Ce n'est pas pour tenter de survivre à plusieurs heures de physique que je me suis levée ce matin-là, plus excitée encore qu'un enfant le jour de Noël ; après quatre mois d'attente, nous y étions, enfin !
À peine levée, je lus tous les messages de mes congénères qui, depuis la veille, avaient du mal à penser à autre chose qu'à la journée magique qui pointait doucement le bout de son nez. La plupart, en provenance de Suisse, de Bretagne ou encore de Bordeaux, étaient déjà dans un long train qui ne les emmènerait pas à Poudlard, certes, mais vers une journée extraordinaire.
Dans le train, près de ma mère, je commençai doucement à réaliser l'irréalisable : j'avais gagné le prix Clara !
Après être passée par plusieurs RER qui me firent penser à la nouvelle d'une des autres lauréates, nous arrivâmes rue Rollin, et commençâmes à chercher impatiemment cette boîte aux lettres sur laquelle on lirait “éditions Héloïse d’Ormesson”. La maison d'édition était cachée au fond d'une petite cour et après avoir respiré profondément, nous y sommes entrées. J'ai alors rencontré plusieurs personnes avec lesquelles j'avais à peine échangé quelques mails, quelques mots en attendant le train qui me ramenait le soir de l'université.
Mais je n'eus pas le temps de réaliser quoi que ce soit ; je me trouvais directement face à Maélis, une des autres lauréates avec qui j'avais tant parlé depuis juillet. Sans hésitation, nous nous sautâmes dans les bras, déclenchant les sourires des adultes présents.
Au sous-sol, je découvris alors mon petit sac contenant mes exemplaires du recueil de nouvelles et tandis que je décidais à qui les offrir, sont arrivés Victor, Claire et Corinne. Que ce fut étrange de mettre une voix, un visage sur des personnes dont on était devenus si proches au cours des derniers mois sans jamais les avoir vus !
Charlotte, qui nous avait annoncé quatre mois avant notre victoire par téléphone juste après les résultats du bac, est alors arrivée avec tous les autres lauréats, qui venaient de découvrir leurs chambres d'hôtel. Tous ? Enfin, presque !
Comme à son habitude, la Bretagne s'est encore distinguée du reste de la France, amenant Chloé à arriver avec trente minutes de retard… peu importe !
Après quelques présentations, devant notamment Héloïse d'Ormesson, nous avons commencé à dédicacer des ouvrages pour des personnalités : entre Anne Hidalgo, Emmanuel Macron ou encore Bernard Spitz, nous fûmes forcés de trouver rapidement les mots, la tournure de phrase avec laquelle nous allions dédicacer toute la journée, en changeant juste quelques mots à chaque ouvrage.
Sans avoir le temps de tout terminer, nous avons rencontré le photographe professionnel qui allait nous prendre sous notre meilleur jour pendant la moitié de la journée.
De petits rires gênés et de beaux selfies ont accompagné chacun d'entre nous devant l'appareil photo tandis que nous essayions de garder un sourire le plus naturel possible… une mission assez compliquée lorsqu'à la manière des Beatles, nous avons posé les uns derrière les autres au milieu de la route ou lorsqu'il fallut que nous sautâmes tous ensemble sans y perdre nos orteils !
Après un déjeuner au cours duquel nous fîmes la connaissance tant attendue d'Héloïse d’Ormesson, Maélis, Amélie et Victor sont partis, bienheureux, offrir une interview à RTL.
Dédicaces, éclats de rires, silences admiratifs, tout s'est bien trop rapidement enchaîné et sans même nous en apercevoir, nous étions déjà en train de dédicacer dans cette immense librairie qu’est Gibert Jeune. Avec des livres du sol au plafond comme avec la douce symphonie des pages tendrement froissées, ce lieu nous est apparu comme un véritable paradis. Mais trêve d'admiration, il était temps de partir vers la grande mairie de Paris.
Gelés mais enjoués, c'est en une vingtaine de minutes que nous y sommes arrivés ; comment décrire ce lieu extraordinaire ?
Le seul adjectif qui s'y prêterait à merveille serait : magique.
Nous avons vu nos visages pour la première fois dans l’Actu, Chloé et Victor ont eu droit à une interview par M6, nous avons salué Erik Orsenna, la mère de Clara et tant d'illustres personnes dont nous avions rêvé la rencontre sans jamais réellement y penser… et sans avoir le temps de souffler, il était déjà temps de monter sur la scène, sous les flashs crépitants et les applaudissements, afin de répondre à une question donnée par une ancienne lauréate pour ma part dans le but de présenter notre nouvelle.
La tension était à son paroxysme lorsque nous avons récupéré nos diplômes, décernés par Erik Orsenna, avant de prendre une ultime pose individuelle devant Gérard, le photographe professionnel.
Après la cérémonie, impossible d'accéder aux célèbres macarons et au buffet ! Sollicités de toute part, nous avons pris de nouveau un nombre impressionnant de photos de groupes avec les sponsors, les anciens lauréats, des lycéens venus avec leur enseignant et sans avoir le temps d'avaler plus d'un apéritif, nous étions déjà lancés dans une nouvelle séance de dédicaces, accroupis sur les marches de l'estrade de la mairie de Paris.
C'est en comité plus restreint que nous sommes ensuite partis vers l’after organisé dans une salle par les anciens lauréats ; une journée sans précédent, au cours de laquelle j'ai pu illustrer mon impressionnante capacité à me mettre dans des situations improbables en oubliant mon pantalon dans la chambre d'hôtel de Chloé, qui repartait le lendemain en Bretagne.
Un incident réglé quelques jours plus tard, mais qui jamais n’entachera le souvenir incroyable que je garderai de cette journée de remise du prix Clara 2017.
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