Donc maintenant tout de suite la suite...
On ne peut pas dire que ça s'arrange vraiment...
Ni l'état mental du chroniqueur feuilletoniste ni celui de la planète...
Donc allons voir où en est le monde cette semaine....
INTERPOUET
Une quenelle d’Allemand
ou
Trop d’actu tue l’actu
C’est quand même un monde ! On est resté des mois sans qu’il se passe quoi que ce soit d’un peu intéressant sur cette planète, et soudain tout à coup, voilà que ça pète à tout vat. Les révélations pleuvent à peu près au même rythme que les ouragans sur la côte sud des Etats-Unis, les animaux et les Allemands deviennent fous, et même le couple Blair a l’air mûr pour un séjour au frais...
Enfin, quand on dit que les animaux deviennent fous, encore faut-il s’entendre. Car les seules bestioles à manifester brutalement un comportement trahissant selon votre chroniqueur préféré ce qui n’est rien d’autre qu’une arrière-pensée géostratégique sont des animaux qui ont tendance à vivre dans l’eau. Il semblerait en tout cas que le règne animal ait décidé de profiter de la furie des éléments pour entamer ce qu’aucun réalisateur d’Hollywood n’avait osé imaginer : la conquête de l’Amérique !
Au Pentagone, on est sous le choc. La Louisiane, en dépit des efforts héroïques du président Bush qui, armé de son seul parapluie et de sa foi inébranlable en ses vertus météomessianiques, a défendu à lui tout seul la Nouvelle-Orléans contre cette grande salope de Katrina, la Louisiane, donc, en était encore à se remettre quand l’information est tombée : la ville était désormais sous la coupe d’une invasion venue des bayous. Dans l’ancienne possession française, la république crocodilienne vient d’être proclamée. Les carrefours sont désormais contrôlés par des patrouilles d’alligators, et plus personne, mort ou vif, n’ose sortir se baigner dans le French Quarter ou nager jusqu’au Convention Center jusque-là pourtant fort fréquenté. A tel point que les autorités ont déjà prévenu : peut-être qu’on ne retrouvera pas tant de cadavres que ça, figurez-vous, vu que les alligators les auront tous bouffés !
Or, alors que la marine américaine se prépare à livrer une rude bataille contre ces pillards cuirassés à l’hygiène dentaire douteuse , une autre espèce navale frappe cette belle terre de liberté en traître : les pinnipèdes. Le 16 septembre dernier, à l’issue d’un coup de palme particulièrement audacieux, et sans enregistrer une seule perte, un groupe d’otaries a réussi à s’emparer du port californien de Newport, coulant un voilier et capturant de nombreux humains. A l’heure où nous mettons sous presse, les otaries tiennent toujours la ville, et auraient officiellement établi une commune anarchiste dont le chef, un superbe mâle de quatre cents kilos connu sous le pseudonyme de Oïnk, a été élu à palmes levées.
Au même moment, cette grosse chienne de Rita menace d’en remettre un coup dans la gueule à la Louisiane, sans oublier le Texas, cette fois . Otaries et alligators doivent sûrement préparer leurs prochaines opérations de dépeçage du continent nord-américain tandis que le reste du monde retient son souffle. A qui profite le crime, me direz-vous. A la Syrie, hurle-t-on à la Maison Blanche. A l’empire des Manchots, préféré-je vous asséner, au fait que je suis des connexions traditionnelles liant les pygoscélidés aux pinnipèdes.
D’ailleurs, des oiseaux, crocos et mammifères marins au brochet il n’y a qu’un coup de nageoire, et qui dit brochet dit quenelle, d’où mon habile transition avec l’improbable situation en Allemagne. De tout temps, les Allemands ont nourri une passion étrange, voire inquiétante, pour les quenelles. Pour commencer, c’est un mot teuton. Ensuite, historiquement, ce mets délicat a toujours joué un grand rôle outre-Rhin. Enfin, un de leurs plus grands réalisateurs y a consacré tout un film. Alors, c’est dire... D’où l’expression bien connue de quenelle d’Allemand. Nos amis germaniques aiment tant les quenelles qu’ils seraient prêts à se disputer pour s’en bâfrer une. Même les plus raffinés et les plus haut placés d’entre eux perdent toute contenance quand ils entendent le mot quenelle. Et ils comprennent difficilement que l’on ne partage pas leur frénésie. Croyant bien faire, ils ont ainsi généreusement envoyé des milliers de tonnes de quenelles à la Nouvelle-Orléans, se privant eux-mêmes de ce plaisir gustatif avec un sens du sacrifice qui les honore. D’où l’imbroglio dans lequel est empêtrée la République fédérale. Le parti de Gerhard Schröder ayant donc magnanimement tiré un trait sur ses réserves de quenelles afin de sauver les Américains assiégés par les alligators, seul le siège de la CDU était en mesure de servir des quenelles pour faire la fête le 18 septembre au soir. De rage, les partisans du SPD se sont rués sur le buffet avant les autres, et le bras de fer ne fait que commencer.
A moins que Londres ne se décide à entrer dans la danse. Peut-être le Premier ministre Tony Blair et son épouse, la mal-nommée Cherie, pourront aider les Allemands à se sortir de ce mauvais pas, en multipliant les quenelles, par exemple. Ne riez pas, ils en ont le pouvoir. En tout cas, ils en sont persuadés : Cherie se passionne depuis toujours pour la sorcellerie et les pratiques mystiques New Age, et son mari se baladerait en permanence avec un sac à grigri dans une de ses poches. Bush se noie, Schröder a faim et Blair se prend pour Gandalf. Quand je vous dis que le monde barre en quenouille... Enfin, on n’est pas sorti du bayou, croyez-moi, surtout si les Blair font intervenir leur nouveau gourou, le dj star de cinéma britannique Ali G. Car, comme on dit à la Nouvelle-Orléans ces derniers temps quand on veut se faire bien voir de la nouvelle puissance occupante, Ali G a tort.
Ouh là là là là. Je crains que cette chronique ne provoque uyn drame. Je ne puis laisser écrire une telle chose. Comparer les Knödel et les quenelles, c'est comme comparer... Jean-Paul Sartre et Tom Cruise (ou l'inverse. Bressanne d'origine (née à Bourg en Bresse, patrie du célèbre Giraudet, ayant fait mes études à Lyon, et adorant le lac de Nantua... je me pose la question : as-tu, cher chroniquer, essayé de mastiquer un jour des Knödel (nourriture parfaitement adéquate, il est vrai, pour Chérie et Tony, et surtout pout pour George)? Même arrosé de litres de bières, c'est dur. Quand je pense à la saveur fondante des quenelles de brochet...
Hummmm, cette chronique, m'aura autant fait rire que rappelé de savoureux moments...
Rédigé par : catherine | 05 décembre 2006 à 17:09
Mdrrrr ! Un vrai régal, cette lecture ! arf !
Rédigé par : Freefounette | 05 décembre 2006 à 15:10