Je m'étais dit : " je vais leur raconter une semaine normale d'éditeur", connerie monumentale!
1) cela n'intéresse personne!
2) je ne sais pas ce que cela veut dire...
Après je me suis dit : "je vais en remettre une couche sur les Prix Littéraires", mais bon, il sera toujours temps de gueuler après que Littell aura tout eu...
Ensuite, je me suis encore dit "je vais raconter mon bureau..."
Là, j'ai tout de suite été convaincu que ce serait chiant pour tout le monde, vous et moi!
Quand, pris d'une inspiration très étonnante à 8h15 du matin, un samedi, après une semaine un peu épuisante, j'ai pensé "et si je disais ce qui me passe par la tête"...
C'est parti....!
En vrac, il y a les choses qui m'énervent, celles qui m'amusent, celles qui m'emmerdent et les autres...
Dans les choses qui m'énervent, il y a ces réunions avec les commerciaux, la dernière (réunion donc) de leurs trois jours de présentation des programmes à Paris, où la seule chose qu'ils attendent est non pas de voir ce que nous publions et qu'ils auront à défendre, mais de prendre un quelconque moyen de transport pour rentrer chez eux parce qu'ils en ont marre de ces éditeurs qui les emmerdent...!
Ceci me gonfle gravement!
On essaie de publier les moins mauvais livres, de mettre à leur disposition un matériel pour les aider et ils n'ont qu'une envie : se casser!
Franchement, c'est lourd... D'autant que plus le temps passe, plus le programme de la maison est intéressant et que plus le temps passe, plus j'ai la nette impression qu'en leur lisant l'annuaire je ne les intéresserais ni plus, ni moins...!
Déjà, les réunions de programmes chez le diffuseur me fatiguaient mais, là, ça atteint des sommets...
Je sais qu'il y a de plus en plus de livres, etc., etc. Mais bon un peu de politesse ne nuirait pas...
Cela étant je les comprends, je ne publie ni Sarkozy, ni Giscard, ni Luc Ferry...
Donc, en termes de chiffre d'affaires, je suis moins intéressant...
Alors qu'ils arrêtent de me parler, parfois, de littérature et qu'ils me parlent finances. Au moins, cela aura le mérite de la clarté!
Oui, cette fois-ci, ils m'ont vraiment contrarié avec "l'affichement" de leur désintérêt...!
Dans les choses qui m'amusent il y a les échanges de courrier avec mon traducteur préféré qui me demande un contrat et un chèque.
Choses absolument normales, mais demandées d'une façon tellement drôle que cela illumine ma journée!
Il n'est pas exclu que vous ayez droit à cet échange, mais il n'est absolument pas certain que cela vous fasse rire...
En attendant, mon Raymond, nous, on va continuer à bien se marrer et grâce à dieu tu n'es pas comme ces représ et tu es encore capable de t'enthousiasmer à la lecture - que je te demande toujours de faire en "express pour la veille" - de livres qui viennent atterrir "par hasard", sur mon bureau "bordélique"!
Je t'en remercie ici publiquement et tiens à te dire que c'est un grand moment de bonheur et de déconne intelligente chaque fois que je te vois.
Merci Raymond Clarinard.
Dans les choses qui m'emmerdent, il y a cette putain de paperasserie qui n'en finit pas de gagner du terrain sur le coeur du métier à savoir : rencontrer les auteurs, lire, réfléchir à comment publier, quand, comment, comment faire vendre, comment être le plus performant possible.
Quand je vois le temps passé (par les autres, au bureau, à se faire chier à la gestion quotidienne plutôt qu'à être créatifs dans le business) à la "gestion administrative et commerciale", je me dis que la fonctionnarisation du privé est en accélération géométrique, non pas de par la responsabilité des collaborateurs mais simplement parce que l'administration ne faisant que gagner du terrain les entreprises sont obligées de suivre...
Et donc, ne consacrent plus l'essentiel de leur talent, de leur énergie à faire leur métier mais à "gérer" les suites de l'activité de leur métier!
C'est Ubuesque et cela m'emmerde vraiment, mais à un point... Vous n'en avez même pas idée;
On parle de "Lepénisation" des esprits, mais j'aimerais bien, un jour que quelqu'un me parle de la "Fonctionnarisation du privé"... Vraiment j'aimerais bien!
Et puis, il y a les autres choses, les négos pour acheter des livres, les auteurs qui sont un peu chiants, les enfants qui sont... Des enfants... Bref, la vie quotidienne de tout le monde, enfin presque.
Oui, presque parce que tout cela ce n'est jamais que quelques épisodes de la vie d'un super privilégié qui a le bol d'avoir un boulot qui le passionne, une femme merveilleuse et des enfants qui vont "inch'Allah" bien.
Donc samedi 21 à 8h25 : MERCI LA VIE!
Ah, pardon, pardon. Un bon commercial est un cmmercial qui sait ce qu'il vend, et pourquoi il le vend. (Ce n'est pas plus vrai que le contraire, mais vous voyez, on peut dire ça, aussi…)
Rédigé par : Nicolas | 07 novembre 2006 à 10:06
Un bon commercial a vocation à nous refourguer aussi bien un camembert qu'une voiture ou un livre. Dans ces conditions difficile d'espérer provoquer une rencontre amoureuse entre eux et ce qu'ils doivent vendre...
Rédigé par : Xquise | 04 novembre 2006 à 03:10
MERCI LA VIE
Oh oui!
Dans la morosité actuelle, parmi les indécentes lamentations des nantis qui veulent toujours plus et qui sont sourds aux appels désésespérés de ceux qui n'ont rien, c'est bien de lire une prise de conscience.
Rédigé par : céleste | 21 octobre 2006 à 09:53