Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en arrivant à la maison d’édition. J’étais quand même curieux de découvrir enfin ces sept filles, les autres lauréates que je côtoyais depuis la découverte des résultats, quelques mois avant. Je n’avais vraiment pas idée de ce à quoi allait ressembler cette journée.
Je repense un instant à ma prédécesseure issue du même lycée que moi, qui avait pris un train l’année dernière dans le même but : se voir récompensé d’un prix, et pouvoir toucher pour la première fois le livre dans lequel on est publié. C’est quelque chose de vraiment spécial. À vrai dire, quand on m’a annoncé que j’étais lauréat cette année, j’ai eu une « non-réaction ». Au téléphone, j’ai dû émettre une réponse comme celle-ci : « OK, merci ». Je ne me suis pas vraiment rendu compte du fait d’avoir été nominé. Alors que je me trouve en possession du livre, j’ai toujours du mal à m’en rendre compte. Il n’y a qu’en me disant « Être publié dans un recueil par une maison d’édition à 16 ans, c’est quand même pas anodin Victor ! » : pensée que mes proches m’ont objectée avant tout. Ce n’était en aucun cas un sentiment d’insatisfaction, ni de la modestie. Parfois, on ne se rend pas compte de certaines choses. Quand une un rêve se réalise, on a du mal à croire qu’il est matérialisé entre nos mains. Quoi qu’il en soit, nous fûmes très bien accueillis par l’équipe de la maison d’édition.
Comme j’avais déjà été mis en contact avec mes camarades, il n’y eut même pas de gêne du premier regard. C’était comme si nous nous étions tous déjà vus. On nous demanda de faire des dédicaces. Alors qu’en partant de chez moi, j’avais réfléchi à ce que je pourrais dédicacer à chacun, je fus perdu en voyant les personnes à qui c’était destiné : Anne Hidalgo, Erik Orsenna, Bernard Lehut… Je fus surtout impressionné à la vue du reuceuil adressé à Emmanuel Macron. Il y a eu aussi la séance photo par un froid de Sibérie, ce qui nous a permis de discuter plus amplement entre lauréats (et non lauréates), suivie d’une interview pour RTL avec Maélis et Amélie. Ensuite, on a déjeuné dans la maison d’édition. On devait prendre des forces pour la fin de la journée. La librairie Gilbert Jeune nous attendait, mais on était déjà en retard, aïe. On a retrouvé des têtes familières, et entre deux membres de nos familles, des regards curieux.
Ma famille et moi nous souviendrons longtemps de cette soirée. Tant de gens étaient réunis dans les beaux salons de l’hôtel de ville de Paris. C’était splendide. On allait de droite à gauche, suivant les demandes « Les lauréats une photo », « Les lauréats encore une photo ! », « les lauréats une dédicace » … Il y a eu beaucoup de sourires ce soir-là, beaucoup de bienveillance. Nous avions rencontré tellement de gens venus d’horizons différents. Mon esprit exaltait réellement par le fait que cette réunion soit en l’unique honneur de l’écriture et de la littérature. C’est peut-être à ce moment-là que je me rendis compte de la chance que j’avais. Quant à « l’after », c’était un peu comme aller à une grande réunion d’une famille qu’on vient à peine de rejoindre. Maintenant, le recueil sommeille dans un coin de ma bibliothèque. Quand je me perds dans mes pensées, je me dis « Est-ce j’aurai pu anticiper cela il y a dix ans ? ». La réponse est définitivement « non ». Ce dont je suis sûr, c’est que dans dix ans, je m’en souviendrai encore. Cette journée fait partie des souvenirs qui accompagnent une vie, et dont on ne se sépare pas.
Quoi qu’il en soit, le réveil a été dur le lendemain. Arriver chez soi six heures avant de partir en cours, ça n’aide pas.
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