Le 24 mai 2007, les Éditions Héloïse d'Ormesson publieront un recueil de chroniques signées Jean d'Ormesson, intitulé Odeur du temps. Explications
Pourquoi lui ? pourquoi moi ? pourquoi maintenant ?
D'abord parce que je suis éditrice. Élémentaire, me direz-vous, mais à part ça...
Remontons dans le temps. Pourquoi suis-je éditrice ? Parce que toute petite mon aire de jeu préférée était la bibliothèque paternelle, citadelle de livres du sol au plafond. Lieu interdit, donc irrésistible. J'étais la seule à oser m'y glisser... J'y passais des heures à lire anarchiquement Jack London (que je dévorais) ou Marx, qui passait largement au-dessus de ma jeune tête ! Origine de mon amour de la littérature et du fait que ce soit indissociable de mon père, de l'amour que je lui porte.
Devenue éditrice (mon souhait depuis l'âge de 8 ans) ai-je eu envie de le publier ? Ça n'allait pas de soi, ça me semblait même insurmontable.
Le corriger ? Le conseiller ? Impensable. Surtout, pourquoi risquer conflit et heurt, alors que nous vivons une complicité totale.
Pourtant, n'était-ce pas pour ça que j'avais décidé de faire ce métier ? Soutenir, encourager l'Auteur. À travers les autres, le retrouver. Psychanalytique vocation.
J'ai attendu de lui montrer, de me prouver, que je pouvais le faire « toute seule », « comme une grande » avant d'en parler avec lui... Je crois qu'il le voulait aussi intensément, mais qu'il le redoutait autant que moi!
Le livre que nous publions aujourd'hui n'est pas anodin. Aucun livre de lui ne l'est, mais celui-là a une saveur différente, une odeur différente.
Lorsque j'étais adolescente, je reprochais à mon père de trop écrire sur la politique : la droite, la gauche. Ce système binaire, usé, le sclérosait. Le journaliste l'emportait sur l'écrivain. Je lui disais : « Tu as bien vu un film, lu un livre, visité une exposition, fait un voyage, parle de tout cela, évite la politique ».
Il n'a pas suivi mon injonction à la lettre, mais certains articles sont venus sous sa plume d'un autre lui, du chroniqueur que j'aime, du voyageur sous son ombrelle trouée, avec sa culture, sa curiosité et sa malice. C'est un recueil de ces textes-là que je publie aujourd'hui, à dessein, en cette période d’élection.
Peut-être parce que s’il les a écrits, c'est un peu à cause de moi...
Héloïse d'Ormesson
Odeur du temps, titre choisi par Jean d'Ormesson, est tiré d'un poème d'Apollinaire :
L'Adieu
J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends
Odeur du temps, publié le 24 mai 2007 chez Eho, est un recueil de chroniques que Jean d'Ormesson publia dans Le Figaro de 1969 à aujourd'hui. Billets d'humeur, réflexions sur un monde en mutation, lectures éclairées, ces textes pleins d'esprit furent autant d'occasions de rendre hommage aux grands noms de la vie intellectuelle de la fin du XXe siècle et du début du XXIe. Avec une jubilation communicative, Jean d'Ormesson y proclame son amour de la littérature, de l'art et de la vie. Il y parle de ses voyages, réels ou imaginaires, aux côtés de figures aussi diverses que le peintre Raphaël, l'empereur Frédéric II, le poèye Charles Péguy ou le tennisman John McEnroe.
Chère Héloïse, je suis la rédactrice en chef de DIPLOMATIC WORLD, un magazine inyternational situé à Bruxelles. J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour Jean d'Ormeson, votre père et je voudrais publier un article sur lui à l'occasion de la parution de son nouveau livre. SVP entrer en contact avec moi : bernadette Reyntjens, mon e-mail : [email protected] mon N0 de tel : 0032 475 848 849
MERCI .J'ATTENDS !!!
Rédigé par : Bernadette REYNTJE3NS | 20 octobre 2009 à 16:18
Quelle joie vous me faites! Sortir des limbes de la blogosphère ce passage que j'adore (forcément, vous allez dire, je vous entends d'ici; mais l'image que la France a de la Roumanie est si lugubre, que le texte de Jean d'Ormesson nous met du baume au cœur! )!
J'ose aujourd'hui vous demander un - tout petit- service: je fais samedi prochain sur une petite radio locale (non, je ne suis plus journaliste, c'est juste du bénévolat) une émission coup de pub pour un salon littéraire vendéen Le Printemps du Livre de Montaigu (je crois d'ailleurs que d'Ormesson y est venu une année). Bon, revenons: je voudrais parler du livre, des soucis du monde de l'édition aussi, les tirages de plus en plus petits, l'invasion des people's et autres biographies morbides au détriment de la littérature... De quoi d'autre je devrais parler? Quels sont les soucis de votre maison d'édition qui fait le pari risqué des jeunes auteurs? Et des vrais livres? Pourriez-vous me donner quelques idées ? Je vous citerai. Allez, s’il vous plaît, faites cela pour une pauvre mère de famille complètement débordée par des enfants turbulents et ses trop nombreux engagements…
PS Tiens, pour rigoler un peu, vous pouvez aller sur le site de l’association pour desperate housewives que je viens de créer aux Sables dOlonne : http://activaussi.typepad.com
Rédigé par : ecaterina | 06 avril 2007 à 15:07
ecatarina,
j'ai trouvé cela chez vous...
je crois qu'il sera bien ici aussi...
« Nous devons beaucoup aux Roumains. Ils ne nous ont pas seulement fourni avec generosité en actrices ou en sculpteurs : un Brancusi, une Elvire Popesco, à l’accent inoubliable dans les chefs d’œuvre de Robert de Flers et d’Arman de Caillavet (…). Ils nous ont donné aussi quelques-uns des meilleurs artisans de notre langue qu’ils connaissaient mieux que nous et qu’ils aimaient autant que nous : Mme de Noailles, née Brancovan; tous les Bibesco, si chers à Marcel Proust; dans un genre assez différent, Tristan Tzara, le fondateur de Dada: Panaït Istrati, un romancier de l'aventure, auteur de Kyra Kiralina; et surtout les trois amis qu'on voit ensemble sur des photographies et qui illustrent avec éclat la littérature française d'après la Deuxième Guerre mondiale: Mircea Eliade, romancier, mythologue, historien des religions; Eugène Ionesco, être lunaire et exquis qui bouleverse, avec Beckett, le théâtre contemporain et dont La Cantatrice chauve ou Les Chaises n'ont jamais cessé d'être à l'affiche quelque part pendant un quart de siècle; et puis Cioran, qui s'appelait Cioranescu et dont le prénom, Emile, s'est perdu en cours de route, comme celui d'Ionesco (...)". (extrait de "Une autre histoire de la litterature française", Jean d'Ormesson, Nil éditions, 1998)
Rédigé par : Gilloo le Foo | 31 mars 2007 à 16:58
Comme je vous envie, Madame, d'avoir grandi dans la bibliothèque de Jean d'Ormesson! Moi j'ai grandi dans celle d'une poétesse roumaine et je connais ces êtres extraterrestres que nous adorons et aimerions parfois changer, tout en les admirant et en se disant que nous ne serons jamais assez bien pour qu'ils soient aussi très fiers de nous.
Bon vent à votre maison d'édition! Votre livre sera disponible chez les libraires facilement ou dois-je le commander chez vous?
Rédigé par : ecaterina | 31 mars 2007 à 16:26