Quand le Jazz est , quand le Jazz est là
La Java s'en, la Java s'en va
Il y a de l'orage dans l'air
Il y a de l'eau dans le gaz
Entre le Jazz et la Java
(...)
Jazz et Java copains ça doit pouvoir se faire
Pour qu'il soit ainsi tiens je partage en frére
Je donne au Jazz mes pieds pour marquer son tempo
Et je donne à la java mes mains pour le bas de son dos
(de mémoire de Gilles Cohen-Solal...)
en réalité de:
Claude Nougaro.
Pourquoi Claude Nougaro?
Pourquoi ici,
Pourquoi maintenant?
Parce que dans la littérature actuelle il y a la musique, jazz ou java peu importe.
Et puis il y a le reste...
Claude Nougaro poète parmi les poètes ne s'est jamais dévoyé,
il a toujours suivi son chemin, tracé son sillon
en essayant que la poésie et la musique soient les fils directeurs,
les uniques vecteurs,
de son âme tourbillonante,
de ses musiques chantantes.
À l'heure où l'on peut se poser la question de savoir ce qu'est la littérature
il me semble important de relire quelques textes de poètes qui ne faisaient rien d'autre que d'essayer de raconter le monde, leur monde en trouvant la rime riche et le verbe juste.
J'en ai ici sélectionné trois, ils auraient pu être cinq...ou huit!
Voici quelques vers pour nous rappeler que la langue française a engendré des merveilles à travers le génie de quelques illuminés!
Quand le jazz est
Quand le jazz est là
La java s'en
La java s'en va
Il y a de l'orage dans l'air
Il y a de l'eau dans le gaz
Entre le jazz et la java
Chaque jour un peu plus
Y a le jazz qui s'installe
Alors la rage au cœur
La java fait la malle
Ses p'tit's fesses en bataille
Sous sa jupe fendue
Elle écrase sa Gauloise
Et s'en va dans la rue
Quand le jazz est
Quand le jazz est là
La java s'en
La java s'en va
Il y a de l'orage dans l'air
Il y a de l'eau dans le gaz
Entre le jazz et la java
Quand j'écoute béat
Un solo de batterie
V'là la java qui râle
Au nom de la patrie
Mais quand je crie bravo
A l'accordéoniste
C'est le jazz qui m'engueule
Me traitant de raciste
Quand le jazz est
Quand le jazz est là
La java s'en
La java s'en va
Il y a de l'orage dans l'air
Il y a de l'eau dans le gaz
Entre le jazz et la java
Pour moi jazz et java
C'est du pareil au même
J'me saoule à la Bastille
Et m'noircis à Harlem
Pour moi jazz et java
Dans le fond c'est tout comme
Le jazz dit " Go men "
La java dit " Go hommes "
Quand le jazz est
Quand le jazz est là
La java s'en
La java s'en va
Il y a de l'orage dans l'air
Il y a de l'eau dans le gaz
Entre le jazz et la java
Jazz et java copains
Ça doit pouvoir se faire
Pour qu'il en soit ainsi
Tiens, je partage en frère
Je donne au jazz mes pieds
Pour marquer son tempo
Et je donne à la java mes mains
Pour le bas de son dos
Et je donne à la java mes mains
Pour le bas de son dos
SUIVANTE:
BARBARA
Ma plus belle histoire d'amour
Du plus loin que me revienne
L'ombre de mes amous anciennes
Du plus loin du premier rendez-vous
Du temps des premières peines
Lors j'avais quinze ans à peine
Coeur tout blanc et griffes aux genoux
Que ce fût, j'étais précoce
De tendres amours de gosses
Ou les morsures d'un amour fou
Du plus loin Qu'il me souvienne
Si depuis j'ai dit je t'aime
Ma plus bell histoire d'amour, c'est vous.
C'est vrai je ne fus pas sage
Et j'ai tourné bien des pages
Sans les lire, blanches et puis rien dessus
C'est vrai je ne fus pas sage
Et mes guerriers de passage
A peine vus, déjà disparus
Mais à travers leurs visages
C'était déjà votre image
C'était vous déjà et le coeur nu
Je refaisais mon bagage et poursuivais mon mirage
Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.
Sur la longue route, qui menait vers vous
Sur la longue route, j'allais le coeur fou
Le vent de décembre me gelait au cou
Qu'importait décembre si c'était pour vous.
Elle fut longue la route
Mais je l'ai faite la route
Celle-là qui menait jusqu'à vous
Et je ne suis pas parjure
Si ce soir je vous jure
Que pour vous, je l'eus faite à genoux
Il en eût fallu bien d'autres
Que quelques mauvaises apôtres
Que l'hiver ou la neige à mon cou
Pour que je perde patience
Et j'ai calmé ma violence
ma plus belle histoire d'amour, c'est vous
Mais tant d'hivers et d'automnes
De nuits, de jours et personne
Vous n'étiez jamais au rendez-vous
Et de vous perdant courage
Soudain me prenait la rage
Mon Dieu que j'avais besoin de vous
Que le Diable vous emporte
D'autres m'ont ouvert leur porte
Heureuse, je m'en allais loin de vous
Oui, je vous fus infidèle
Mais vous revenais quand-même
Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous
J'ai pleuré mes larmes
Mais qu'il me fût doux
Ce premier sourire de vous
Et pour une larme qui venait de vous
J'ai pleuré d'amour, vous souvenez-vous?
Ce fut un soir en Septembre
Vous étiez venu m'attendre
Ici même, vous en souvenez-vous?
A vous regarder sourire
A nous aimer sans rien dire
C'est là que j'ai compris tout à coup
J'avais fini mon voyage
Et j'ai posé mes bagages
Vous étiez venu au rendez-vous
Qu'importe ce qu'on peut en dire
Je tenais à vous le dire
Ce soir je vous remercie de vous
Qu'importe ce qu'on peut en dire
Tant que je pourrai vous dire
Ma plus belle histoire d'amour,
C'est vous.
SUIVANTE:
Jacques Brel
Les vieux amants
Bien sûr, nous eûmes des orages
Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol
Mille fois tu pris ton bagage
Mille fois je pris mon envol
Et chaque meuble se souvient
Dans cette chambre sans berceau
Des éclats des vieilles tempêtes
Plus rien ne ressemblait à rien
Tu avais perdu le goût de l'eau
Et moi celui de la conquête
{Refrain:}
Mais mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais je t'aime
Moi, je sais tous tes sortilèges
Tu sais tous mes envoûtements
Tu m'as gardé de pièges en pièges
Je t'ai perdue de temps en temps
Bien sûr tu pris quelques amants
Il fallait bien passer le temps
Il faut bien que le corps exulte
Finalement finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes
{Refrain}
Oh, mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime
Et plus le temps nous fait cortège
Et plus le temps nous fait tourment
Mais n'est-ce pas le pire piège
Que vivre en paix pour des amants
Bien sûr tu pleures un peu moins tôt
Je me déchire un peu plus tard
Nous protégeons moins nos mystères
On laisse moins faire le hasard
On se méfie du fil de l'eau
Mais c'est toujours la tendre guerre
{Refrain}
Oh, mon amour...
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais je t'aime.
Encore une?
Bon, d'accord!
Georges Brassens
"Supplique pour être enterré à la plage de Sète"
La Camarde qui ne m'a jamais pardonné,
D'avoir semé des fleurs dans les trous de son nez,
Me poursuit d'un zèle imbécile.
Alors cerné de près par les enterrements,
J'ai cru bon de remettre à jour mon testament,
De me payer un codicille.
Trempe dans l'encre bleue du Golfe du Lion,
Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion,
Et de ta plus belle écriture,
Note ce qu'il faudra qu'il advint de mon corps,
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d'accord,
Que sur un seul point : la rupture.
Quand mon âme aura pris son vol à l'horizon,
Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson,
Celles des titis, des grisettes.
Que vers le sol natal mon corps soit ramené,
Dans un sleeping du Paris-Méditerranée,
Terminus en gare de Sète.
Mon caveau de famille, hélas ! n'est pas tout neuf,
Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf,
Et d'ici que quelqu'un n'en sorte,
Il risque de se faire tard et je ne peux,
Dire à ces braves gens : poussez-vous donc un peu,
Place aux jeunes en quelque sorte.
Juste au bord de la mer à deux pas des flots bleus,
Creusez si c'est possible un petit trou moelleux,
Une bonne petite niche.
Auprès de mes amis d'enfance, les dauphins,
Le long de cette grève où le sable est si fin,
Sur la plage de la corniche.
C'est une plage où même à ses moments furieux,
Neptune ne se prend jamais trop au sérieux,
Où quand un bateau fait naufrage,
Le capitaine crie : "Je suis le maître à bord !
Sauve qui peut, le vin et le pastis d'abord,
Chacun sa bonbonne et courage".
Et c'est là que jadis à quinze ans révolus,
A l'âge où s'amuser tout seul ne suffit plus,
Je connu la prime amourette.
Auprès d'une sirène, une femme-poisson,
Je reçu de l'amour la première leçon,
Avalai la première arête.
Déférence gardée envers Paul Valéry,
Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris,
Le bon maître me le pardonne.
Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens,
Mon cimetière soit plus marin que le sien,
Et n'en déplaise aux autochtones.
Cette tombe en sandwich entre le ciel et l'eau,
Ne donnera pas une ombre triste au tableau,
Mais un charme indéfinissable.
Les baigneuses s'en serviront de paravent,
Pour changer de tenue et les petits enfants,
Diront : chouette, un château de sable !
Est-ce trop demander : sur mon petit lopin,
Planter, je vous en prie une espèce de pin,
Pin parasol de préférence.
Qui saura prémunir contre l'insolation,
Les bons amis venus faire sur ma concession,
D'affectueuses révérences.
Tantôt venant d'Espagne et tantôt d'Italie,
Tous chargés de parfums, de musiques jolies,
Le Mistral et la Tramontane,
Sur mon dernier sommeil verseront les échos,
De villanelle, un jour, un jour de fandango,
De tarentelle, de sardane.
Et quand prenant ma butte en guise d'oreiller,
Une ondine viendra gentiment sommeiller,
Avec rien que moins de costume,
J'en demande pardon par avance à Jésus,
Si l'ombre de sa croix s'y couche un peu dessus,
Pour un petit bonheur posthume.
Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon,
Pauvres grands disparus gisant au Panthéon,
Pauvres cendres de conséquence,
Vous envierez un peu l'éternel estivant,
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant,
Qui passe sa mort en vacances.
Vous envierez un peu l'éternel estivant,
Qui fait du pédalo sur la plage en rêvant,
Qui passe sa mort en vacances,
excellent ! ça marche pour les femmes aussi? ;-)
Rédigé par : freesia | 30 avril 2007 à 17:56
"la littérature, c'est quelqu'un qui raconte avec ses tripes ce qu'il a dans les boyaux de la tête en ayant les couilles d'aller au bout!"
GCS
Rédigé par : Gilloo le Foo | 06 avril 2007 à 15:28
Vous dites "À l'heure où l'on peut se poser la question de savoir ce qu'est la littérature"... Bonne question! Qu'est-ce la littérature?
Rédigé par : ecaterina | 06 avril 2007 à 15:11
Un vrai socialiste d'antant, Gilles!
Ils étaient usés à quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s'appelaient décembre
Quelle vie ont eu nos grand-parents
Entre l'absinthe et les grand-messes
Ils étaient vieux avant que d'être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendres
Oui notre Monsieur, oui notre bon Maître
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
On ne peut pas dire qu'ils furent esclaves
De là à dire qu'ils ont vécu
Lorsque l'on part aussi vaincu
C'est dur de sortir de l'enclave
Et pourtant l'espoir fleurissait
Dans les rêves qui montaient aux cieux
Des quelques ceux qui refusaient
De ramper jusqu'à la vieillesse
Oui notre bon Maître, oui notre Monsieur
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Si par malheur ils survivaient
C'était pour partir à la guerre
C'était pour finir à la guerre
Aux ordres de quelque sabreur
Qui exigeait du bout des lèvres
Qu'ils aillent ouvrir au champ d'horreur
Leurs vingt ans qui n'avaient pu naître
Et ils mouraient à pleine peur
Tout miséreux oui notre bon Maître
Couverts de prèles oui notre Monsieur
Demandez-vous belle jeunesse
Le temps de l'ombre d'un souvenir
Le temps de souffle d'un soupir
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Rédigé par : reno | 05 avril 2007 à 23:59
Locomo, Locomo, locomotive d'or!
Aussi riche en pistons,
Aussi chargée d'essieux
Que de siècles un sépulcre,
Locomotive d'or!
Rédigé par : reno | 05 avril 2007 à 22:57
Si il y a du Brassens, je te propose aussi celle-ci...
"Mélanie" (1976)
Les chansons de salle de garde
Ont toujours été de mon goût,
Et je suis bien malheureux, car de
Nos jours on n'en crée plus beaucoup.
Pour ajouter au patrimoine
Folklorique des carabins, {2x}
J'en ai fait une, putain de moine,
Plaise à Dieu qu'elle plaise aux copains. {2x}
Ancienne enfant d'Marie-salope
Mélanie, la bonne au curé,
Dedans ses trompes de Fallope,
S'introduit des cierges sacrés.
Des cierges de cire d'abeille
Plus onéreux, mais bien meilleurs, {2x}
Dame! la qualité se paye
A Saint-Sulpice, comme ailleurs. {2x}
Quand son bon maître lui dit : "Est-ce
Trop vous demander Mélanie,
De n'user, par délicatesse,
Que de cierges non encore bénits ?"
Du tac au tac, elle réplique
Moi, je préfère qu'ils le soient, {2x}
Car je suis bonne catholique
Elle a raison, ça va de soi. {2x}
Elle vous emprunte un cierge à Pâques
Vous le rend à la Trinité.
Non, non, non, ne me dites pas que
C'est normal de tant le garder.
Aux obsèques d'un con célèbre,
Sur la bière, ayant aperçu, {2x}
Un merveilleux cierge funèbre,
Elle partit à cheval dessus. {2x}
Son mari, pris dans la tempête
La Paimpolaise était en train
De vouer, c'était pas si bête,
Un cierge au patron des marins.
Ce pieux flambeau qui vacille
Mélanie se l'est octroyé, {2x}
Alors le saint, cet imbécile,
Laissa le marin se noyer. {2x}
Les bons fidèles qui désirent
Garder pour eux, sur le chemin
Des processions, leur bout de cire
Doiv'nt le tenir à quatre mains,
Car quand elle s'en mêl', sainte vierge,
Elle cause un désastre, un malheur. {2x}
La Saint-Barthélemy des cierges,
C'est le jour de la Chandeleur. {2x}
Souvent quand elle les abandonne,
Les cierges sont périmés;
La saint' famill' nous le pardonne
Plus moyen de les rallumer.
Comme ell' remue, comme elle se cabre,
Comme elle fait des soubresauts, {2x}
En retournant au candélabre,
Ils sont souvent en p'tits morceaux. {2x}
Et comme elle n'est pas de glace,
Parfois quand elle les restitue
Et qu'on veut les remettre en place,
Ils sont complètement fondus.
Et comme en outre elle n'est pas franche,
Il arrive neuf fois sur dix {2x}
Qu'sur un chandelier à sept branches
Elle n'en rapporte que six. {2x}
Mélanie à l'heure dernière
A peu de chances d'être élue;
Aux culs bénits de cett' manière
Aucune espèce de salut.
Aussi, chrétiens, mes très chers frères,
C'est notre devoir, il est temps, {2x}
De nous employer à soustraire
Cette âme aux griffes de Satan. {2x}
Et je propose qu'on achète
Un cierge abondamment béni
Qu'on fera brûler en cachette
En cachette de Mélanie.
En cachette car cette salope
Serait fichue d'se l'enfoncer {2x}
Dedans ses trompes de Fallope,
Et tout s'rait à recommencer. {2x}
Rédigé par : M. Camille Tlaciar | 05 avril 2007 à 17:59