Parce que c'est écrit dans un livre...
Parce qu'un éditeur a laissé passer cela...
Parce que c'est inadmissible...
Parce que cela donne retrospectivement honte d'avoir partagé des idées avec cet homme là...
Parce que Pierre Assouline le fait infiniment mieux que je ne l'aurais fait...
Parce qu'il faut vraiment virer Pascal"dégueulasse"Sevran...
Parce que ce n'est pas toujours pour rire...
Parce qu'il y a des choses dont c'est un devoir de les dire!
Sevran broie des noirs
Manquait plus que ça et plus que lui. Puisque affaire il y a et qu’elle prend sa source dans un livre en vente dans toutes les bonnes librairies, et certainement promis à une large diffusion après tout ce ramdam, envisageons donc les pièces du dossier. Pascal Sevran, chanteur, animateur et auteur, a publié il y a un an un livre intitulé Le privilège des jonquilles (Albin Michel), septième tome de son Journal (septième ! mon Dieu, comme le temps passe…). Déjà, le titre est tellement tarte qu’il justifierait à lui seul le scandale mais le problème est ailleurs, patience. Dans le cadre de la promotion dudit ouvrage, ledit auteur vient donc d’accorder un entretien à Lionel Paoli de Var-Matin/Nice-Matin. Comme l’interviewer avait lu livre avant (ce sont des choses qui arrivent), il a du se frotter les yeux en découvrant ce passage à la page 214 :
“Des enfants, on en ramasse à la pelle dans ce pays (le Niger) -est-ce un pays ou un cimétière?- où le taux de fécondité des femmes est le plus élevé du monde, neuf enfants en moyenne par couple. Un carnage. Les coupables sont facilement identifiables, ils signent leurs crimes en copulant à tout va, la mort est au bout de leur bite, ils peuvent continuer parce que ça les amuse, personne n’osera leur reprocher cela, qui est aussi un crime contre l’humanité : faire des enfants, le seul crime impuni. On enverra même de l’argent pour qu’ils puissent continuer à répandre, à semer la mort“…
…ce que le journaliste résumera d’une phrase :“La bite des noirs est responsable de la famine en Afrique” et que Pascal Sevran ne désavouera pas quand la question lui sera posée. Remarquons au passage que, depuis un an que ce livre circule à des dizaines de milliers d’exemplaires, nul ne s’était étranglé sur ce passage, ce qui renseigne déjà sur l’état de ses lecteurs. Aussi le journaliste lui demande-t-il de préciser sa pensée. Réponse du géopoliticien de la faim dans le tiers monde :
“Et alors? C’est la vérité ! L’Afrique crève de la vérité de tous les enfants qui y naissent sans que leurs parents aient les moyens de les nourrir. Je ne suis pas le seul à le dire (…) J’écris ce que je pense. Si des gens bien au chaud dans leurs certitudes ne supportent pas d’entendre ça, eh bien que les choses soient claires, je les emmerde… Oui, il faudrait stériliser la moitié de la planète”.
Après quoi il a rappelé que s’il avait toujours considéré Mitterrand comme un père, il tenait désormais Sarkozy pour un frère. Encore un effort et Le Pen sera bientôt son cousin. Sacré cadeau empoisonné que cet énergumène frénétique de Sevran ! Jusqu’à présent, l’hypertrophie de son ego prêtait à sourire eu égard au caractère anodin de son principal sujet de conversation et à l’objet de toutes ses pensées. Cette fois, il est légèrement sorti de son cadre habituel tout en conservant son ton habituel, fidèle à son grand numéro d’indignation hystérique. Interrogé depuis par d’autres medias, il a confirmé ses propos et refusé de s’expliquer plus avant, jugeant n’avoir de comptes à rendre à personne. On ne sait s’il faut s’en offusquer ou le laisser à son ridicule. Pour l’instant, si l’on en juge par les réactions sur la Toile, il suscite plutôt la pitié et le mépris.
P.S. du 10 décembre : Interrogé sur cet emballement (plaintes des associations, critiques du ministre de la Culture, convocation de France 2) par Le Parisien, Pascal Sevran a présenté sa “tendresse” et ses “excuses” à ceux qu’il avait “peinés“. S’il a estimé que ses propos avaient été “détournés”, il n’en a pas moins retiré le terme de “stérilisation” pour le remplacer par “contrôle de naissance“. A ses yeux, l’incident est clos et il est en paix avec sa conscience.
La forme: agréable à lire. Le fond: Au delà de l'aigreur du personnage, je suis choquée par la simplification extrème et dangereuse d'un problème infiniment plus complexe! Il ne s'agit pas là de la chanson francaise!
J'ai du mal à comprendre comment ces propos ont pu franchir le bureau d'un éditeur et passer comme une lettre à la poste pendant un an (n'avait-il vendu que 2, 3 exemplaires?!).
Quant au personnage en lui-meme, je l'ai croisé en Autriche il y a quelques années (comment aurais-je pu le rater puisqu'il faisait un énorme caprice sur la place la plus fréquentée d'Innsbruck?!) et ca m'avait plutot donné envie de me faire passer pour une Nigérienne!
Rédigé par : Xquise | 14 décembre 2006 à 11:41