À l'occasion de la sortie de son livre en français, Tim Flannery s'est récemment rendu au Québec où il a donné de nombreuses interviews. Actuellement, The Weathers Makers (Les Faiseurs de pluie, en français) est en neuvième position sur la liste des meilleurs ventes au Canada, pour la catégorie "documents". Ci-dessous, vous trouverez un extrait d'un entretien que Tim a donné au quotidien québécois Le Soleil.
Q - Quelle était la motivation à l'origine des Faiseurs de pluie ?
R - J'ai réalisé qu'à l'âge de 42 ans, moi, un scientifique, je ne comprenais pas toutes les
implications des changements climatiques. J'ai donc décidé d'écrire un livre qui expliquerait
simplement et objectivement la nature de cette crise.
Q - Ce livre est terrifiant. Comment réagissent les gens à sa lecture ?
R - C'est intéressant. Quelques personnes m'ont accusé d'avoir peint un tableau apocalyptique, d'avoir exagéré... Ce que je n'ai pas fait. Nous devons faire face à la réalité, même si elle est déplaisante. Plusieurs citoyens veulent changer les choses, ce qui est formidable. Ces changements ne sont pas si compliqués ; le problème, c'est la courte période de temps dont nous disposons.
Q - Oui, mais plusieurs s'enfouissent la tête dans le sable. Pourquoi ?
R - Certains ont peur, mais en majorité, c'est malheureusement de l'ignorance. Plusieurs veulent continuer à faire de l'argent de la même façon qu'avant et surtout ne pas trop réfléchir à ces problèmes et aux remises en question qui viennent avec.
Q - Pensez-vous qu'une grande part de cette ignorance est attribuable au fait que nous présentons les questions liées aux changements climatiques de façon trop abstraite ?
R - Oui. Mais ça commence à devenir moins abstrait. En particulier dans des pays comme le Canada qui expérimentent déjà ces changements.
Q - Que faire pour lutter contre cette ignorance ?
R - Nous devons trouver un moyen d'amener ces questions à l'avant-plan de la conscience collective et des discussions. Nous l'avons fait avant avec les questions de santé publique. Il s'agit de faire la même chose avec le réchauffement de la planète.
Q - Soit. Mais une majorité de gens, quand on analyse les sondages sur la question, ont l'impression que le problème les dépasse.
R - Ils se rendent compte qu'il n'y a personne dans le siège du chauffeur. Il faut donc trouver
quelqu'un pour occuper ce siège qui aura le courage de s'attaquer à la situation. Nous devons
combattre cette inertie qui permet à des gens de continuer à faire comme si de rien n'était et sans reconnaître les conséquences de leurs actes.
Q - Vous écrivez que la vie de centaines de milliers de personnes est en jeu. De quelle façon ?
R - Le groupe intergouvernemental sur les changements climatiques (des Nations unies) vient de rendre public un rapport qui estime que les morts supplémentaires liées à ces changements, en ce moment, sont d'environ 170 000 par année. Et au fur et à mesure que nous entrerons dans des phases plus dommageables de cette crise - hausse du niveau des océans ou autres -, nous verrons le nombre de morts atteindre les millions, voire les centaines de millions, si nous sommes assez stupides pour laisser la situation se produire.
Q - Vous allez jusqu'à écrire que si nous ne changeons pas, nous assisterons d'ici 50 ans à la fin de la civilisation moderne. Vraiment ?
R - Je sais que ça paraît complètement catastrophique. Mais quand j'analyse la situation... Imaginons un instant que nous avons mis en marche une hausse du niveau des océans de 25 mètres, ce que les experts croient possible. Chaque ville côtière de cette planète sera détruite et la grande majorité des terres agricoles submergées. Il y aura des milliards de réfugiés.
Q - Quelles sont les solutions ?
R - Il y en a plusieurs. Mais ce dont nous avons vraiment besoin, c'est de leadership politique. Écrivez à vos politiciens locaux en décrivant vos inquiétudes sur le sujet et en leur demandant ce qu'ils font à ce propos. Les gouvernements peuvent agir très efficacement pour faire diminuer les émissions. Comme lorsque l'on a découvert le trou dans la couche d'ozone. Nous avons évité une catastrophe imminente. C'est ce dont nous avons encore besoin.
constat terrifiant!
terrifiante aussi l'inertie des politiques internationaux.
pourquoi les êtres humains, capables de prouesses techniques extraordinaires, sont-ils incapables de mesurer les conséquences de leurs actes sur le futur de l'humanité?
c'est une attitude quasi suicidaire.
je connais et j'aime une minuscule île indonésienne, au large de Lombok, elle s'appelle Gilli Air et elle est toute plate, chaque fois que j'y vais je pense qu'il suffirait d'un rien, quelques centimètres d'eau, pour qu'elle disparaisse à jamais engloutissant ses habitants dolents et rieurs.
Quans j'ai vécu le tsunami, sur une plage de thaîlande, nous nous sommes réfugiés sur une colline, avec des touristes et des thais. il régnait une ambiance de fin du monde, noyé par les eaux. une peur ancestrale.
Donc, un nouveau livre à lire
et des moyens d'action à penser.
Rédigé par : céleste | 28 septembre 2006 à 14:40