Il y a soixante-cinq ans, jour pour jour, les soldats russes du maréchal Joukov libéraient Auschwitz, pendant que les armées alliées, sous le commandement du général Eisenhower, s'approchaient de Dachau. Pour un rescapé de ces deux enfers, d'être encore vivant et bien portant, avec une nouvelle et heureuse famille qui ressuscite pour moi celle que j'ai perdue, est franchement un peu surréaliste. Quand je suis entré, en 1943, à 13 ans, dans le sinistre abattoir d'Eichmann et de Mengele, je mesurais mon espérance de vie en termes de jours, de semaines tout au plus.
En plein hiver 1944, la tuerie à Auschwitz atteignait son paroxysme, engouffrant Juifs, bien sûr, mais aussi Tziganes, dissidents politiques, prisonniers de guerre, résistants ou homosexuels. Ailleurs, tout le monde sentait déjà que la seconde guerre mondiale touchait à sa fin. Mais nous, dans les camps, nous ne savions rien.
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