Le départ (virage...) de Laure Adler des Éditions du Seuil est un évènement...
Semble t il...
Ce qui apparaît plus clairement à travers cette situation nouvelle, une fois de plus, pour la maison de la rue Jacob c'est son instabilité chronique depuis que Mr Hervé de la Martinière en est le président...
Après des années pour essayer d'avoir un outil de diffusion et de distribution performant (Volumen) qui a été quitté par de nombreux éditeurs et rejoint par très peu d'autres ( pour un résultat relativement imperceptible en termes qualitatifs...), il semble que ce soit une fois de plus à l'activité édotoriale de la maison que l'on revienne pour faire que le Seuil retrouve son lustre d'antan...
Il est indispensable que cette exceptionnelle maison de littérature et de sciences humaines vive et vive bien...
Indispensable pour les auteurs qui y sont publiés et que les changements désarçonnent...
indispensable pour les libraires qui ont besoin d' avoir à nouveau confiance dans les publications de la maison
Indispensable pour l'ensemble de la profession car Le Seuil tient une place particulière chez chacun d'entre nous...
Mais vivre bien dans notre métier c'est vivre dans le calme, la sérénité et la continuité...
Toutes ces choses qui font défaut au Seuil depuis des années et sont particulièrement lourdes pour ceux qui y travaillent au quotidien...
Nous sommes très nombreux à souhaiter la réussite de Denis Jeambar...
Et un certain nombre à être sceptiques sur la stratégie de Mr de la Martinière...
Cela étant je ne crois pas, de mon poste d'observateur concerné, que Le seuil pourra à nouveau se permettre une année de déconstruction...
Le milieu de l'édition est trop mouvant actuellement pour qu'une nouvelle année trouble ne mette pas en péril la survie indépendante de cette maison de référence...
Ce seront donc mes premiers voeux pour l'année 2007...
Que Le Seuil trouve le calme, la sérénité et renoue avec ses succès passés...
Et qu'il garde tous ses auteurs...sauf un ou deux qui se reconnaîtront...!
Laure Adler
Laure Adler, directrice éditoriale du Seuil, est renvoyée par le nouveau PDG Denis Jeambar.
Laure Adler quitte les éditions du Seuil où elle occupait les fonctions de directrice éditoriale en charge de la littérature et des documents depuis son départ de France Culture à l'automne 2005. Le licenciement n'est pas officiel (il n'y a pas eu d'entretien ni de lettre de licenciement à ce jour) mais le nouveau PDG du groupe La Martinière / Le Seuil, Denis Jeambar, lui a signifié sans ménagement son congé début décembre. On lui reprocherait tout à la fois son manque de résultats -- Le Seuil n'a obtenu ni gros best-sellers ni prix littéraires au cours de l'année passée (hormis le Prix Renaudot pour Alain Mabanckou) -- ses méthodes un tantinet autoritaires et sa gestion contestable en matière d'à-valoirs versés aux auteurs lors de la signature des contrats d'édition.
Historienne et journaliste, Laure Clozet (Adler est le nom de son premier mari), est née à Caen le 11 mars 1950. Après une enfance passée en Afrique et une thèse d'histoire sur les féministes du XIXème siècle, elle entre à France-Culture en 1974, d'abord à titre de simple secrétaire, avant d'animer bientôt le futur célèbre Panorama. Productrice de 1978 à 1989 elle crée entre autres une nouvelle émission phare de l'antenne, Les Nuits magnétiques, dont elle confie l'animation à son second époux, l'écrivain éditeur et homme de radio Alain Veinstein. Dans les années '80 et '90 elle travaille parallèlement pour la télévision (productrice et animatrice du Cercle de minuit sur France 2) et l'édition (responsable des essais et documents chez Grasset) tout en publiant plusieurs ouvrages, essais et récits. Citons notamment: A l'aube du féminisme (1979), Secrets d'alcove (1983), L'Amour à l'arsenic (1986), Une histoire du racisme (1990), La Vie quotidienne dans les maisons closes (1990), Les femmes politiques (1994), Marguerite Duras (1998, Prix Fémina de l'essai), A ce soir (2001), Avant que la nuit ne vienne (2002), Dans les pas de Hannah Arendt (2005), Les femmes qui lisent sont dangereuses (2006),... Elle a également été conseillère culturelle auprès du président François Mitterrand de 1990 à 1992, expérience dont elle tirera un livre, L'Année des adieux (1992). Laure Adler a dirigé France Culture de janvier 1999 à septembre 2005 avant d'être nommée directrice éditoriale des éditions du Seuil en novembre 2005.
Copyright © La République des Lettres
La suite dans le Nouvel Observateur...
propos de Didier Jacob
LAURE ADLER "VIREE" DU SEUIL
"Tout sauf une surprise"
| 11.12.2006 | 17:05
1 réactions
L'éviction de Laure Adler à la tête du Seuil vous étonne ?
- Non, pas du tout. Ce n'est pas une surprise. Denis Jeambar, qui vient de L'Express, a la réputation d'être assez dur et il est connu pour être de droite. Ce qui n'a pas dû faire plaisir à Laure Adler, dont on sait son attachement à François Mitterrand et aux idées de gauche. Il y a clairement une volonté politique derrière ce licenciement. De plus, Jeambar, arrivé à la tête du Seuil en août, n'allait pas aussi facilement laisser le nerf de la guerre d'une maison d'édition, la direction littéraire.
Le Seuil est, paraît-il, une maison "difficile". Laure Adler avait d'ailleurs présenté sa démission il y a quelques semaines, une démission qui avait été refusée…
- L'année qu'a passée Laure Adler au Seuil n'a pas été si rose. Elle n'a pas eu la possibilité de prendre ses marques au sein d'une maison bouleversée, dans un état proche de la ruine. C'est une maison à l'histoire compliquée, dirigée longtemps, et sans doute encore aujourd'hui, par des barons qui se sont réservés des espaces de forteresse. C'est une maison qui ne se gère pas comme une entreprise classique. Et Laure Adler n'a pas réussi à s'imposer. Difficile de la blâmer : elle a bénéficié de peu de temps –un an– pour tenter de relancer la machine. Beaucoup d'écrivains sont partis, même si quelques uns sont revenus. Eric Holder va notamment faire paraître en janvier "La baine" au Seuil. Mais la rentrée littéraire n'a pas été faramineuse pour la maison.
Après Laure Adler, qui serait pressenti pour prendre sa place ? Quelqu'un proche de Denis Jeambar ?
- Il est logique que la place de Laure Adler soit reprise par Denis Jeambar lui-même. Cet ancien de L'Express a proposé une refonte de la maison en l'organisant par pôles. C'est là une vision tout à fait équivalente à celle que l'on voit dans la presse où les services sont divisés entre les rubriques société, politique, international etc. C'est une culture qu'il connaît et qu'il maîtrise bien. Au fond, il veut gérer le Seuil comme un journal, ce qui peut tout à fait fonctionner. Il compte bien sûr mettre une personne à la tête de chaque pôle mais Laure Adler ne sera pas remplacée, sinon par lui-même.
Propos recueillis par Séverine De Smet
(lundi 11 décembre 2006)
Et encore dans Libération...
Laure Adler, d'abord le Seuil, puis la porte
Un an après son arrivée chez l'éditeur, elle vient de s'en faire congédier par le nouveau PDG, Denis Jeambar.
Par Edouard LAUNET
QUOTIDIEN : lundi 11 décembre 2006
avec
Laure Adler n'aura passé qu'une petite année aux éditions du Seuil. Elle appris en fin de semaine son licenciement, qui lui a été signifié «avec violence et brutalité», rapporte-t-elle. L'ancienne patronne de France Culture était arrivée en novembre 2005 dans la maison d'édition filiale du groupe La Martinière pour y diriger le secteur littérature et les documents. Gérant son nouveau territoire sans aménité excessive, Laure Adler semble s'être fait assez peu d'amis dans la maison.
Certains lui reprochent ses méthodes cassantes, d'autres d'avoir signé dernièrement des contrats avec des à-valoir excessifs. L'intéressée parle au contraire d'une «année merveilleuse» et de «bons rapports avec les éditeurs». Elle se dit «surprise, hébétée» et souhaite que «cette aventure continue». Il n'y a eu pour l'heure ni lettre ni entretien préalable de licenciement.
Au Seuil, on interprète cette éviction comme étant le premier signe d'une prise de pouvoir par Denis Jeambar. L'ancien patron de la rédaction du magazine l'Express a été nommé PDG des éditions du Seuil en octobre. Cet homme de 58 ans, qui ne passe pas non plus pour un tendre, s'est vu confier par Hervé de la Martinière toute la gestion de la maison, tant sur le plan éditorial que du management. Son arrivée semble avoir été ressentie positivement en interne. Denis Jeambar a passé vingt-trois ans au Point, avant de rejoindre l'Express en mars 1996, après un court passage à Europe 1.
Depuis son rachat en 2004 par La Martinière, le Seuil traverse une profonde crise de confiance. Au départ agité de l'ancien PDG Claude Cherki et aux problèmes de distribution (le démarrage chaotique de Volumen) s'est ajouté le traumatisme causé par le départ d'auteurs importants. Fondée en 1935, la maison d'édition de la rue Jacob est devenue une habituée des prix littéraires à partir des années 50. Mais le Goncourt lui échappe depuis 1988. Et, cette année, seul le Renaudot d'Alain Mabanckou, pour Mémoires de porc-épic, lui a permis de ne pas terminer la saison bredouille.
c'est marrant comme point de vue Marilou.
Tu m'a titillé l'esprit , je vais lire ta chronique.
Rédigé par : sophie Gaudiche | 09 avril 2007 à 13:54
d'accord Denis est reputé de droite mais allez lire un peu son interview sur le site de ELle.
http://www.elle.fr/elle/societe/la-presidentielle-vue-par/denis-jeambar
Il explique que L’expérience des vingt-cinq dernières années montre qu’on finit toujours par gouverner au centre.
DOnc de dorite pou de gauche de toute facon tout va finir au centre !
Rédigé par : Marilou | 08 avril 2007 à 10:45
pour ce qui est d'Alain la décision lui appartient mais je serais plus que ravi de le publier...
pour l'instant la question n'a jamais été abordée frontalement,
il est un excellent auteur et nous ne ferions pas notre travail si nous ne lui proposions pas de publier chez nous,
cela étant il y a aussi dans ce métier une grande part de relation humaine et là...je ne suis pas sur que nous soyons très bons...surtout moi...!
Héloïse , elle, est parfaite...!;-)
Rédigé par : gilles | 13 décembre 2006 à 12:38
et vous allez publier Alain Mabanckou? J'ai déjà vu sur ce site que vous vous connaissez!
Rédigé par : lapaille | 13 décembre 2006 à 11:23
Bonjour,
chez nous les auteurs viennent...
du Seuil ils partent...
nos n'avons pas de problèmes de diffusion/distribution...( merci Interforum...)
Nous nous avons beaucoup mieux que Laure Adler:
Héloïse d'Ormesson!
Gilles Cohen-Solal
Rédigé par : gilles | 13 décembre 2006 à 11:04
Et comment va EHO? Mieux que le seuil? Allez-vous recruter Laure Adler comme directrice littéraire?
Rédigé par : lapaille | 13 décembre 2006 à 10:47
@ Clopine,
c'est Libé qui utilise ces termes...
la seule chose que je voulias souligner c'était le management ératique du Seuil dont elle a fait les frais...
pour ce qui la concerne elle je ne suis pas convaincu qu'une bonne journaliste et une bonne auteur(e) font forcément un bon éditeur- une bonne éditrice-!
d'ailleurs les problèmes internes du Seuil étaient suffisament présents pour montrer les limites de sa compétence "manageuriale"...
Donc pas si pas d'accord que ça...!
Na!
Rédigé par : gilles | 12 décembre 2006 à 17:21
C'est-à-dire que, Laure Adler virée "avec violence et brutalité", ça renvoit à la façon dont elle a viré, avec tout autant de violence et de brutalité, l'émission quotidienne et hilarante des "Décraqués", avant de mettre d'office à la retraite, avec brutalité et violence, le grand homme de radio qu'était Bertrand Jéröme. Et à l'époque, sur France Culture, son nom était totalement synonyme de cette violence et de cette brutalité dont elle est aujourd'hui victime.
A part ça, "les femmes qui lisent sont dangereuses" et la biographie de Duras n'étaient pas mal du tout. Et le caractère tyrannique et odieux de la Dame ne l'empêche sans doute pas d'être une professionnelle.
Mais s'attaquer à la bande des " Papous dans la tête", c'était une erreur manifeste : l'émission est délicieuse, ELLE.
Clopine Trouillefou, j'aime bien votre site, Gilles, parce que je ne suis JAMAIS d'accord avec vous. Ce qui est bien plus amusant qu'un consensus mou (si j'ose dire), vous en conviendrez !
Rédigé par : Clopine Trouillefou | 12 décembre 2006 à 16:51