Voilà longtemps que j'ai envie de vous parler de ma femme, de la femme de ma vie.
A tous les sens du terme "vie".
Vie privée, vie professionnelle et vie tout court...
je ne savais pas vraiment comment m'y prendre quand je suis tombé sur ce papier fait par Tatiana de Rosnay pour le magazine "ELLE".(Mai 2005)
C'est intéressant de le mettre en perspective avec ce que nous avons fait depuis...
C'est surtout passionnant de savoir qu'à la suite de cela nous avons noué des relations amicales avec Tatiana qui ont fait qu'elle nous a donné à lire en décembre 2005 un manuscrit écrit par elle en anglais qui n'avait pas trouvé d'éditeur depuis presque trois ans.
Tatiana était au bord du renoncement vis à vis de ce texte, elle avait peur d'essuyer un refus supplémentaire...
La confiance qu'elle avait en Héloïse ( l'éditrice et la femme) lui ont fait donner ce texte à lire chez nous.
La suite est assez simple, et pourtant un peu miraculeuse.
Sarah's key était écrit en anglais , à la différence des autres livres de Tatiana, cela nous a intrigué.
Nous nous y sommes plongé avec envie et bienveillance (surtout Héloïse...), nous n'avons pas été déçu de notre insistance à obtenir ce manuscrit.
Ce livre -devenu par la grâce de la traduction et le talent d'Agnès Michaux "Elle s'appelait Sarah"- sort dans toutes les bonnes librairies ( je sais , les librairies sont toutes bonnes;-)!), et les autres réseaux de distribution du livre le 1er mars.
Mais il est déjà sorti en Italie, et a été vendu dans quinze pays cela même avant sa mise en vente en France( plus les clubs, le poche , les livres en gros caractères et le livre audio...)
Et cela c'est uniquement dû au talent d'Héloïse car avant nous quelques éditeurs (dont celui chez qui l'auteur publiait traditionnellement) avaient refusé le manuscrit!
C'est cela une éditrice de talent et je profite que pour une fois ce soit elle qui fasse la cuisine (pas l'éditoriale, l'autre...) pour l'écrire tranquillement.
Ne perdez pas cette femme de vue de grandes choses l'attendent ( même si elle s'en défend)!
Par ailleurs, il serait parfaitement injuste de ne pas dire ici que si le manuscrit de miss TdeR n'avait pas été exceptionnel, une telle réussite n'aurait pas existée.
Mais cela va de soi...
Il en est des auteurs comme des chevaux, on peut passer à côté d'un crack et ne pas le voir mais on ne transformera jamais un tocard en crack ( ou alors cela se voit tellement que ça ne dure pas très longtemps!)
P.S: à l'époque de l'entretien entre ces deux jeunes femmes nous ignorions l'existence de Sarah's Key.
P.P.S: rien n'a été censuré, ni ajouté sinon le passage disant que c'est moi la femme d'intérieur aurait sauté!
J'ai eu l'occasion de rencontrer une jeune éditrice de talent, qui vient de lancer sa maison d'edition. Elle porte un nom célébre...et parvient parfaitement à se faire un prénom. :)
Voici l'interview dans son integralité...
Héloïse d’Ormesson, 42 ans, la fille de Jean, vient de lancer sa propre maison d’édition : « Editions Héloïse d’Ormesson ».Elle vit à Paris avec sa fille Marie-Sarah, 10 ans. Et son fiancé, Gilles.
C’est la voix de ma fille qui me réveille à 7h30 tapantes : «Bonjour !» Une obsédée des horaires. Et moi, une laxiste des horaires. Du coup, la pauvre, elle est traumatisée à l’idée d’arriver en retard et c’est donc elle qui prépare le petit-déjeuner --céréales Kellogs, Earl Grey-- pour être absolument certaine d’être à l’heure. Marie-Sarah est fière de ma nouvelle aventure éditoriale, elle m’a même confié un manuscrit : Histoire de Bella : Bella est élevée par une marâtre à verrue qui s’appelle Dictée, un très joli conte, on doit en parler toutes les deux !
Gilles dort encore. Je ne suis pas particulièrement pour l’institution du mariage, je n’avais pas épousé le père de ma fille, et je ne suis pas mariée à mon fiancé, Gilles, avec qui je vis depuis 2 ans. Si Gilles n’avait pas été là, je n’aurais jamais fondé cette maison d’édition. On l’a montée ensemble, c’est notre bébé d’amour. J’ai une phobie de tout ce qui est administratif, j’ai hérité ça de mon père. Lors du premier papier fiscal reçu, j’étais quasiment sous Prozac. Ça date de l’époque des inscriptions en fac : je devais me détendre une journée entière et après je mettais deux jours à m’en remettre ! Gilles (qui connaît bien l’édition, il a été représentant en librairie) s’est occupé de tout le coté financier, la machinerie, c’est lui. Moi, je gère l’éditorial.
L’oeil rivé à sa montre, Marie-Sarah ne me lâche pas avec ses : « Maman, ta douche ! » alors, je m’exécute, puis j’enfile ma tenue habituelle : pull, jean et Pumas. Des secrets de beauté ? Je ne me maquille pas, je ne supporte pas les parfums capiteux et je me fous royalement de mes fringues, de ma coiffure. Seule coquetterie : mes boucles d’oreilles, j’en raffole, j’en ai des dizaines. On part à vélo, ma fille sur le porte bagages. L’école est à 10 minutes, on triche en roulant sur les trottoirs. J’habite dans le 5°, je m’y sens vraiment chez moi.
Ensuite direction mon bureau sous les toits, boulevard Saint Michel, où je retrouve Gilles. Ça fait 20 ans que je suis dans l’édition, après avoir fait des études de lettres modernes à Nanterre et à Yale, (aux USA). J’ai travaillé chez Laffont, Flammarion et Denoël, mais me voici pour la première fois à mon compte ! J’assume mon Œdipe : je ne suis pas éditeur par hasard. J’aime mon père qui est un auteur, donc j’aime par essence et génériquement l’auteur. Et j’ai envie de faire son bien. La richesse d’une maison d’édition, c’est l’auteur. Je ne peux pas concevoir que l’intérêt d’une maison d’édition aille contre l’auteur. Le rapport si particulier entre l’auteur et l’éditeur, c’est une part d’affection, une part d’estime, une part d’échange.
Je vais publier cette année une dizaine de livres, de la littérature générale : romans, récits, essais, traductions. On imagine parfaitement la difficulté de l’écriture d’un livre, mais personne ne pense aux prises de tête de sa fabrication ! Le choix du papier, -- blanc, ivoiré, texture, grammage ? -- de la couverture –mate ou brillante ?--, de la police de caractères—il y en a des centaines, alors imaginez les différences subtiles entre « adobe Garamond » et «century Garamond » ? J’y passe des matinées entières.
Les manuscrits s’accumulent au courrier, et l’autre jour, un jeune inconnu est venu déposer le sien, ça m’a fait très plaisir !La matinée se passe à répondre aux mails, voir les affaires en cours, discuter avec notre remarquable directrice artistique Anne-Marie Bourgeois, pour les visuels.
Je déjeune au resto avec mes auteurs, des libraires, des traducteurs, un moment qui réunit deux de mes passions : la bouffe et les bouquins ! J’ai des discussions rares avec tous mes auteurs, certains me suivent depuis mes débuts, lorsque j’étais éditeur pour d’autres maisons. Ils savent qu’ils participent à notre aventure, qu’ils prennent un risque, comme Gilles et moi.
Avec mes parents, on se voit les dimanche soir, chez eux à Neuilly. Je suis fille unique et proche d’eux, j’ai eu une enfance bénie, privilégiée, avec de l'amour et de l'intelligence en plus. Petite, je faisais des escapades secrètes dans le bureau de papa afin de parcourir les livres qui n'étaient pas de mon âge : Marx, Gautier, Marcuse. Ces heures à lire à la sauvette des livres empruntés au hasard des rayonnages sont les souvenirs les plus riches de mon enfance !
Pour reprendre le mot fétiche de mon père, une enfance pareille c'est « épatant ». Extraordinaire générosité de ma mère et esprit spirituel et ludique de mon père. Ma mère, c'est « Tout est important » et mon père c'est : « Rien n'est grave ». Je ressemble physiquement à ma mère et intellectuellement à mon père. Ma mère s'occupe de tout, mon père de ses livres, et moi je fais presque la même chose (avec les livres des autres).
L’après-midi, je travaille sur les textes. Je lis. Je relis. Je corrige. Dans la concentration. Découvrir un livre merveilleux, c’est un plaisir extraordinaire, c’est comme la naissance d’un enfant. C’est un moment fort, rare, celui où vous tombez sur un texte si puissant, si beau, que vous en oubliez tout. J’aime cet instant où un livre vous envoûte, comme lorsque j’ai lu « Possession » de A. S Byatt (que j’ai publié en 93 chez Flammarion et qui est devenu un film avec Gwyneth Paltrow en 2003.)
Mes parents sont très excités par mon projet, --j’espère admiratifs-- et quand même assez impliqués. Mon nom, c’est à la fois génial et casse gueule pour un éditeur. On va être exigeant avec moi. Je ne suis pas une débutante. Le nom de mon père, c’est comme un label de qualité et je me dois de respecter cette qualité. J’ai hésité à le prendre au début. C’est un ami éditeur qui nous a dit : « Mais enfin, vous êtes fous, servez-vous de ce nom ! »
A 16h30, re-vélo chercher ma fille, pour passer un moment avec elle. Elle fait ses devoirs avec la baby-sitter, je retourne bosser et je rentre pour 20h. Plusieurs fois par semaine, on dîne à la maison avec des amis, des écrivains. Je ne suis pas une femme d’intérieur, c’est Gilles, la femme d’intérieur. Il invente des sauces tomates sublimes avec du thé, du miel, des écorces d’orange. C’est un grand ours mal léché d’une immense tendresse qui me couvre de fleurs et veut tout le temps me faire des bisous.
J’essaie de ne pas me coucher au delà d’une heure, mais j’ai du mal, j’aime veiller tard, discuter, rire. Ecrire moi-même ? Ce serait la mort du père ! Ma passion, c’est lire un manuscrit, comprendre comment l’améliorer, ce qui en fait la force, la particularité. C’est ce que je sais faire.
Propos recueillis par Tatiana de Rosnay pour ELLE.
Encadrés :
Je vénère Nespresso. Quel paradis, ces machines ! Le marketing de cette boite est extraordinaire, les capsules, le design. Je sais bien que c’est le comble de la « Bobo-itude », mais, bon, j’assume.
Je fais mes courses sur le net :www.ooshop.com (produits ménagers) et www.natoora.fr ( (produits frais) mais je traverse Paris pour mon boucher. Lefèvre, 57 rue Saint-Antoine, Paris 4° : 01 42 72 24 15
Je suis une fidèle de «Chez Fernand » 13 rue Guisarde, Paris 6°.
(01 43 54 61 47) Mes plats préférés : tartare de tomate-crevettes, foie de veau-purée ou la salade Fernand les jours « diététiques »…*
Toutes les publicités sont gratuites( ajout de l'auteur du blog).
"Il invente des sauces tomates sublimes avec du thé, du miel, des écorces d’orange...."
tens ca donne de bonnes idées de recherches ca.
sauces tomates au thé?
Bel hommage:)
Rédigé par : manue | 15 février 2007 à 15:22
Bien élégante et pudique façon de parler de votre femme!
Je connaissais cet article mais ai pris du plaisir à le relire
Rédigé par : dominique | 07 février 2007 à 09:27
"Miss T2R" vous embrasse tous les deux tres fort et vous remercie encore. et encore :)
Rédigé par : Account Deleted | 06 février 2007 à 23:08
Je l'avais déjà lu; mais ne me souvenais pas de tout.
En tout cas, je suis d'accord avec tes beaux-parents : rien n'est grave, mais tout est important.
Elle est belle ta femme; tout le monde aimerait lui ressembler. Et tu as l'air d'être un doux fiancé.
Rédigé par : catherine | 06 février 2007 à 17:37
Moi non plus je parle pas à ma femme!
je parle de ma femme!
Rédigé par : gilles | 06 février 2007 à 10:45
Moi, je ne parle pas à ma femme.
ça risquerait de ma créer des problèmes.
Jécoute RADIO SHIC.
www.radioshic.com
Rédigé par : super nana | 06 février 2007 à 10:26