être nationaliste et chauvin, René Goscinny refuse toute récupération et se contente, dit-il, de "faire le guignol pour amuser les enfants".
A Pilote, dont il est le directeur, il s'entoure de nouveaux talents, Cabu, Reiser, Gotlib ou Jean Giraud, et sort la bande dessinée du ghetto des cours de récré. Derrière sa machine à écrire, il enchaîne les scénarios, nickels dès le premier jet, et sème les aphorismes, traduits depuis en 107 langues. Un "Dictionnaire Goscinny", publié en 2003, recense pas moins de 2.120 personnages nés de son imagination.
Avec le succès viennent les soucis et le poids des responsabilités. Il crée en 1974 avec Uderzo les studios Idéfix et embauche 50 personnes. Surtout, il entre à l'automne 1977 dans un violent conflit avec l'éditeur Georges Dargaud pour une question de droits sur les albums d'Astérix.
Surmenage, trop de cigarettes, problèmes personnels... Le 5 novembre, il a rendez-vous chez son cardiologue pour un banal test d'effort et s'effondre à 10H30, comme dans un mauvais scénario.
Une vingtaine de rues portent aujourd'hui son nom en France. Et, trente ans après sa mort, René Goscinny fait toujours rire les enfants.
"Lire" célèbre Goscinny
A l’occasion des 30 ans de la disparition du scénariste le 5 novembre 2007, le magazine publie un hors-série. Au sommaire, textes et dessins inédits.
Le 5 novembre 2007 sera un jour particulier dans le monde de la bande dessinée : il y a 30 ans, le 5 novembre 1977, disparaissait René Goscinny, le scénariste d’"Astérix et Obélix", à l’âge de 51 ans.
Pour rendre hommage à l’un des auteurs de BD francophone les plus célèbres, Lire lui consacre un hors-série. Intitulé "La vie secrète de Goscinny", le magazine propose 108 pages de textes et dessins inédits, de témoignages et d’articles sur l’homme.
Au sommaire donc notamment : une histoire inédite du "Petit Nicolas" de Goscinny et Sempé, deux autres textes de Goscinny une nouvelle policière et un texte d’anthologie "Ce qu’il y a de vrai dans Astérix", des dessins de Sempé, Gotlib et Tibet, une analyse des Alain Rey analyse des formules les plus célèbres de Goscinny et une enquête sur "Les derniers jours de Goscinny".
Le hors-série est vendu en kiosques au prix de 7, 50 euros.
René Goscinny
L'irréductible Goscinny
Jérôme Dupuis, Tristan Savin
Trente ans après sa mort, le père d'Astérix, de Lucky Luke et du Petit Nicolas est plus présent que jamais. Portrait d'un créateur exceptionnel qui, de la BD au cinéma, continue de voler de succès en succès.
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ANGOULEME 2007
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L'irréductible Goscinny
Le mythe Goscinny
Gotlib, les Dingodossiers, Perec et l'humour juif
Un créateur de proverbe: entretien avec Alain Rey
Une nouvelle inédite du Petit Nicolas: La Nouvelle Epicerie
Anne Goscinny
XIII attendu
Bulles de campagne
La vie rêvée de Little Nemo
Dessins politiques
Le Déluge : Jean-Yves Ferri et Manu Larcenet
Lanfeust des étoiles, tome 5
Le dessin de l'empire américain
Gaston à la Cité des sciences
PREMIERES PLANCHES
BIBLIOTHEQUE IDEALE
MANGA
«A tout à l'heure, mon petit chat!» C'est sur ces mots tendres que René Goscinny quitte sa fille, Anne, 9 ans, ce matin du 5 novembre 1977. Le père d'Astérix a rendez-vous pour un banal test d'effort prescrit par son médecin. Vers 10 heures, son chauffeur le dépose à la Clinique internationale du parc Monceau, dans le XVIIe arrondissement de Paris. Il est accompagné de son épouse, Gilberte. Le cardiologue place des électrodes sur son torse. «Maintenant, pédalez, monsieur...» Alors, René Goscinny pédale.
Après quelques instants, il lâche: «Docteur, j'ai mal au bras et je ressens une douleur à la poitrine... - Pédalez encore quinze secondes», répond le cardiologue.
Ces quinze secondes vont durer l'éternité. Le patient s'effondre soudain. Gilberte le prend dans ses bras. Il est mort. Arrêt cardiaque. Il est 10 h 30. René Goscinny avait 51 ans.
Trente ans jour pour jour après ce drame, jamais le roi René n'a semblé si présent dans nos vies. Le cap du demi-milliard (!) d'albums de Lucky Luke et d'Astérix vendus à travers le monde a été franchi; Goscinny peut aussi se targuer d'avoir attiré 14 millions et demi de spectateurs au cinéma avec Mission Cléopâtre, d'Alain Chabat, en attendant les sorties du dessin animé Tous à l'Ouest. Une aventure de Lucky Luke,le 5 décembre, d'Astérix aux Jeux olympiques, le 30 janvier 2008 - avec Depardieu, Delon et... Zidane - et, enfin, d'un Petit Nicolas, en 2009. Un Petit Nicolasdont, justement, deux volumes d'histoires inédites se sont écoulés à 1 million d'exemplaires ces trois dernières années. Et il est l'un des rares auteurs français du xxe siècle qui aura fait entrer autant d'expressions dans le langage courant: «l'homme qui tire plus vite que son ombre», «être calife à la place du calife», ou le gimmick de ce grand nigaud d'Averell: «Quand est-ce qu'on mange?». Commentaire de Pascal Ory, qui vient de lui consacrer une biographie, La Liberté d'en rire(Perrin): «Goscinny fut un artiste, un patron de presse, mais surtout un acteur majeur de la culture de masse.»
Pourtant, les débuts furent difficiles. Après une jeunesse à Buenos Aires dans une famille juive - certains verront dans le célèbre village gaulois une transposition de ces shtetEls d'Europe centrale, où une partie de sa famille fut parquée - il part, en 1945, tenter sa chance à New York comme... dessinateur. On l'oublie souvent, mais le plus célèbre scénariste du monde a essayé, dix ans durant, de s'imposer pinceau à la main, avec des séries oubliées comme Dick Dicks. La journée, le jeune René est comptable dans une fabrique de pneus; le soir, il fait la tournée des rédactions. Avec un succès tout relatif.
«Mais c'est qui, cet Astérix?» demande sa mère
Le salut viendra de la Belgique. Et de l'écriture - «René Goscinny, écrivain», peut-on d'ailleurs lire sur sa tombe, à Nice. «Il a littéralement inventé le métier de scénariste de bande dessinée», affirme Pascal Ory. Jusqu'alors, la situation est ubuesque: Goscinny écrit neuf albums de Lucky Luke avant que son nom apparaisse - enfin! - sur la couverture. C'est Morris qui signe les contrats et touche les royalties, dont il reverse, en catimini, un tiers à son ami René... Avec Uderzo, un jeune dessinateur italien rencontré en 1951, et Jean-Michel Charlier, futur scénariste de Blueberry, Goscinny fonde alors Edifrance, une agence qui fournit des bandes dessinées clefs en main, rémunérant ses créateurs sous forme de droits d'auteur: 50% pour le dessinateur, 50% pour le scénariste. Le père d'Astérix n'aura pas à le regretter...
L'année 1959 est particulièrement faste. Le 29 mars paraît, dans Sud-Ouest Dimanche, le premier épisode des Aventures du Petit Nicolas (voir le témoignage de Sempé, page 102). En octobre, dans le n° 1 de Pilote, un petit Gaulois fait son apparition. «Tous les personnages, le petit guerrier, le livreur de menhirs, le chef, le barde et le druide ont été créés en deux heures, dans l'appartement d'Uderzo, à Bobigny», racontera Goscinny. Un jour, sa mère, qui, en bonne «mère juive», partage son appartement, lui demande: «Mais c'est qui, cet Astérix dont tout le monde parle?» Réponse du fils: «C'est celui qui nous permet de manger, maman.» En 1967, L'Express titrait: «Le phénomène Astérix». Découvrant cette Une, Hergé souffrira secrètement.
«Quand je rentrais de l'école, j'entendais le bruit de sa machine à écrire, mais j'avais interdiction absolue de pénétrer dans son bureau», se souvient sa fille, Anne. Toute sa vie durant, Goscinny tapera ses scénarios - sans la moindre rature - sur sa petite Royal Keystone. «Le rituel était toujours le même: la feuille blanche, le carbone et une feuille jaune, toujours dans cet ordre. Il les tapotait pour les mettre bien droites, souriant, comme s'il nouait sa serviette avant de se mettre à table», raconte son complice Pierre Tchernia, avec lequel il signera le film Le Viager. Posé sur la table, un réveil sonne pour lui indiquer qu'il doit changer de série: Astérixde 8 à 10 heures, Iznogoud, de 10 heures à midi, etc. A côté, sa mère tricote.
Le reste du temps, ce bourreau de travail dirige Pilote, le meilleur journal de bande dessinée au monde. C'est l'autre versant de sa postérité. Il lance en effet des inconnus qui deviendront des stars - Gotlib, Cabu, Bretécher, Tardi, Giraud, Fred, Reiser, Gébé - et publie les premiers dessins de futurs réalisateurs, comme Patrice Leconte ou Terry Gilliam (Brazil). Avec son inamovible look de notaire de province - costume trois pièces Lanvin, pochette - cet homme émotif et corseté règne joyeusement sur sa petite troupe turbulente.
Cassure brutale en mai 1968. Les dessinateurs ont des rêves d'autogestion. Goscinny est convoqué dans un café de la rue des Pyramides. «Ce fut un procès stalinien», regrette Mandryka, créateur du Concombre masqué. «Ils ont tué le père! Ce patron était fragile, car c'était un artiste», tonne Druillet, qui lança son Lone Sloanedans Pilote. Plus rien ne sera comme avant. Dès lors, Goscinny surjoue son personnage de grand bourgeois de la bande dessinée: Mercedes avec chauffeur, déjeuners à la Tour d'argent, dîners chics dans son appartement du XVIe arrondissement...
« Je me souviens... », par Sempé
J'ai rencontré René en 1955, dans une agence de presse des Champs-Elysées. Dès le premier soir, nous étions amis. Il m'impressionnait beaucoup par son élégance et la façon dont il allumait les cigarettes des dames. Je me souviens de ce jour de 1959 où il a apporté la première histoire du Petit Nicolas. Tout était déjà en place, la cour de récréation, les amis aux noms étranges - Clotaire, Agnan, Alceste... - le ton intemporel. J'étais émerveillé par son talent d'écrivain, la manière dont il décrivait par exemple la salle de classe plongée dans l'obscurité un soir d'hiver. Chaque semaine, il me livrait son texte le lundi, je dessinais le mardi et le mercredi, puis nous livrions l'ensemble le jeudi. Nous avons arrêté en 1965, au bout de six ans. Des années après, je lui ai suggéré de reprendre la série : les écoles étaient devenues mixtes, ce qui permettait de renouveler totalement Le Petit Nicolas. Il était emballé. Quelques mois plus tard, il disparaissait... »
Propos recueillis par J. D.
Vient de paraître : Sentiments distingués, par Sempé. denoël, 106p., 30€.
Il fut «producteur culturel» avant tout le monde
Même s'il continue ses séries phares, il s'éloigne imperceptiblement du 9e art. Fasciné par Blanche Neigedès sa sortie, en 1938, «Walt» Goscinny crée, avec Uderzo, les studios de dessins animés Idéfix, dont sortira, notamment, La Ballade des Dalton.Avec son ami Pierre Tchernia, il se lance dans le cinéma. Il rencontre même Louis de Funès, auquel il songe pour interpréter Iznogoud ou Astérix. «Avant tout le monde, il est devenu un ''producteur culturel'', s'investissant aussi bien dans la presse que dans la radio ou le cinéma. Comme Michel Audiard, il serait sans doute passé un jour ou l'autre à la réalisation», imagine Pascal Ory.
Il n'en aura pas le temps. En 1976, son épouse apprend qu'elle est atteinte d'un cancer. «Mon père l'accompagnait systématiquement aux séances de chimiothérapie, raconte Anne. Puis ils rentraient et ma mère s'enfermait dans la salle de bains pour vomir. Mon père était devant la porte et pleurait.» Professionnellement, Goscinny chamboule tout. Estimant ne pas percevoir suffisamment de droits étrangers, il assigne son ami et éditeur Georges Dargaud en justice. Et demande même à «Bébert» Uderzo de poser ses pinceaux à la 37e planche d'Astérix chez les Belges, en attendant que les tribunaux tranchent!
«Tout cela a évidemment pesé sur son état de santé», confie son ami le pédiatre Julien Cohen-Solal, avec lequel il marchait tous les dimanches matin au bois de Boulogne. Cet écorché vif, qui fume Pall Mall sur Pall Mall, est d'abord rattrapé par une angine de poitrine. Puis ce sera le test d'effort, fatal. Imaginait-il que ses héros de papier allaient lui survivre et entrer dans les manuels scolaires? Après tout, Malraux lui avait glissé un jour: «Moi, j'ai écrit sur le mythe, mais vous, c'est beaucoup mieux, vous avez créé un mythe.» J. D., avec T. S.
Voilà, il y a les prix et le génie...
Faîtes votre choix, il y a bien longtemps que le mien est fait!
GCS
Gilles,
j'ai été trés touché par cet article et du coup, je ne regrette pas l'envoi de deux manuscrits que j'ai fait parvenir chez vous, chez EHO.
Si quelqu'un est à même d'en "juger" un des deux ("Le village") c'est bien quelqu'un comme vous, avec un coeur et non une calculette.
(Notons, qu'un refus n'en sera que plus cuisant, mais bon... c'est le jeu.)
Au plaisir de vous lire encore et plus.
Alainement,
Cordial.
Rédigé par : Cordial | 26 novembre 2007 à 14:26
Merci de ce long apprentissage de la pudeur d'un auteur. Et des signes d'amour de lecteur;
Rédigé par : martingrall | 12 novembre 2007 à 14:41
Merci Gilles pour ce long article et cette envolée d'amour pour Goscinny!
Rédigé par : Elisabeth Robert | 11 novembre 2007 à 15:11
Bonjour,
Pour votre information, voici une adresse où je détaille la façon dont Yannick Haenel, pour son roman "Cercle", a pillé plusieurs de mes livres.
http://amainsnues.hautetfort.com/
Bien cordialement,
Alina Reyes
Rédigé par : Alina Reyes | 07 novembre 2007 à 01:13