Trouvé ce texte sur le très bon blog de Karine Papillaud et j'ai voulu le diffuser aussi.
Il me semble être important,
en tout cas à quelques semaines de mes 49 ans il me touche et m'interpelle!
J'espère qu'il vous plaira aussi
Bonne lecture et bon week-end de Pâques
Révolte des Quinquadras
Pas de littérature aujourd'hui mais un coup de gueule, celui d'un ami blogueur, Hervé Resse.
In extenso, son dernier post
Lettre ouverte à Ségolène, à François, à Nicolas (1)
Et n'oubliez pas de reprendre un livre dès que vous quittez ce blog!
Marc Dugain , par exemple, le dernier est excellent en particulier la première partie qui met en scène Staline...
On s' y croirait peut-être le bouquin le plus intelligent à lire en cemoment , pendant les vacances.
Parce que quand même, Marc ce n'est pas Claude Simon!
Révolte des Quinquadras
Pas de littérature aujourd'hui mais un coup de gueule, celui d'un ami blogueur, Hervé Resse.
In extenso, son dernier post
Lettre ouverte à Ségolène, à François, à Nicolas (1)
Vous aurez, François Bayrou, 56 ans en mai. Entre temps, vous aurez eu, peut-être, rendez-vous avec l'histoire. Ce printemps vous aurait offert cet incroyable cadeau d'anniversaire: la confiance de vos concitoyens, pour assumer cinq ans leur destinée. Belle trajectoire pour un homme qui, en ses jeunes années, labourait un champ dans le Béarn. Bravo.
Ou bien, ce serait vous, Ségolène Royal. Qui êtes de 2 ans sa cadette. Il n'est guère distingué de rappeler leur âge aux dames. Mais la transparence politique a des exigences... 54 ans à l'automne, vous êtes née un "22 septembre", titre d'une jolie chanson de Brassens. On sait l'enfance difficile qui fut la vôtre. Avoir su dépasser les douleurs des jeunes années, et s'en nourrir peut-être pour bâtir ses ambitions présentes, cette réussite mérite un bravo.
Sinon, ce serait à vous, Nicolas Sarkozy, qu'auraient été remises les clés de la France. Des trois, vous êtes le benjamin. 52 ans aux derniers jours de janvier. Ce serait un beau résultat, pour celui qui nous confie-t-on sur le net, "fut assez mauvais élève, et redoubla sa sixième au lycée public Chaptal". Heureuse destinée qui prouve qu'on peut avec la volonté surmonter un échec. Pour cela, bravo.
Quiconque, de vous trois, sortira vainqueur, symbolisera donc un net rajeunissement de la direction politique du pays, sinon le renouvellement des visages, les vôtres illustrant notre quotidien depuis quelques années déjà. N'importe! Vous arrivez à ces âges où l'on est, - en politique -, "en pleine force de l'âge". Où l'âge n'est pas un frein. Ou l'âge au contraire, vous porte, et jusqu'aux plus hautes responsabilités.
Rien que pour cela, vous avez eu raison, je vous le confirme, d'oser cette voie difficile qu’est la politique.
Car pour ne rien vous cacher, j'ai trois années de moins que le plus jeune d'entre vous. 49 ans. Maîtrise de psychologie, DESS de communication obtenu avec mention dans une des écoles les plus cotées du métier, le Celsa. Mon mémoire de DESS reçut la meilleure note jamais donnée à ce type de travail (du moins jusqu'au millésime 1998... après, je n'ai pas vérifié). Jugé "excellent" par un jury de Docteurs, il circulait encore plusieurs années après, comme une référence proposée aux étudiants (hec, écoles de com) venus observer la culture de cette entreprise de médias où je travaillais alors.
Pourtant, je suis de ces individus qui, à pas même cinquante ans, voient les portes de l'emploi bientôt se refermer, comme celles du pénitencier de la chanson. Toutes les annonces auxquelles je réagis se concluent par les mêmes réponses, standardisées, polies, politiquement très correctes... "malgré tout l'intérêt que présente votre candidature..."
Je m'en étonne auprès de recruteurs. J’obtiens deux types de réponses.
La première émane de ceux qui m'auront répondu: « votre âge? Non !! A 49 ans, fort heureusement, on n'est pas encore "trop vieux" pour ce type de poste!... Simplement, nous avons trouvé un profil correspondant davantage que le vôtre... Voilà tout... » Foin des viles suspicions, mon vieux! "Discrimination"? Vous voulez rire?
La seconde réponse vient de recruteurs "neutres", qui n'évoquent pas ma candidature, mais l'état du marché: « bien sur, que votre âge est un handicap! Sauf exception, personne ne recrute plus sur annonce AU DELA DE 40 ANS!... Alors, 49, vous pensez!! »
Voilà le pays que vous aller diriger, madame, monsieur. Celui où du fait de votre tranche d'âge, on ne veut plus de vous, contrairement à la vôtre... qui pourtant est la même.
Tout le monde évoque la difficile intégration des jeunes de banlieues, les discriminations au patronyme, au faciès, à l'adresse de résidence. Je n'en disconviens pas. Cependant, toutes les études sérieuses entreprises sur ces sujets indiquent que la première discrimination est celle qui touche les seniors. Et semble-t-il, de plus en plus tôt. Pourquoi dès lors, ne s'en préoccupe-t-on pas?
La réponse est simple. Les quinquas pêtent pas les vitrines. Les quinquas crament pas les bagnoles. Les quinquas hurlent pas leur rage et leur haine. Les quinquas se lancent pas dans le slam assassin, ou le rap qui arrache, ou le métal qui tache. Pas que l'envie leur manque, d'ailleurs. Mais les quinquas ont parfois de l'arthrose ou des kilos en trop, et donc pas l'assurance de pétave leur mère aux compagnies de keufs, aux bleus, aux CRS. Alors ils font le gros dos. Serrent les dents. Deviennent peu à peu réacs, aigris, avec au cœur cet autre genre de haine qui monte, et ne se défoule qu'au fond des isoloirs. Ca n'est guère reluisant. Je ne suis pas sûr que la plupart en soient au fond très fiers.
Permettez moi de vous donner un conseil. (D'habitude, j'en vends. Du moins, j'en vendais). Lorsque vous en serez au conseil des ministres du mercredi, quand l'ordre du jour appellera la communication des politiques d'emploi par le ministre du travail, mettez donc les bons résultats au crédit de votre politique. A aucun moment n'allez songer à la présente lettre que de toutes façons vous n'aurez pas lue. Evitez de penser à tous les quinquas, ou quadras, même, cadres ou non, tous plus jeunes que vous, qui sont pourtant déjà trop vieux pour travailler, qu’on a sorti des chiffres par quelque ruse habile. Ca vous gâcherait le plaisir; et notre pays n'est pas en si grande forme qu'on pût s'autoriser à mettre son ou sa présidente de méchante humeur pour des fariboles statistiques...
En revanche, songez-y un instant, tout de même, quand vous en viendrez au volumineux dossier "retraites". Et qu'il vous faudra convaincre les français de travailler cinq à six ans de plus, alors qu'un bon paquet aura déjà été sorti du manège depuis dix ans au moins.
Bonne chance à vous, madame, monsieur, pour ce nouveau job, du moins au meilleur de vous trois, qui aura su décrocher la queue du mickey républicain.
Merci de me retourner vos bons voeux. A défaut de considération, je crois, ou plutôt, je crains, d'en avoir pour l’avenir le plus sérieux besoin.
Votre dévoué Hervé Resse ("pire... mais de moins en moins...")
PS: Si ami lecteur ou trice, tu te reconnais dans ce texte, et que tu as un blog, ou un site, ou une page, je t'invite à faire mention de ce texte, ou le reprendre, ou le signer. Et si on lançait la Grande Révolte des Quinquadras?
C'est un beau texte. Pas trop énervé, avec juste qu'il faut d'amertume dans l'encre. Mais c'est tellement vrai. Cette année, je vais avoir 44 ans. Je me rends compte que ce n'est pas uniquement l'âge qui est un frein. Enfin pas les années en terme de comptabilité. C'est aussi l'expérience. Professionnelle et celle de la vie. Un quadra ne s'en laisse pas compter pour peu qu'il ait vécu un peu. Alors un cinqua, pensez donc ! Et cela, dans le milieu actif c'est proprement insupportable. Passé un certain âge, qui devient donc un âge certain, on sait dire Non, et surtout on est capable de dire pourquoi. Mieux vaut sans doute des stagiaires juvéniles formatés comme des poupées qui disent oui, toujours oui, pour des salaires de misère...
Après,qu'importe. Qu'un quinquadra ne dise pas non par esprit de rébellion adulescente mais pour faire avancer les choses, il ose dire non. Il discute le bougre !
C'est insupportable !
C'est aussi la civilisation du "oui oui chef" aussi qui est en cause.
Qu'elle soit bénie deux fois.
Elle permet aussi au quinquadras de garder une certaine forme de jeunesse.
Celle de garder l'envie de ne pas la fermer.
A défaut d'emploi, c'est une forme de jouvence.
Cela ne gave pas le réfrigérateur mais apaise l'esprit.
Comme disait La Fontaine, mieux vaut parfois le ventre creux et une certaine forme d'indépendance que la gamelle remplie chaque jour avec maintes caresses pour oublier la marque du collier.
les quinquadras restent aussi les gardiens du prix à payer des concessions impossibles.
Ils connaissent la différence entre servitude acceptée et servilité.
Alors ils payent(cher) à défaut d'être payés (modestement).
C'est aussi une forme de fierté. D'orgueil peut-être ?
De liberté sûrement.
Rédigé par : mclane | 19 avril 2007 à 11:26
Je reprendrais ptet aussi, tiens... Sauf que la société a "bon dos". Remettre la société en question ne sert de rien quand on ne remet pas en question tout ce qui va avec, dont l'éducation et les "valeurs" qu'on a reçues de ses parents.
moi je ne suis pas mécontente que les jeunes aujourd'hui se révoltent. Même si ça part dans tous les sens et le n'importe quoi, c'est plutôt un bon signe d'instinct de survie, dont on aurait pu croire qu'il avait disparu. Peut-être que si les vieux en faisaient autant, ça permettrait à certains de voir la réalité en face et d'être un peu plus en phase avec elle.
Mais la peur. mais l'attente qu'on fasse pour nous sans qu'on ait à se battre pour, l'espoir qu'un jour peut-être quelqu'un nous "défendra" enfin comme les "méchants". Loupé.
Comme dit Béjart, "l'Occident a oublié que la liberté ne se donne pas mais se conquiert".
Rédigé par : Freefounette | 14 avril 2007 à 13:46
Je vous conseille la lecture du livre "La révolte des vieux" (Michel Varagne) paru récemment aux éditions A à Z et dont l'action se passe en 2019. Dans ce roman d'anticipation, les plus de 60 ans se révoltent, au moyen d'internet, et bousculent la société. Ils étaient jeunes, en 68, ils ont 51 ans de plus. C'est marrant et inquiétant à la fois.
Rédigé par : lebel-gan | 09 avril 2007 à 10:15
Très bon article, mais 20 ans en 68 c'est aussi 10 ans à jouer avec les même pavés du boul'vard du boul'mich. la seule et unique question qui prend toute son importance dans le véhicule de nos utoppies. Y a t-il vraiment la plage au dessous des pavés.parce que pour le reste, sur ton mur j'écris ton nom tout ça on s'est un peu, pas planté, non simplement pas vraiment s'y intéresser.
Rédigé par : martingrall | 08 avril 2007 à 15:55
Merci d'avoir vous aussi repris ce post, une quarantaine de blogueurs l'on fait, à ma connaissance. Cela prouve à tout le moins que le sujet touche...
Rédigé par : Môssieur Resse | 07 avril 2007 à 13:53