« Ses multiples allées et venues dans les ateliers l’avaient rendu plus que populaire auprès des ouvrières. Pilotes expérimentées des machines à coudre, elles se prétendaient plus qualifiées encore pour culbuter les jolis garçons, et usaient d’un langage polisson que Loup n’avait jamais entendu avant. Érotisée en permanence par la lingerie affriolante qui y voyait le jour, l’atmosphère des travées devenait électrique à chacune des apparitions du nouveau stagiaire. »
« Il voulait rentrer vite pour se faire beau. Poncer sa peau, s’épiler joliment, se faire un brushing et un masque hydratant, polir ses ongles. Ainsi, il n’aurait plus, le lendemain, qu’à se doucher, s’habiller et se maquiller. »
Entre les mains expertes d’Isabelle Alonso, le monde change de sexe et se couvre de femmes fortes, déesses de la maternité, maîtresses des institutions, de leur maison, et sûres de leur pouvoir sur les hommes, maquillés, sensibles et créateurs de jardins magnifiques.
Sous la plume cocasse de l’auteure, se tisse une planète imaginaire et fantastique aux antipodes de la nôtre. C’est ici qu’évoluent Kim et Loup. Deux jeunes hommes tout juste diplômés et rapidement confrontés à la domination féminine qui fait rage à leur époque. Entrer dans la vie active, chercher le bonheur et vivre une vie d’adulte, rien n’est moins simple pour Kim et Loup qui devront faire leurs preuves au quotidien face au sexe fort.
À la fois objets de fantasmes sexuels et des désirs les plus libidineux, hommes-objets dans des publicités pour « Oh Bad ! », hoministes et jardiniers hors pair. Les désillusions, cœurs brisés et autres tragédies cadencent l’entrée dans l’âge adulte et dans le monde au féminin de ces jeunes hommes.
Entre humour, absurdité et drames, Isabelle Alonso met le doigt là où ça fait mal (mâle ?), elle décortique les habitudes, différences et dominations des deux sexes.
Pour dénoncer un monde assez inégal, Isabelle Alonso invente le sien ; le féminin prend le pas sur tout, le lecteur est chamboulé, le langage aussi. La peinture d’un monde contrôlé par les femmes? En tout cas, "elle" y a de quoi réfléchir !
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