"Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants". Proverbe africain
Eho s'engage. Et publie, le 11 mai, Les Faiseurs de pluie (The Weather Makers) du scientifique Australien Tim Flannery. Pour Héloïse, la lecture de cet essai - best-seller aux Etats-Unis et en Allemagne - a été une salutaire révélation. "Ce livre est d'une lecture vitale", aime-t-elle à répéter.
Ouragans, cyclones, inondations et canicules, le changement climatique est en marche. En cinquante ans, la calotte glacière s'est réduite de 20%. Si nous ne faisons rien, il n'y aura bientôt plus de glace en été dans l'Arctique et un cataclysme bouleversera le monde que nous connaissons.
Responsables de 50% des émission de gaz à effet de serre à l'origine de ce dérèglement climatique : nos comportements quotidiens!
Il est donc capital de se mobiliser, d'apprendre à vivre, à nous déplacer et à consommer différemment. Les Faiseurs de pluie, avec des solutions concrètes et simples, nous donne des pistes pour agir.
Calculez votre empreinte écologique avec le WWF
Préfacé par Yves Coppens, ce livre appelle à un combat quotidien et à une mobilisation permanente. À lire d'urgence et à faire lire : notre survie en dépend. Yann Arthus-Bertrand et Nicolas Hulot ont choisi de soutenir l'ouvrage. Et vous?
Les Faiseurs de pluie
Préface d'Yves Coppens
"Rien n’est stable. Le ciel, ses galaxies, ses étoiles et leurs planètes naissent, vivent et meurent comme naissent, se transforment et meurent, sur celle de ces planètes dont la destinée nous intéresse parce que c’est la nôtre, les contours et les emplacements des continents et des océans, les climats, les milieux et les êtres qui les fréquentent.
De même qu’il y a 400 millions d’années, Plantes, Arthropodes et Vertébrés s’y adaptaient à la vie dans l’air après 3 milliards et demi d’années passées dans l’eau parce que là où ils se trouvaient, il n’y avait parfois plus d’eau, de même que vers 65 millions d’années disparaissaient Dinosaures, Ammonites et Bélemnites tandis que se développaient les Primates parce qu’une importante régression marine faisait émerger le plateau continental et se développer les Plantes à fleurs, vers 3 millions d’années un frissonnement de la Terre fit s’assécher les tropiques et naître un Primate supérieur qui avait trouvé la parade à cette crise, le genre humain.
Il y a 3 millions d’années en effet, la savane arborée africaine, berceau de notre famille, s’était brusquement dégradée, le tapis graminéen développé et tout le monde animal que cet environnement contenait avait dû « se faire » à ces nouvelles conditions pour survivre. Les Éléphants avaient agrandi le fût de leurs molaires, les cochons le nombre de cuspides de leurs dents de sagesse, les chevaux réduit le nombre de leurs doigts et accru la hauteur de leurs dents jugales ; les antilopes de brousse étaient parties, les antilopes de prairies étaient arrivées et le préhumain, bipède et arboricole, végétarien et à petit cerveau, s’était fait Homme, bipède exclusif et omnivore à gros encéphale. Il avait suffi d’un changement climatique et du changement environnemental consécutif pour que, pour la première fois, la matière vivante se fasse pensante. Notre famille, on l’a bien compris, au même titre que celle des Éléphants, celle des Cochons ou celle des Chevaux, n’avait pas eu alors d’autre solution que de subir le changement et de s’efforcer de s’y adapter.
C’est véritablement l’environnement qui a fait l’Homme.
Mais l’Homme, le genre Homo, armé d’un plus large spectre alimentaire et d’une dissuasion « intellectuelle », était et demeure un être étrange qui, au lieu de se contenter de savoir bien des choses, allait, pour la première fois, savoir qu’il savait. Et ce caractère nouveau, la conscience, allait lui faire entreprendre des actions délibérées, paradoxalement libres et responsables ; il devenait totalement libre d’agir sur son environnement mais il était aussi responsable de cette liberté. Tout a bien sûr continué à changer dans l’Univers comme sur la Terre et l’Homme à développer le produit de sa nature consciente, la Culture.
D’abord discrète, un peu à l’ombre de l’évolution naturelle, cette évolution culturelle (intellectuelle, spirituelle, technologique, esthétique, éthique...) n’a en effet cessé de prendre de l’importance au point de rétroagir sur l’évolution biologique en se plaçant en écran entre le corps et le milieu. L’Homme s’est peu à peu libéré de sa soumission au climat. Il y a dix millénaires, par exemple, un nouveau changement climatique important survint : la dernière glaciation (avant la prochaine) s’acheva ; les glaces (inlandsis, banquises, glaciers) fondant, la mer monta et l’environnement naturellement s’en ressentit.
En bien des endroits de la planète, des graminées sauvages que cette douceur du climat enchantait, se développèrent avec générosité. Et c’est au Proche-Orient que l’Homme s’en aperçut pour la première fois et arrêta son nomadisme ancestral pour mieux les cueillir, inventant le développement durable. Il prendra alors vite conscience que pour mieux contrôler sa récolte, il lui sera avantageux de semer lui-même. Vont ainsi se succéder l’invention de l’agriculture et du stockage de végétaux, la naissance de l’élevage et du stockage de viande sur pied et le baby-boom qui accompagnera sédentarisation et alimentation garantie. Notre famille, on l’a bien compris, n’a plus eu cette fois à subir le changement climatique; elle l’a conquis.
Et tout a bien sûr continué à changer dans l’Univers comme sur la Terre et l’Homme à développer sa culture, sa société, ses communications, son économie, sa technologie. Quelques millénaires plus tard, au début de ce qu’on appelle le XIXe siècle dans le calendrier grégorien, les technologies progressèrent au moment d’un nouveau baby-boom qui fit atteindre à l’Humanité son premier milliard d’individus. Et nous sommes encore aujourd’hui, deux siècles plus tard, sur cette lancée technologique et démographique au point que, pour la première fois en ce début de 3e millénaire le genre Homo se demande si l’exploitation de son environnement n’est pas en train parfois de se faire à son détriment. Pour être honnête, il ne sait pas encore bien quelle est la part qui lui est due dans le changement climatique qui semble se dessiner, car l’Univers, comme la Terre, bien sûr, continuent de changer. Mais par précaution, il est certes bon qu’il s’en préoccupe.
C’est la raison pour laquelle j’ai accepté d’écrire en 2002 et 2003, à la demande du Président de la République française, la Charte de l’Environnement, entrée dans notre Constitution en
2005. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai accepté, avec enthousiasme, d’écrire cette préface et je l’ai fait parce que Tim Flannery, scientifique et, qui mieux est, naturaliste (zoologue), m’est apparu brillant, compétent, raisonnable, fiable ; il m’a paru mériter toute notre écoute attentive. Il n’est guère besoin en effet de pénétrer très loin dans son livre pour mesurer la densité de sa documentation et l’honnêteté de l’interprétation de cette information. Je n’en demeure pas moins sceptique devant celles de ses déclarations qui me semblent trop alarmistes et optimiste devant l’avenir de la planète convaincu de la sagesse à terme de l’Humanité.
Lisez donc comme moi avec le même plaisir ce passionnant et immense travail de Tim Flannery, au titre si joliment poétique, et tenez-en le meilleur compte ; si ce n’est pas par prévention, faites-le, au moins, comme je le fais moi-même, par précaution."
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