Alors allons-y , une fois de plus, pas la dernière...
Les Prix...
Les Bienveillantes
Et le reste...
Parce que grâce à Dieu (dieu?), il y a tout le reste...
Et c'est probablement cela le plus important!
Les Prix:
On ne va pas en faire un plat et six caisses : tout le monde râle, personne n'en veut, tout le monde en veut, tout le monde est intègre, personne n'en croque, les auteurs n'en veulent pas, les éditeurs non plus et le public s'en fout...!
Tout ça c'est du bidon!
Tout le monde va à la galetouse et tout le monde veut en croquer!
Le problème est simple : il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus...
Alors comment faire?
Corrompre les jurés? : trop visible, trop simple, trop cher!
Publier le meilleur livre? : il y a bien longtemps que cela se saurait (et puis qu'est-ce-que le meilleur livre?)
Celui qui a les meilleures critiques?
Celui qui se vend le plus?
Celui qui est le mieux écrit, qui raconte la plus belle histoire, avec les plus beaux personnages?
Celui qui est imprimé sur le plus beau papier?
Celui dont l'auteur(e) a la plus belle gueule?
Nous aussi nous sommes contents d'avoir eu 3 prix, plus exactement nos auteurs...
C'est différent.
Je parlais d'un prix avec un pote éditeur et il m'a répondu : "Non, moi je l'ai déjà eu l'année dernière"...
Vous avez tout compris, ce ne sont ni les livres ni les auteurs qui ont des prix mais les maisons d'édition!
Et ça c'est la vérité vraie!
Comment?
Simplissime!
En publiant les livres des jurés des prix littéraires!
Ce n'est pas de la corruption c'est juste du détournement de travail d'éditeur...
Il ne s'agit pas de publier "bon", enfin pas seulement il s'agit surtout de publier "utile"...!
Les deux ne sont pas antinomiques...
Pas toujours.
Mais les meilleurs livres de la rentrée ne sont pas forcément les mieux placés dans la course aux Prix...
Quel est le pouvoir d'influence de LAURENT MAUVIGNIER? Quasiment aucun...
Moralité : il a peu de chances d'avoir le Goncourt alors que c'est probablement le meilleur livre de la rentrée avec ceux de Michel Schneider et de... et de qui d'ailleurs?
Il y en a tellement...
Tellement trop que...
Que LES BIENVEILLANTES!
VOILÀ L'INTÉGRALITÉ DE L'INTERVIEW DE JONATHAN LITTELL ACCORDÉE À KARINE PAPILLAUD POUR 20 MINUTES :
Question : VOTRE ROMAN DÉCRIT LA PÉRIODE NAZIE AVEC UNE OBSESSION DE LA PRÉCISION. AVEZ-VOUS UNE FORMATION D'HISTORIEN?
Réponse : J'ai fait de courtes études universitaires aux États-Unis qui n'avaient rien à voir avec le sujet. Je réfléchis et me documente depuis 1998. Puis, j'ai écrit le livre en quatre mois. Cent douze jours exactement. Je m'intéressais à la période nazie comme un cas de figure historique, pas par amour du baroque!
Question : POURQUOI CETTE PÉRIODE?
Réponse : Tout s'est croisé là, en Europe, et à cette période, dans l'histoire contemporaine occidentale.
Je voulais aussi aborder la question fondamentale du bourreau dans un cadre occidental, afin que les gens ne puissent pas se dédouaner de leur responsabilité. J'aurais aussi bien pu l'aborder à travers la guerre du Vietnam qui m'a passionné.
Question : C'EST À TRAVERS UN PERSONNAGE TOTALEMENT AMORAL QUE VOUS ABORDEZ LA RESPONSABILITÉ...
Réponse : Pas du tout! Il a une morale même si son socle est vicié, il est intègre, fidèle à la tache qui lui a été assignée. C'est un idéaliste piégé par ses idéaux.
Question : VOTRE TITRE N'EST-IL PAS AMBIGU POUR ÉVOQUER LES CONFESSIONS D'UN ANCIEN NAZI?
Réponse : Il s'agit d'un roman, pas d'un témoignage. Dans l'Antiquité, les Furies, des divinités, étaient appelées "Bienveillantes". On les retrouve dans Les Euménides d'Eschyle dont mon livre s'inspire. Mon héros ressemble à Oreste.
Question : QU'AVEZ-VOUS VOULU DIRE DANS CE LIVRE?
Réponse : J'ai voulu traiter de la question de la responsabilité en confrontant les modes de pensée grecque et judéo-chrétienne. La pensée grecque s'intéresse aux actes, pas à leurs motivations : aucune circonstance n'atténue jamais la responsabilité.
Question : COMPRENEZ VOUS QUE VOTRE LIVRE PUISSE CHOQUER?
Réponse : Ce n'est pas à moi de l'interpréter. Je crois qu'il est plus facile de comprendre un communiste qu'un nazi. On a plus d'empathie pour les communistes. Mais il s'agit de la même chose : une idéologie dans laquelle les hommes ont cru. Et la culture n'est pas un rempart contre la barbarie
Recueilli par Karine Papillaud
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi...
Cela ne passe pas du tout!
Alors le talent, la maîtrise, la documentation, le côté "monumental" (façon architecture du IIIème Reich!), la virtuosité et le reste...
C'est un livre qui pue, qui essaie de toucher le fond voyeur et pervers de l'âme humaine et y arrive!
Je ne sais pas si Mr J. Littell aura le Goncourt ou le grand Prix de l'Académie ou que sais-je encore? Mais une chose est sûre : ceux qui ont trouvé "Portier de Nuit" de Lilianna Cavanni, peu ragoûtant, n'aimeront pas du tout mais du tout ce livre.
Quant à moi, je le trouve à l'identique de la bête qu'il veut décrire : immonde.
Grâce à Dieu (dieu?), il y a tout le reste et dans tout le reste il y a :
"La Création du monde" de Jean d'Ormesson qui n'a rien à voir avec la rédaction de l'immonde dont nous venons de parler!
Alors vite! Allez lire un bijou d'érudition, de légère gravité et d'esprit pétillant (que même je le regrette qu'on ne l'ai pas publié! c'est dit!);
"Disparaître" des frères Poivre, roman injustement oublié (mon oeil!) par la critique (qui ne juge pas utile de parler d'eux puisqu'ils sont plus connus qu'elle...!) et plutôt bon, bien écrit et pas prétentieux.
"Les Inédits du Petit Nicolas Tome 2" à lire, relire et apprendre par coeur (juste après les quatre premiers parus au début des années soixante chez Denoël... et oui, tout fout le camp...!
"Le Père éternel" d'Anne Goscinny dont je parlerai un jour plus longuement (le livre, Anne et son père!)
Et puis tous les manuscrits à paraître chez nous dont un fascinant livre qui n'est pas sans rappeler Michel Strogoff, écrit par le très énigmatique Roman RIJKA dont la vie à elle seule est déjà un roman; et qui en a pondu un encore plus ébouriffant que sa propre existence elle-même hallucinante!
Très vite en ligne sur le site, les trois premiers extraits de nos romans de Janvier :
-CONTRAVENTION de Stéfan COÏC
-LOUBIANKA de Travis HOLLAND
et enfin,
-LES ANGES DÉçUS de Catherine LOCANDRO
Bonjour,
je viens de découvrir votre blog avec beaucoup d'intérêt. J'ai moi-même un blog sur l'actu littéraire que j'ai commencé il y a deux mois à peine... Votre blog est une mine d'informations pour moi, passionnée par le monde de l'édition et du livre en général. Je ne partage pas tout à fait votre point de vue sur l'oeuvre de Littell même si tout ce que vous évoquez est juste: le côté voyeuriste, immonde... Le caractère quelque peu farouche de Littell... Son écriture et son récit me "fascinent"... même si le tapage médiatique empêche les autres auteurs d'être repérés eux aussi.
Je tenais enfin à vous signaler qu'en septembre j'ai écrit un billet sur votre initiative du bookcrossing. Je trouve que c'est vraiment une très bonne idée.
Au plaisir de vous relire
Rédigé par : Anne-Sophie | 23 octobre 2006 à 23:48