J'ai appris il y a une heure la mort de notre ami Boris Hoffman. Ce nom ne vous dit pas grand chose, même probablement rien.
C'est pour cela que je voudrais vous en parler...
Boris avait une cinquantaine épanouie rondouillarde et joviale .
Il était agent littéraire, pas un de ceux qui ne savent pas de quoi ils parlent et font ça comme on ferait des boulons, une tradition familiale puisque son père avait fondé l’agence à Munich bien avant la guerre.
Boris ne savait pas quelle était sa langue maternelle. Aussi loin qu’il se souvienne il avait toujours entendu parlé et parlé lui-même l’allemand, le yiddisch, le russe, l’hébreu, l’espagnol ; il savait que sa langue maternelle n’était ni l’anglais , ni l’arabe ces deux là ils les a apprises plus tard comme le portuguais.
Ce multilinguisme, cette ouverture sur le monde grâce aux langues qu’il parlait avait également ouvert son esprit et son âmeà la tolérance et aux autres , même si nous avions des divergences sanglantes sur nos clubs de foot préférés !
Nous vivions, professionnellement, dans la même impasse...
Ce n’est pas un gag, c’est vrai !Ses bureaux qu’ils partageaient avec son frère Georges, ont une entrée Boulevard St-Michel et les fenêtres donnent sur l’impasse Royer-Collard. Comme nous. Il n’était donc pas possible que nous sortions de chez nous sans le voir, et donc sans discuter , et donc sans s’engueuler sur les mérites respectifs de la Bundesliga et du Calcio...
Après un coca et un café nous étions d’accord sur le fait que les éditeurs sont tous des branleurs, moi le premier et que les agents littéraires ne valent pas mieux.
Il était l’agent de John Le Carré mais il était surtout un être d’une gentillesse hors du commun . Il passait sa vie à s’occuper des autres tout en râlant parce que cela « l’emmerdait » comme il disait.
Il était curieux de tout et aussi assez curieux dans son genre. J’ai essayé de lui acheter un livre, n’importe lequel, pendant trois ans...
Cela ne s’est jamais fait. Il était incapable de discuter d’argent tout court, alors avec ses amis cela lui était quasiment impossible.
Cultivé comme très peu, gentil comme personne et redoutablement intelligent, Boris Hoffman a été un ami formidable pour tous les gens du monde de l’édition en France et à l’étranger. Nous étions à Francfort ensemble il y a dix jours et il était partie avant la fin de la foire parce qu’il avait un match de foot à voir.
Il est mort ce week-end chez lui, j’espère que ce n’est pas en regardant vendredi soir Argentine-France de rugby . cela lui ferait de bien mauvais souvenirs pour l’éternité...
Une chose est sûre chaque fois que je rentrerais dans nos bureaux, ou chez nous, et cela pendant longtemps j’aurais envie de frapper à sa fenêtre pour que nous prenions un café ;
En attendant , je pleure.
J’espère que nous serons et saurons être un à la douleur de ses fils Danny et Benji ;
Boris sera enterré mercredi après-midi, mais les hommes comme lui ne disparaissent jamais.
P.S : tu me manques déjà enfoiré !
merci, merci à tous ceux qui ont connu Boris, et qui nous laissent ces témoignages si poignants et si émouvants.
Boris, je ne l'ai connu que de loin, de trop loin aurais-je envie de rajouter alors qu'il n'est plus là pour nous soutenir, nous faire rire et apporter à chacun ce dont il avait besoin. Parce que ce que je sais de Boris, c'est que même archi occupé et débordé comme il était, il avait toujours le temps pour chacun, le temps d'aller boire un café, de nous écouter, de nous raconter mille et une anecdotes incroyables, et de nous refiler en prime un bouquin absolument génial qu'il fallait absolument avoir lu !
Je ressens déjà le vide qui nous envahira tous en passant devant le 77 boulevard Saint Michel ou en voyant dans la devanture d'une librairie un livre dont il nous avait si souvent parlé, mais Boris reste en nous grace à la petite flamme qu'il savait allumer dans le coeur de chacun, et qu'il nous revient désormais d'entretenir nous mêmes. Nous avons aimé Boris, nous ne l'oublierons pas...
Rédigé par : anonyme | 25 octobre 2007 à 10:37
[url=http://www.aizhengw.com ]癌症[/url] [url=http://www.aizhengw.com/aizheng/zhongliu/291723.htm ]肺癌[/url] [url=http://www.aizhengw.com/aizheng/zhongliu/291714.htm ]肝癌[/url] [url=http://www.aizhengw.com/aizheng/zhongliu/291522.htm ]胃癌[/url] [url=http://www.aizhengw.com/aizheng/zhongliu/281617.htm ]食道癌[/url] [url=http://www.aizhengw.com/aizheng/zhongliu/291835.htm ]宫颈癌[/url] [url=http://www.aizhengw.com/aizheng/zhongliu/291553.htm ]直肠癌[/url] [url=http://www.aizhengw.com/aizheng/zhongliu/291707.htm ]结肠癌[/url] [url=http://www.aizhengw.com/aizheng/zhongliu/011718.htm ]胰腺癌[/url] [url=http://www.aizhengw.com/aizheng/zhongliu/291824.htm ]乳腺癌[/url] [url=http://www.aizhengw.com/aizheng/zhongliu/291837.htm ]脑瘤[/url]
Rédigé par : aizheng | 25 octobre 2007 à 10:36
la note de Gilles .... est très touchante, je n'ai vu qu'un seule fois Boris Hoffman, mais cela m'avait suffit pour deviné une gentillesse peu commune dans le monde d'aujourd'hui.
Rédigé par : anonyme | 24 octobre 2007 à 14:48
Toutes mes pensées à sa famille et ses proches. J'ai relayé ton billet sur mon blog afin que d'autres puissent le connaître, serait-ce que'au travers de tes mots.
Rédigé par : Elisabeth Robert | 23 octobre 2007 à 20:50
Indiscutablement on « fait » on « chine » les blogs pour ces perles, ces blessures qui nous font simplement humain. Comme cette perle qui se forme couche après couche pour l’isoler de la blessure. A n’en pas douter, Boris sera une de ces gouttes, une perle folle. Multicolore sous sa transparence.
Rédigé par : martingrall | 22 octobre 2007 à 22:13
Je crois que Boris sera enterré mercredi en fin de matinée. Sinon, merci, Gilles, de tes mots justes et sensibles. Un élément pour tenter de ne pas être seulement triste : les pires calembours, les histoires calamiteuses, les pires jeux de mots, nous les partagions et nous nous en vantions. Il était le champion, j'étais sûrement son challenger. Mais il avait ce talent de faire sentir à chaque ami qu'il était unique. Triste lundi. Je m'étais accoudé vendredi dernier, dans cette impasse dont tu parles. Nous avions refait un peu le monde, doucement. Nous avons parlé de ceux que nous aimons, de Cyrille Fleischmann, de Nina S., d'Héloïse et de toi, de Clémence B., d'Anna J. et d'autres, aussi. La nuit est tombée, j'ai eu un peu froid sur le vélo. Nous nous sommes embrassés en nous souhaitant "A bi gesint", une bonne santé. On parlera de Boris. Ensemble. Merci encore, Gilles.
Rédigé par : Jean-Claude Berline | 22 octobre 2007 à 20:37
Je ne te connais pas Gilles. Et je ne connaissais pas Boris. J'ai cliqué sur ton nom dans un commentaire que tu as laissé à Mandor. J'ai "atterri" sur ce site que je ne connaissais pas non plus. Et surtout sur cette "putain" de note. Cette note à la fois triste et magnifique. Triste comme la perte d'un être cher, magnifique comme peut être l'amitié. Tu as parlé de ton ami avec ces mots du coeur qui justifient notre condition humaine. La valeur d'un homme se mesure à l'aulne de ses amis. Boris était incroyablement riche. Non seulement intellectuellement, spirituellement, mais également et surtout de cette empathie qui se devine dans ton billet. Un grand bonhomme, assurément. Sois heureux et fier de l'avoir connu et côtoyé pendant ces années. Boris n'est pas mort puisque ses amis le portent dans leurs coeurs. J'aurai une pensée pour lui mercredi après-midi...
Merci d'avoir écrit ces mots, Gilles !
Rédigé par : Olivier Goujon | 22 octobre 2007 à 19:36