Mercredi 4 novembre, 6h. Hyperbole
La sonnerie stridente du réveil retentit, et je bondis de mon lit. Je m'empresse d'enfiler mes habits et j'engloutis mon petit déjeuner malgré l’appréhension mêlée d’impatience qui me noue l'estomac. Je traîne ma valise devant sûrement peser une tonne et descends les marches des escaliers quatre par quatre, trop angoissée à l'idée de rater mon train.
8h 15. Zeugme
J'ai rejoint ma mère à la gare. L'heure avance, et nous avançons au milieu de la foule. Enfin, le train s'arrête devant nous. Après une grande inspiration, je prends ma valise et mon courage à deux mains. Arborant un gilet noir et un large sourire, nous trouvons notre place sans encombre. Au dehors, le paysage et mes idées défilent, tandis que le train s'élance vers ce que je considère être le premier chapitre d'un très beau livre.
10h30. Périphrase
La chenille de fer se mouvant sur les rails s'arrête enfin, et nous descendons. Je pousse un soupir de soulagement : nous voilà dans la capitale des Lumières avec pour seul guide une carte qu’aucune de nous ne sait lire.
10h45. Anglicisme
Comme on est un peu just, on ne prend pas le temps de manger un sandwich et on speede jusqu'au parking des bus. Je trouve le début de cette journée plutôt cool et je sens que cette aventure ouvre le premier chapitre d'un best-seller.
11h00. Litote
On n’est pas vraiment en avance en arrivant aux Éditions Héloïse d’Ormesson. Valentine m'accueille avec une autre lauréate, Louise, dont j'ai fait connaissance. Comme on ne doit pas traîner, Valentine nous remet vite les dix exemplaires du Prix Clara et un exemplaire de L’Actu. Quoi, on est dans l'Actu ? Ce n’est pas pour me déplaire. L'ambiance de la maison d'édition et l'accueil d’Héloïse d’Ormesson ne me laissent pas indifférente et je me sens aussitôt chez moi, dans une deuxième famille.
Ensuite Valentine nous emmène, Louise et moi, aux Arènes de Lutèce pour prendre des photos avec les autres lauréates, Lucie, Anne-Lise, Elora, Marie et Chimène et Gérard, le photographe. Je ne suis pas mécontente de faire enfin leur connaissance et de pouvoir mettre un visage sur quelques nouvelles que j'avais lues pendant l'été.
11h10 Antiphrase.
Alors que l’on prend des photos dans la bonne humeur avec Gérard, une jeune dame souriante, sûrement la gardienne des Arènes, nous a chaleureusement invités à disposer des lieux. Quelle amabilité ! Quelle compréhension dans son regard ! Mais alors que l’on ne l’entend pas de cette oreille, elle redouble de gentillesse et nous chasse finalement des Arènes.
13h. Comparaison
Après plus d'une heure et demie de photos de groupe dans le Jardin des Plantes, de portraits assez intimidants, nous retournons à la maison d'édition pour le repas, comme de vielles connaissances invitées à se retrouver après un moment d'éloignement. Au menu : une salade de poulpe, du tarama, des brochettes de viande... un vrai festin aussi délicieux que celui d'un roi. Et tels des invités de marque, on reçoit deux ouvrages de la maison d'édition en présents. Héloïse et Gilles nous donnent des recommandations pour la soirée qui se profile afin d’assurer comme des pros sous le feu des projecteurs.
15h. Personnification.
Après nous être changées en robe de soirée pour la cérémonie, nous nous rendons toutes au BHV pour une séance de dédicaces, précédée d'un entretien de Marie et d’Elora pour WebTVCulture. Nous nous retrouvons ainsi, toutes les sept, dans cette librairie, à dédicacer des livres avec nos noms dessus, des livres qui prennent vie sous nos mains, fourmillant d'histoires que nous avons faites naître de notre plume. Et il me semble voir le livre rire au son du stylo qui gratte sur ses pages, entre son murmure dans un souffle en le feuilletant. Tout à coup, il a une âme, un cœur, un esprit, il s'émeut des histoires écrites en son sein, il se meut sous les dédicaces, comme si la pointe de notre stylo le chatouillait à chaque nouvelle signature.
18h. Accumulation
Nous nous rendons à l'Hôtel de Ville tout illuminé. Après avoir passé le portique de sécurité, le vestiaire, plusieurs portes et des couloirs, nous montons un escalier décoré d'un tapis rouge. La salle dans laquelle nous rentrons est prestigieuse : des lustres pendent du plafond, des fresques le décorent, un micro trône au milieu de la scène. Lauréats, journalistes, écrivains, parents, anciens lauréats remplissent la salle d'un brouhaha joyeux. Avec Louise, nous sommes interviewées par M6. Du stress, de l'adrénaline et de la fierté se mêlent en moi. Puis tout s’enchaîne très rapidement: Erik Orsenna arrive, nous salue et on s'échange quelques mots (!), Anne Hidalgo arrive également, et nous posons tous pour une photo. Madame la Maire fait un très beau discours sur l’écriture et la lecture. Ensuite, chacune d’entre nous est appelée à monter sur scène par un ancien lauréat qui lui pose une question sur sa nouvelle et ensuite lui remet son prix.
18h30. Allitération
Le moment merveilleux arrive. On me nomme au micro, et dans un mouvement d’empressement et d’enthousiasme, je monte sur le podium. A l’intérieur de moi, c’est un maelström. Malgré mon émoi et mon ravissement, je réponds même à la question avec calme et sans trop de maladresse. On me met ma « médaille » en main. En somme, ce mercredi, c’était magique.
19h30. Ellipse.
21h00. Alexandrins.
La soirée se termine entre allégresse et rires
Merci à ceux du Prix Clara du fond du cœur
D’avoir esquissé un immuable sourire
Sur nos visag’ de jeunes écrivains avant l’heure.
Cette aventure je m’en souviendrai toujours
Et le rideau s’abat sur cett’ journée de liesse
Comme la nuit sur Paris, puis donnant place au jour
Ouvrant le premier acte d’une belle pièce.
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